Le mariage civil

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Dr. Aïcha Yatabary
Médecin et Écrivain
Présidente du mouvement Femmes Santé Solidarité Internationale

Un jour, Mawa proposa à Jean-Jacques le mariage civil, mais celui-ci lui rappela une promesse qu’elle avait faite quelques années auparavant, selon lui, conditionnant son accord ou non pour ce mariage civil par la réalisation de cette promesse. Jean-Jacques fut clair : pas de mariage civil sans concrétisation de la promesse faite par Mawa. Mawa usa de toutes ses astuces de femme pour convaincre son partenaire de l’emmener à la mairie afin de sceller leur union devant un officier d’état civil, sans céder à la pression de Jean-Jacques à propos de la promesse qu’elle lui aurait faite, mais il ne voulut rien entendre. Le fait qu’elle lui refuse ses faveurs n’y fit rien ; ses menaces à peine voilées n’y firent rien. Pas de mariage civil tant que Mawa ne tenait pas sa promesse.

Jean-Jacques était un homme rompu à l’art de la diplomatie. Mawa aussi. Tous deux s’observaient donc en chiens de faïence. Cette situation de tension dura une année.

L’ambiance était électrique à la maison.

De plus, Mawa se rendit compte que d’autres femmes convoitaient son conjoint. Il était devenu au fil des années ce qu’on appelait « un bon parti ». Elle voulut accélérer les choses en vue du mariage civil mais Jean-Jacques se braqua.

Que pouvait donc faire Mawa ? Tenir la promesse qu’elle avait faite à Jean-Jacques ? Nul ne connaissait la nature de cette promesse, mais elle devait être bien difficile à tenir par celle qui l’avait faite. Mawa, malgré toute sa volonté de se voir unir pour le meilleur et pour le pire avec son compagnon, ne parvenait à accéder à la demande de celui-ci.

Nul ne savait comment les relations entre Mawa et son conjoint allaient évoluer. La femme conditionnait la survie de leur couple par la tenue du mariage civil et l’homme par le respect de la promesse que la femme aurait faite. Qu’elle était donc cette promesse que ni l’un, ni l’autre, ne voulait dévoiler, encore moins en présence d’une personne étrangère, mais qui était source d’autant de division?

Toujours est-il qu’ils firent appel à moi, Lohourognon. Moi qui arbitrais déjà le conflit entre un couple dont je vous avais parlé précédemment. Ils souhaitaient que je sois le médiateur qui permettrait la résolution de leur conflit à eux aussi. Ils estimaient que j’étais un médiateur équitable et impartial. Alors, je recommandai à Mawa beaucoup de patience et à Jean-Jacques beaucoup de tolérance. Je recommandai aux deux le dialogue. Un mariage civil requiert parfois beaucoup « d‘amendements » et de négociations pour garantir les intérêts de chacun. Car ceux de tous devaient être préservés dans un souci d’équité et de solidité de l’union. Je tentai de faire comprendre à Jean-Jacques qu’il fallait qu’il use de douceur plutôt que de force avec sa femme pour la convaincre, car les femmes possèdent mille manières de faire plier. Il pouvait la chasser et prendre une autre femme mais était-il sûr de trouver une autre avec qui il ait la même vision du couple ? Une divergence de vision sur les fondamentaux du couple pouvait entrainer un trouble au sein de la cellule familiale. Jean-Jacques et Mawa étaient tous les deux pour une gestion du foyer axée sur la liberté de chacun de participer aux charges du ménage en fonction de ses revenus ainsi que sur celle d’investir séparément ou en commun et ils accordaient bien leurs violons à ce sujet. De plus, ils vivaient selon le modèle de la séparation de biens. Par ailleurs, Jean-Jacques et Mawa avaient contracté un mariage Atovlè (mariage entre nobles), avec trop d’intérêts en jeu pour le laisser péricliter ainsi. Jean-Jacques et Mawa accepteront-ils ma proposition de dialogue et de prise en compte des intérêts de tous et de chacun? Mawa obtiendra t-elle son mariage civil, celui qui lui permettra d’écarter définitivement ses rivales et de « sécuriser » ses acquis avec Jean-Jacques ?

Prions pour que l’entente règne au sein de cette famille. En attendant, c’est plutôt le suspens qui y règne.