Francis Wodie

Pr. Francis Wodié

(Le Nouveau Réveil, 30 mai 2013) – Le 3ème forum du leadership féminin des femmes leaders dénommé leader’s 2013 a ouvert ses portes hier à la salle de conférence de la Crrae-Umoa. Pour la première journée de ce forum, un panel de haut niveau a été animé par le président du Conseil constitutionnel, Pr. Wodié, le président de la Cdvr, le premier ministre Charles Konan Banny, les ministres de la Santé et de la lutte contre le Sida, Raymonde Goudou-Coffie et de la Communication, Affoussiata Bamba. Le premier à prendre la parole pour donner sa vision sur une sortie de crise apaisée a été le Pr. Francis Wodié qui a exposé sur le thème : «Justice et réconciliation : quelle synergie pour une paix, un développement durable». Dans son questionnement, il s’est demandé de savoir comment sortir de la crise par la réconciliation : «Oublier et prendre un nouveau départ ? Faut-il punir ? Comment concilier la justice qui contient des sanctions et la réconciliation ?». Pour

Francis Wodié, la crise profonde qui a endeuillé la Côte d’Ivoire est trempée d’une responsabilité collective : «Tout le monde est fautif. Tout le monde a commis des torts». Il propose donc, pour concilier justice et réconciliation après la crise postélectorale, un autre type de justice en Côte d’Ivoire : «Au lieu d’une justice classique, il faut une nouvelle forme de justice où les populations vont se parler entre elles. Dans une situation où tout le monde est fautif, où la responsabilité est collective, c’est une responsabilité collective des gouvernants et des gouvernés, il faut renvoyer la parole au peuple pour que nous redéfinissions les règles. Je préfère au glaive comme symbole de la justice, l’aiguille. L’aiguille sert à raccommoder le tissu social déchiré. C’est un symbole de volonté et de concorde» a-t-il recommandé. Pour lui, «la vérité doit être par et pour tous». Il a même ajouté qu’on peut «demander de par donner, non d’oublier». A la proposition du Pr. Wodié de recourir à une justice populaire qui privilégie le dialogue, le président de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr), donnant sa vision, oppose une justice qu’il a appelée «transitionnelle» avec deux principes : «Ni impunité ni vengeance». Pour lui, ce sont «deux bornes du milieu» qui font que «ceux qui ont commis des actes répréhensibles en arrivent à la repentance» et «ceux qui ont été victimes de ces actes répréhensibles obtiennent réparation». Toutefois, il a suggéré à la fin que «La justice soit inclusive et consultative». La ministre de la Communication, Affousiata Bamba intervenant sur «Quelle contribution novatrice de la presse à la paix et à la réconciliation ?» est largement revenue sur les dérives de la presse qui a fortement exacerbé les tensions avant de proposer «Le renforcement des capacités des journalistes, l’amélioration de leurs conditions de vie et le changement de leur statut.» La ministre Raymonde Goudou-Coffie a, elle, analysé la situation sanitaire du pays dont l’évolution vers une amélioration a contribué à instaurer un climat apaisé : «Une population ne peut être sereine que si sa santé est prise en charge par les dirigeants». C’est pourquoi, elle a insisté sur l’impact positif de la politique du chef de l’Etat en matière de santé des populations en instituant «La gratuité totale au lendemain de la crise avant la gratuité ciblée».

FRANÇOIS KONAN