Les attentes des populations

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Celui qui a fréquenté Odienné avant et pendant la crise ivoirienne, ne la reconnaîtra pas aujourd’hui. C’est une ville métamorphosée qui offre un visage des plus reluisants à tous ses visiteurs. À la faveur de la visite d’Etat du président de la République dans ce département situé au Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire les 21, 22, 23 et 24 mai prochains, nous y avons fait un tour, le samedi 16 mai dernier. Tout ou presque est en chantier. En entrant dans la ville, on aperçoit les machines en plein travaux. Les canaux d’évacuation des eaux usées sont en train d’être curés. Plus on pénètre la zone urbaine, plus on découvre à quel point ce département a opéré sa mue. Les ouvriers, coiffés de casques, sont au travail. Les minarets de la grande mosquée de la ville aux populations en majorité musulmanes dressent fièrement leurs façades repeintes. Le petit rond-point est encore en chantier. Les derniers pavés doivent être placés avant le 20 mai. Quant aux rues stratégiques, elles ont toutes bénéficié, d’une couche épaisse de bitume. L’éclairage public et l’adduction en eau potable ont été renforcés dans la ville et dans certains villages. L’autoroute qui traverse la ville avec deux ronds-points a été bitumée. Le quartier administratif n’est pas en reste. La préfecture et bien d’autres bâtiments ont été réhabilités ou reconstruits. Pareil pour la résidence qui doit accueillir, pendant quatre jours, le couple présidentiel. Cet édifice qui héberge les chefs d’Etat ivoiriens en déplacement dans le pays profond avait été entièrement détruit pendant la rébellion armée, au point qu’il servait de pâturage aux bouviers qui y faisaient paitre leurs troupeaux. Aujourd’hui, c’est une résidence flambant neuve qu’il nous a été donné de voir. Que dire du stade municipal et de l’aérodrome ? Ces symboles qui ont fait d’Odienné une fierté en Côte d’Ivoire sont en train de renaitre. En tout cas, comme le Phoenix, Odienné renait de ses cendres. Les ‘’Odiennekas” goûtent aux fruits de la croissance économique. Odienné respire mieux. Pas seulement par la réalisation de grands travaux. Les cadres dans l’administration publique ont eux aussi suivi le mouvement de transformation de la ville. Le quartier résidentiel est en chantier.

DES MACHINES ENCORE AU TRAVAIL

Les logements coquets, comme on en trouve dans les quartiers chics des grandes capitales africaines poussent comme des champignons. C’est à croire que les cadres de la région ont été piqués par le virus de la construction. Les quelques chantiers non encore achevés sont en cours de finition. À Odienné, les populations n’avaient plus vu de feux tricolores depuis une quinzaine d’années. Aujourd’hui, ils peuvent voir ces enseignes lumineuses à des kilomètres. Pour s’assurer que tout marche bien, les agents de la Compagnie ivoirienne d’électricité font régulièrement des patrouilles. Le ministre des transports, Gaoussou Touré, cadre de la région, est sur les lieux depuis plus d’une semaine. Il sillonne régulièrement la ville pour s’assurer également que tout se passe comme prévu. Sa résidence, à proximité du chef de l’Etat, ne désemplit pas. Jeunes, vieux et femmes se bousculent chez lui pour avoir des informations sur les préparatifs de la visite d’État. Toute cette métamorphose réjouit les populations, qui n’attendent que l’arrivée de leur fils, Alassane Ouattara. «Nous sommes heureux de savoir que le président de la République pense à nous. Nous sommes fiers des travaux réalisés. Notre ville est comme neuve», indique Samassi Moussa, conducteur d’un tricycle de la ville. Il est suivi par Touré Moctar, jeune mécanicien de la ville. «Nous sommes contents. Nous le ferons savoir au président Alassane Ouattara. Nous sentons que notre combat pour lui n’a pas été vain», a-t-il indiqué. D’autres, moins enthousiastes, évoquent la question de l’emploi et du financement de leurs projets. «Tout est bien, mais nous attendons de bonnes nouvelles concernant notre situation. Pour nous, Odienné doit avoir des grandes écoles pour éviter à nos jeunes frères de vouloir descendre sur Abidjan. Nous attendons également la mise en place d’un fonds pour le financement de nos projets et le reprofilage de plusieurs axes pour désenclaver des villages », a pour sa part soutenu Koné Soualhio. Sa préoccupation connaît un début de solution, puisque le ministre Gaoussou Touré a annoncé, au cours d’une rencontre avec les jeunes, samedi dans la soirée, la mise en place d’un fonds de 500 millions de FCFA pour le financement des projets des jeunes. Une nouvelle accueillie avec ferveur, certes, mais insuffisante aux yeux de certains jeunes. Ceux-ci attendent encore plus du président de la République, pour qui ils disent avoir perdu plus de dix ans de leur vie. Alassane Ouattara arrivera-t-il à combler leurs attentes ? Nous le saurons à partir du 20 mai prochain. Mais en attendant, le vrombissement des moteurs des machines continue de déchirer le calme qui règne sur la ville, pour le bonheur des populations.

Y.DOUMBIA (Envoyé spécial à Odienné)

Source : L’Inter N°5080 du Mardi 19 Mai 2015