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Un fait insolite et cocasse retient en ce moment même, l’attention de certains habitants de la commune de Yopougon. Et les personnes impliquées dans ce « film » sont peu ordinaires. Il s’agit notamment d’un féticheur-guérisseur et d’un pasteur. Des acteurs qui ne jouent pas du tout dans le même registre. De quoi s’agit-il ? Selon nos sources, le destin des deux hommes, aujourd’hui opposés, se croise en début de cette année 2015. A cette époque, le pasteur répondant aux initiales G.A, qui est également géomètre, est écroué à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Son jeune frère, O.J, n’entend pas le voir ainsi moisir en taule. Alors, il sollicite les services de G.D.G, présenté comme un féticheur-guérisseur, dont il a déjà testé lui-même, les compétences. Ce, pour aider son frère à recouvrer rapidement la liberté. Plus tard, par le téléphone-portable introduit discrètement à la prison, O.J permet à son frère d’entrer en contact avec le féticheur. Le guide religieux, faisant fi de sa foi, explique tout du délit qui l’a conduit au mitard. A savoir, qu’il a extorqué la somme de 500 000 F Cfa à quelqu’un qui voulait acquérir un terrain immobilier. Après son récit, il confie son destin à son alter-ego du monde obscur. Ne diton pas que la fin justifie les moyens ? Et comme pour prouver que sa science occulte est puissante, à en croire nos sources, il a suffi deux semaines au féticheur, pour régler le problème. Voilà le pasteur libre sans avoir même eu besoin de désintéresser la personne qu’il a grugée. Plus tard, G.A, l’homme de Dieu et son cadet O.J, se rendent au domicile de G.D.G, au quartier Maroc-Kimi, pour le remercier et le féliciter pour son efficacité. Et là, séance tenante, après avoir donné 20 000 F Cfa, en guise de cadeau, le pasteur soumet une autre préoccupation au guérisseur. Cette fois, un problème de santé. Notamment, son « troisième pied » qui ne banderait plus et un fourmillement dans tout le corps. Et de mettre à la disposition de G.D.G, la somme de 25 000 F Cfa pour le prix d’un mouton et 30 000 F Cfa, pour « rentrer en brousse », à la recherche de la potion magique. Là aussi, au bout d’une semaine seulement, le féticheur-guérisseur rend le pasteur puissant comme un étalon. Et un mois après, les soucis de fourmillement dans le corps, s’estompent. Totalement satisfait de sa science infaillible, note-t-on, G.A qui n’en finit plus de solliciter le « djudjuman », au détriment de Dieu, confie à ce dernier, une autre mission. Celle de boucler la bouche à plusieurs autres personnes auxquelles, toujours dans la vente de terrain, il a soutiré plus d’un milliard de F Cfa, certains menaçant de le faire retourner à la Maca. Une liste d’une dizaine de victimes est donc remise au féticheur avec la somme de 100 000 F Cfa. Cet autre travail est « propre » comme on le dit dans les milieux populaires. Heureux, le pasteur, pour cette fois, demande la protection pour toute sa famille et lui, contre toutes attaques et malédictions. Et d’ajouter que le féticheur fasse que son église soit bondée de fidèles, de sorte à ce qu’il se fasse beaucoup de fric dans les quêtes. C’est de là que tout se gatte entre l’homme de Dieu et le guérisseur.

L’argent, le nerf de la guerre

En effet, pour cet autre travail, toujours selon nos sources, le pasteur promet monts et merveilles au féticheur. A savoir, deux terrains dont un devrait être construit par le pasteur dans un bref délai, une voiture et la somme de six millions de F Cfa. Mais pour ce faire, G.A sollicite et obtient que son interlocuteur fasse d’abord le job à ses propres frais. Qu’à cela ne tienne, sur la base de la confiance, G.D.G, rien qu’à penser qu’il va changer de train de vie, se donne corps et âme. Désormais, toute son attention est focalisée sur le travail de celui qui est devenu, depuis quelque temps, son client attitré. Mais voilà que, selon toujours nos sources, deux mois passent et le pasteur ne fait plus signe de vie. Il ne répond même plus aux appels téléphoniques de G.D.G. Le féticheur qui perd patience, menace à partir d’une cabine téléphonique, de faire une descente sur le temple de G.A, situé au quartier Maroc, à Yopougon. Dès cet instant, le pasteur saisit la police qui interpelle le féticheur. Mais l’officier en charge du dossier, recommande aux antagonistes d’aller régler l’affaire à l’amiable. Et ce jour-là, le pasteur demande au féticheur de déterminer le montant de sa main d’œuvre, pour qu’il en finisse avec lui une bonne fois pour toute. 1 800 000 F Cfa, c’est la somme que G.D.G réclame pour son dédommagement. Séance tenante, indique nos sources, le pasteur avance 130 000 F Cfa avec promesse de régler le reste très rapidement. Mais, plus rien du tout après. Le féticheur, déterminé à entrer dans ses fonds, passe par des personnes interposées, notamment un frère en christ du pasteur, qui aurait promis une rencontre favorable, le vendredi 12 juin 2015. Malheureusement, à cette date, très tôt le matin, ce sont des policiers qui débarquent au domicile de G.D.G, et l’interpellent. Conduit à leur base, c’est peu après 18h, qu’il est libéré sur convocation, pour venir parapher un document, dont on dit provenir du parquet. Ce qu’il fait. A la suite de cette version proche de G.D.G, nous joignons par téléphone le guide religieux, pour savoir la sienne. C’était le vendredi 19 juin 2015, aux environs de 13h. Le lendemain, soit le samedi 20 juin 2015, c’est M. Grotto, son conseiller juridique qui se présente dans nos locaux. Selon lui, le pasteur était effectivement à la Maca. Après sa sortie, à la demande de son jeune frère O.J, ils ont visité un certain nombre de personnes dont le guérisseur G.D.G, afin de les remercier pour leur soutien. Étant chez ce dernier, G.A qui se plaignait de fourmillement dans ses jambes du fait du diabète dont il souffre depuis des années, s’est entendu dire par le guérisseur, qu’il peut l’aider à guérir en un temps record de deux semaines seulement. Mais moyennant la somme de 130 000 F Cfa. Mais alors que le délai est épuisé sans résultat escompté, le guérisseur demande des frais supplémentaires de 100 000 F Cfa, avant de donner un autre délai de deux semaines. N’ayant toujours pas eu de guérison, le pasteur avance alors qu’il faut mettre un terme à ce traitement qui ne produit rien. Toute chose qui n’est pas du goût de G.D.G qui rentre dans une colère noire, tout en menaçant, selon le conseiller juridique, de tuer le pasteur, au bout de trois jours. Au départ, le pasteur qui indique ne pas considérer ces menaces, va se raviser quand l’homme le harcèle à travers des appels téléphoniques à n’en point finir. Avec, bien entendu, des menaces de mort, dans le genre : « Je connais ton domicile, ton église..tu vas voir…». Et toujours rapportant, selon lui, les propos du guérisseur, ce dernier a soutenu avoir fait le siège du temple du pasteur avec des hommes armés, afin de l’abattre.

Duel entre « Dieu » et le « Diable… »

G.A a son salut, du fait de la présence massive de fidèles qui prennent part au culte. La menace devenant réelle, l’homme de Dieu saisit donc la police. Et le guérisseur, arrêté, se confond en excuses, avant d’indiquer avoir agi ainsi, sous la pression des soucis financiers. Et que son attitude était juste pour avoir des sous et faire face aux nombreuses quittances impayées de son loyer. Puis G.D.G, à en croire toujours M. Grotto, promet de ne plus reprendre son triste jeu. Pris de compassion ce jour-là, G.A a fait don de 120 000 F Cfa au malheureux guérisseur, tout en espérant qu’il lui colle la paix. Que non ! Puisque le jeudi 21 mai 2015, à 22h30, G.D.G joint une fois de plus le pasteur pour lui signifier qu’il connaît désormais son domicile et qu’il aura de ses nouvelles sous peu. Et mettant ses menaces à exécution, le féticheur débarque le lendemain, vers 20h, avec sa bande, dans le temple. Sur ces faits, G.A qui prend la pleine mesure de la volonté manifeste du guérisseur, d’attenter à sa vie et celle de sa famille, dépose une plainte au parquet de Yopougon dont une copie nous a été donnée par son conseil juridique. Tout comme un engagement que G.D.G aurait signé le 16 juin 2015, en présence de l’officier de police qui l’a interpellé quatre jours auparavant. Dans cet engagement où le guérisseur reconnaît avoir tenu des propos mensongers, on lit : « Je m’engage sur l’honneur et sur la foi, à ne plus jamais l’appeler (pasteur)…de ne plus me rendre en quelque lieu que ce soit, ni directement ni indirectement…de ne plus menacer ni verbalement ni physiquement la personne de G.A, les membres de sa famille et ses biens. Et qu’à compter d’aujourd’hui et ce, pour les 50 années à venir, je serai tenu responsable de toute… » Document signé par le féticheur et le conseiller de G.A, le 16 juin 2015. Suite à cette autre version qui le fait passer pour le méchant et non le bon, nous contactons de nouveau G.D.G. le féticheur-guérisseur. Il répond qu’il ne se reconnaît guère dans les termes de cet engagement. Un engagement qu’il soutient lui avoir été imposé sous le prétexte qu’il émane du Procureur du parquet de Yopougon. Le féticheur nous rapporte même que G.A a promis de le faire enlever pour une destination inconnue, par des quidams, si jamais il s’avisait encore à l’importuner. C’est donc, dit-il, craignant pour sa vie, qu’il prend à témoin l’opinion nationale et internationale, en attendant, selon lui, de saisir la justice. Un feuilleton, loin d’avoir certainement épuisé tous ses épisodes. Affaire à suivre donc.

Madeleine TANOU

Source : Soirinfo 6224 du vendredi 3 juillet 2015