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Cela fait un bon moment que le débat autour des salaires des enseignants, bloqués depuis 1988, fait grand bruit en Côte d’Ivoire. Car , si la convention professionnelle prévoit une augmentation de salaire tous les 2 ans dans la fonction publique, en Côte d’Ivoire, en dehors des indemnités de logement qui sont passées de 35.000 Fcfa sous le régime du Fpi à 40.000 Fcfa actuellement, les enseignants en général n’ont toujours pas connu de changement notable dans le traitement de leurs salaires. Aussi, si le gouvernement ivoirien avait à nouveau promis de régler le problème en début de cette année (toute chose qui avait provoqué le débrayage des syndicats des enseignants fin janvier dernier), depuis, rien n’est clarifié. C’est ce que les enseignants du Rdr regroupés au sein du mouvement Rer (Rassemblement des Enseignants du Rdr) du département de Divo ont rappelé à la ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique, Kandia Kamissoko Camara, lors de son passage dans la localité le vendredi 20 février dernier. Profitant de la présence de la première responsable du système éducatif dans leur zone, les membres du Rer ont aussi exposé plusieurs autres préoccupations dont la question des concours professionnels, les nominations, le recrutement et le syndicalisme en milieu scolaire. A question directe, réponse concrète. Devrait-on dire. La ministre de l’Education nationale et de l’Enseignement technique a donné un certain nombre d’informations. Sur la question des concours professionnels, Kandia Camara a déclaré : «Vous savez, le président de la République a placé l’école au coeur des préoccupations parce qu’il a une ambition. C’est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent. Et il a donné la priorité à notre secteur. Malheureusement, depuis, les concours professionnels n’ont pu être organisés jusqu’à une date récente…»

Sur les indemnités, elle affirmera : «Les indemnités des directeurs d’école, des maîtres d’application et d’études surveillées de 2009 à 2012 qui n’avaient pas été payées, ont été totalement soldées. Les indemnités de logement, pour les instituteurs, c’était 35.000 Fcfa, aujourd’hui chaque instituteur perçoit 40 000 Fcfa. C’est pour cela que je dis qu’on pense à vous…»

Sur le recrutement, Kandia Camara a rassuré que depuis 2014, les concours sont ouverts à l’Ens. Donc dorénavant, il n’y aura plus de recrutement exceptionnel.

Quant à la question du syndicalisme en milieu scolaire, elle a révélé qu’il existe, aujourd’hui, plus de 80 syndicats. Il n’y a plus de place pour de nouveaux mouvements syndicaux. Et à la ministre de prévenir : «On dit bien votre liberté s’arrête où commence celle des autres. Je ne tolérerai pas que les réunions syndicales se déroulent pendant les heures de cours. C’est vrai, il y a la liberté des syndicats. Ils peuvent se créer et se réunir quand ils le souhaitent mais cela ne doit pas empiéter sur les heures de cours. Je ne tolérerai pas qu’on arrête les cours pour faire des réunions.»

Sur la question du déblocage des salaires, la ministre de d’Education nationale s’est voulu rassurante : «Les salaires sont bloqués depuis 88 et le président Alassane Ouattara est au pouvoir depuis 2011. C’est en 2013 qu’il a annoncé le déblocage des salaires. Et je vois qu’on s’impatiente. On a même vu certains faire grève parce que ce n’est pas débloqué fin janvier dernier. Tu fais grève, ton salaire sera suspendu. Est-ce que le président Ouattara a-t-il déjà pris un engagement qu’il n’a pas respecté ? Soyons patient. Il l’a dit, il va le faire. Je connais la date mais je ne vais pas l’annoncer parce que ce n’est pas mon rôle. Si on a inauguré le pont HKB le 16 décembre 2014 comme l’a annoncé le chef de l’Etat, deux ans avant, c’est qu’il va débloquer vos salaires. Pour dire qu’il faut faire confiance au président. Soyez donc patient. Ça se fera».

Après avoir écouté la base Rdr de Divo regroupée au sein du Rassemblement des enseignants républicains (RER) mais aussi après avoir dit sa part de vérité, Kandia Camara qui a désormais une oreille attentive à Divo peut vendre un autre projet qui lui tient à coeur : celui de la Mutuelle du personnel du ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement technique. «Nous représentons les 2/3 de la Fonction publique. Au niveau du personnel public-privé, nous sommes plus de 120 000 agents. On connaît les problèmes des enseignants. Pas de logement à leur nom, problème de santé etc.», a-t-elle révélé. Et d’inviter tous les enseignants de Côte d’Ivoire à adhérer à la nouvelle mutuelle. «Je voudrais vous demander en tant que militants du Rer d’aller expliquer aux autres que cette mutuelle c’est pour nous tous. La mutuelle peut racheter vos dettes et vous garantir des lendemains meilleurs. Enfin, plus on est nombreux moins sera le coût», a conclu la ministre.

Ouattara Safiatou (envoyé spécial à Divo)

Source : Le Sursaut, lundi 23 février 2015