FPI-immolation

Nous nous rapprochons à pas de géant de 2020, l’année des prochaines échéances électorales ivoiriennes. Après les évènements tragiques de 2010-2011 et surtout après la débâcle électorale de 2015, les élections présidentielles de 2020 devraient se configurer au FPI comme celles d’une nouvelle opportunité démocratique pour reprendre le pouvoir au RDR et refermer la parenthèse de sang, de pillage et de destruction ouverte par Alassane Ouattara. Chaque jour, ils sont très nombreux nos compatriotes qui spéculent sur 2020 mais beaucoup ignorent l’ampleur des menaces potentielles et ce qui arrivera à notre pays si le RDR remportait une nouvelle victoire. Celle-ci sonnerait en effet le glas de tous nos acquis, de tous nos rêves et de tous nos espoirs.

Sur tous les plans et à tous les niveaux, cette Côte D’Ivoire continuerait d’être spoliée, dépouillée, déchirée, abîmée. Notre beau pays continuerait de tomber en lambeaux et Dieu seul sait combien d’années de dur labeur il faudra aux générations futures pour le remettre sur pied. Le RDR ose parler d’émergence alors que le pays sombre et continuera de s’enfoncer dans l’océan du surendettement, de la gabegie, la corruption, le chômage des jeunes, la misère et l’insécurité. Ce parti se plait même à parler de l’ivoirien nouveau mais n’a jamais dit ce qu’il fera de l’ivoirien ancien, celui de toujours, celui qui vit encore et veut continuer de vivre heureux sur la terre de ses ancêtres. Dans tout pays qui se veut civilisé, démocratique et harmonieux, le vieux et le jeune comme l’ancien et le nouveau, cohabitent dans une cohésion sociale parfaite.

Face donc à cette Côte D’Ivoire pacifique, prospère et hospitalière que certains veulent tuer et remplacer par un état chaotique, le FPI, seule force politique capable de remobiliser les énergies et de faire renaître l’espérance, devrait prendre conscience de ses lourdes responsabilités. Or depuis 2014, ce parti reste fracturé par une crise absurde qui désarme, exaspère et désespère les militants ainsi que tous les démocrates ivoiriens. Pire, il rechigne toujours à se mettre en ordre de bataille pour aller au combat en rangs serrés, dans l’unité et la solidarité. Tout le monde devrait pourtant comprendre la transcendance des présidentielles de 2020 et chercher à s’unir avant la fin de ce premier semestre de 2018 qui apparaît comme la ligne rouge à ne pas franchir. En appelant à la réconciliation et à l’unité au FPI, Laurent Gbagbo qui a bien perçu les enjeux de ces élections, veut déjà tirer la sonnette d’alarme. Aller au scrutin de 2020 dans la division et les querelles serait tout simplement allé s’immoler sur l’autel du RHDP.

Souhaitons alors qu’avec le temps et les impératifs politiques qui deviennent de plus en plus palpables, chacun des protagonistes ait pris un peu de recul pour essayer de mettre un peu d’eau dans son vin. Mais si la situation interne au FPI restait toujours bloquée, si les relations interpersonnelles continuaient de se dégrader, d’empirer, si les entraves à l’union continuaient de se multiplier au lieu de disparaître l’une après l’autre, si toute possibilité de s’entendre sur l’essentiel restait toujours impossible, il faudra bien, pour affronter 2020 dans une réelle perspective de victoire, que le président Affi se résolve à tracer sa propre voie et que le FPI officiel, légal et légitime s’organise avec les hommes, les femmes et les moyens qu’il faut pour relever le défi de l’alternance. En Afrique, en Europe et en Amérique, divers cas ont déjà largement démontré qu’à cœur vaillant, rien d’impossible.

Très bonne et heureuse année nouvelle 2018 à tous et à chacun.

Océane Yacé, politologue, Monte-Carlo, Monaco