Pierre Aly SOUMAREY

Senghor en partant du pouvoir avait prévenu les Sénégalais qui ne connaissaient pas bien encore d’Abdou Diouf, ou qui le jugeaient déjà et à tort, comme étant une marionnette à cause de son effacement très courtois. Qu’ils ne tarderaient pas à découvrir en lui “une main de fer dans un gant de velours”.

L’analogie peut être tentée, ici, dans cet avertissement en ce qui concerne notre WARABA National, à part, qu’il n’est ni encore élu (primaires et suffrage universel), ni désigné comme successeur à la tête de l’Etat par un mécanisme constitutionnel. Il est simplement le candidat du RHDP, mais un candidat soigneusement préparé à l’avance et pressenti de longue date dans les couloirs du pouvoir. Ce choix suscite perplexité et doute. On nous explique qu’il s’agit de la cohésion d’une équipe et de la force d’une machine électorale, alliées à des atouts personnels.

Un lion reste un lion, même après une période “d’hibernation politique” dans l’ombre du pouvoir, du à sa discrétion et son humilité. Amadou Gon Coulibaly n’est pas Alassane Ouattara, même si certains le perçoivent comme un “clone” de ce dernier. L’opposition surprise par la brusque accélération du Président Alassane Ouattara (initiatives, anticipations et manœuvres) ne tardera pas à le découvrir à ses dépens. Sur cet aspect des choses, nous n’avons pas besoin d’explications

Non seulement cette opposition n’offre aucune alternative sérieuse à la Nation ivoirienne (projet et programme réels et crédibles) qui puisse lui assurer le vote de celle-ci, mais se consacre uniquement à des questions ponctuelles que l’actualité et le calendrier politique relèguent très vite au passé. La contestation systématique est improductive et suicidaire. Le Président Félix Houphouët-Boigny disait “on ne compte qu’avec ce qui existe”. Le RHDP a un bilan élogieux et a pour lui, la volonté légitime d’une continuité programmatique qui convainc désormais l’immense majorité des Ivoiriens.

Les conditions de la future élection sont déjà validées, et à elles seules, elles constituent un filtre (Caution de 50 millions et un parrainage populaire sur toute l’étendue du territoire), que seuls les grands partis pourront franchir sans s’épuiser financièrement avant la campagne. Ces grands partis eux-mêmes dans le doute, l’incertitude et la confusion, manquent cruellement de visibilité sur le futur immédiat et vivent constamment sur la défensive, plutôt que de construire un projet alternatif démocratique viable. Dès lors, ils manquent de fait de stratégie. Le Président Alassane Ouattara est le maître de l’horloge et celui qui imprime aux choses leur direction. Continuellement, à la remorque de ses initiatives, ils accusent un retard considérable pour la compétition à venir, car il s’agit d’une course de résistance. Pour la remporter, la préparation compte énormément. Or, le moins qu’on puisse dire est que l’opposition est dans une totale impréparation et n’est pas en rang de bataille.

Le Président Lanzeni COULIBALY m’a appris que chaque étape doit préparer la suivante, dans la perspective de l’objectif final à atteindre. C’est une question de méthode et d’organisation de l’esprit. Force est de constater, qu’à chacune de ces étapes, l’on peut observer la surprise, la confusion et le retard de l’opposition. Elle est désormais condamnée à courir après le temps et les initiatives du RHDP, qui avance avec méthode vers ses objectifs, qui avance en balisant le chemin à parcourir et en se donnant les moyens de l’emporter dès le premier tour ( renforcement de sa capacité de mobilisation, unité, solidarité, leadership, programme, architecture et stratégie). Exemple, aujourd’hui le problème de la CNI est déjà derrière nous, tout comme la réconciliation et bien d’autres sujets présentés comme capitaux, il n’y a pas si longtemps. C’est dire leur caractère éphémère et ponctuel. Alors qu’en face se déroule une vision stratégique et structurelle.

Consciente de son impréparation, de ses faiblesses (coalitions éphémères, fragiles, opportunistes et idéologiquement incompatibles, rivalités internes, absence de programme) et de la très haute probabilité de sa prochaine défaite, il ne lui reste que le blocage institutionnel comme dernier recours, à défaut de parvenir à la déstabilisation du pouvoir, et par ricochet du pays qu’il incarne (souhait d’une rébellion et action en vue d’une nouvelle crise), par un mouvement populaire, qui serait immanquablement infiltré par des organisations politiques opportunistes en embuscade, qui n’ont pas réellement renoncé au recours à la violence armée pour conquérir le pouvoir. Ces dernières tenteront d’exploiter cette circonstance de désordre avec des forces étrangères, avant d’être rejetées par les partis conventionnels qui ont besoin d’honorabilité pour être fréquentables. Ainsi, le report du calendrier électoral pour lui permettre de reprendre un second souffle devient son objectif secondaire, le premier ne pouvant pas prospérer comme envisagé initialement. Ce n’est pas le moindre mérite de ce pouvoir d’avoir réussi à instaurer l’ordre public, la paix et la sécurité de l’Etat, malgré toutes les tentatives de déstabilisation entreprises contre son régime.

L’opposition est dans un piteux état, une situation lamentable, avec une conception de l’intérêt général déplorable. Dès lors, elle n’inspire aucune confiance aux citoyens, un tant soit peu, conscients, éclairés, responsables et objectifs, mais surtout aspirant à la paix et au progrès. Point n’est donc besoin de tricher pour battre une telle opposition déjà en lambeaux, dont le catéchisme est l’idolâtrie de certaines personnalités et le passéisme. Elle s’apparente, au regard de ses actions et de sa philosophie, à du syndicalisme (protéger et revendiquer des intérêts particuliers et catégoriels, contester les actions du Gouvernement pour obtenir toujours plus pour soi-même, sans aucun profit, aucune vision structurée pour la Nation). Elle est même devenue superficielle avec son association à des groupes parlementaires minoritaires, voire insignifiants, qui ne font que de la politique spectacle pour épater l’opinion, amuser la galerie des fanatiques et donner l’impression d’agir. Alors, qu’en réalité il n’y a aucune efficacité derrière ces gesticulations et cette rhétorique victimaire, aucune méthode, aucune stratégie. Pire, parfois aucune constance et aucune cohérence dans les positions.

Force est de reconnaître que jusqu’au bout, le Président Alassane Ouattara reste le maître du jeu politique en Côte d’Ivoire, il a su brouiller habilement les cartes en entretenant le doute, pour les abattre au moment où personne ne s’y attendait, de manière à préserver la cohésion de son parti et à désorienter son opposition, même si nous devons y voir également l’influence de facteurs et de circonstances disjoints de sa volonté. Mais il a toujours dit qu’il prendrait sa décision en fonction de ceux-ci. La politique n’est-elle pas la saine appréciation de la réalité des choses en temps opportun ? C’est cela aussi l’école de Félix Houphouët-Boigny.