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Depuis la rentrée universitaire 2012-2013 les chaînes de télévision ivoirienne ne cessent de faire la propagande de la réhabilitation des universités ivoiriennes, ce qui donne l’impression que tout est merveilleux et paradisiaque. Mais la réalité diffère de ce qui s’annonce à longueur de journée et la nuit sur ces chaînes de télévision ivoirienne. L’innovation des locaux, la peinture de bâtiments sont certes une réalité indubitable mais des efforts restent à fournir : il y a peu d’amphithéâtres pour le nombre d’étudiants inscrits, dans les quelques uns qui existent, il y a un nombre insuffisant de tables-bancs et surtout il n’y a pas d’équipements de système audio. Le déficit d’amphis et le manque d’équipements de ceux-ci causent d’énormes problèmes aux étudiants. Evidemment, cela ne les met pas dans de bonnes conditions d’études. Aussi, l’une des priorités majeures des étudiants est l’ouverture des cités universitaires. Mais là encore, les autorités ne cessent de leur formuler des promesses dont ils sont loin d’honorer ; et les revendications des étudiants pour l’amélioration de leurs conditions de vie au sein de l’université restent, hélas, sans gain de cause.

C’est dans cette atmosphère que le lundi 13 mai dernier, les étudiants de l’ex-université de Cocody ont perdus patience lorsque leur ministre de tutelle, monsieur CISSE BACONGO accompagné de madame HENRIETTE DAGRI-DIABATE et d’une forte délégation ont fait leur entrée dans un amphithéâtre de la dite université pour des communications à l’endroit des étudiants. C’était à l’occasion du Colloque international en hommage à la première femme ivoirienne responsable d’un grand parti politique, la première femme ivoirienne ministre d’État, la première femme ivoirienne Grande Chancelière de l’Ordre National de Côte d’Ivoire. Mais la triste réalité est que les étudiants refusaient d’écouter ces autorités et les empêchaient de parler. Les étudiants présents sur le campus ont tous été ameutés et ont pris d’assaut le ministre et sa délégation sans épargner leurs professeurs. La Police est intervenue à travers les gaz lacrymogènes pour les disperser mais en vain ; car les étudiants mécontents de leur ministre de tutelle et plus que déterminés à arriver à leur fin surmontaient le gaz lacrymogène et persistaient. Des professeurs ont dû fuir de l’université sans leur véhicule, certains furent défenestrés par leurs étudiants et d’autres se cachaient sous leur bureau pour se prémunir des jets de pierre des étudiants et de peur d’être bastonné, jusqu’au retour du calme des heures après. Comme le disait un des professeurs dont je me garde de taire le nom de la dite université « je n’ai jamais assisté à une scène de ce genre depuis que j’ai commencé à enseigner ici en 1995. Mais ces étudiants ne me verront pas dans leur université avant longtemps car la peur qui m’a animée aujourd’hui était indescriptible ». Au regard de cette déclaration, la reprise effective des cours reste incertaine.

La violence prend de jour en jour de l’ampleur dans nos universités, grandes écoles, lycées et collèges car la jeunesse d’aujourd’hui pense que le moyen par excellence de l’expression des besoins est la violence. Hélas, les autorités n’interviennent favorablement que lorsqu’ils ont été menacés. C’est la triste réalité d’Afrique.

Franck GBEGBE