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Ah Gbagbo ! Ce cher Laurent Gbagbo ! Gbagbo, notre frère, notre ami ! Que tu nous manques, que nous t’aimons ! Que deviendrons-nous sans toi ? Quelle idée ont-ils donc eu de te mettre en prison, alors que tu as attiré 47% de voix sur ton nom à la dernière élection ? Que t’ont-ils fait, Gbagbo ? Et surtout, cher Gbagbo, que comptes-tu faire de tes 47% de voix ? Nous sommes nombreux à en avoir besoin.
Ainsi, tel de mes amis, qui hier vouait Gbagbo aux gémonies et avait même dansé de joie lorsque ce dernier fut arrêté, s’est découvert soudainement, quand il fut limogé de son poste, une telle amitié avec Laurent Gbagbo qu’il a décidé d’aller lui rendre visite dans sa prison à la Haye. Et il proclame avec force que la plus grande injustice jamais commise dans cette vie est d’avoir emprisonné son cher ami, son cher frère. Peut-être espère-t-il s’attirer la sympathie des fameux 47% de voix de Gbagbo pour faire peur au pouvoir et retrouver ainsi son poste perdu.
Et ce relativement jeune député (dans son parti, jusqu’à 60 ans on fait toujours partie de la classe d’âge des jeunes) en rupture de ban avec son parti et surtout avec le président dudit parti ! Il a lui aussi fait le pèlerinage de La Haye, pour aller voir celui qu’il appelle son frère.. Il faut dire que le « jeune » député est candidat à la présidentielle et si les 47% de voix de Gbagbo se déportaient sur lui, il n’en serait que très ravi. Alors, il a proclamé urbi et orbi que garder le mari de Simone en prison était un crime, et qu’aucune réconciliation n’aurait lieu dans ce pays tant que le Woudy de Mama ne serait pas libre de ses mouvements. Et, dit-il, Alassane Ouattara devrait donner le saint nom de Gbagbo au pont de Jacqueville. Si après cela le mari de Nady ne lui donne pas ses 47% de voix, c’est que finalement il mérite ce qui lui arrive.
Et cet autre candidat à la présidentielle, ancien grand banquier, qui joue sa dernière carte, et qui s’est montré d’une grande générosité lors des funérailles de la mère de Gbagbo. Molière disait dans « les femmes savantes » : « un amant fait sa cour où s’attache son cœur. Il veut de tout le monde y gagner la faveur. Et pour n’avoir personne à sa flamme contraire, jusqu’au chien du logis il s’efforce de plaire. » Chez nous c’est plus simple. Pour conquérir les cœurs des gbagboïstes et espérer rafler leurs 47% de voix, il suffit d’aller pleurer à chaudes larmes et distribuer de gros billets de banques aux funérailles de maman Marguerite. En proclamant bien entendu sa fraternité avec ce cher Laurent, ce frère de sang si injustement détenu dans les froids Pays-Bas.
Et cet ancien diplomate, lui aussi candidat à la présidentielle ? Lui, il le dit clairement : « Gbagbo a fait 47% lors de l’élection présidentielle. On ne peut pas les ignorer. Il faut trouver une solution pour M. Gbagbo. Je suis un militant pour sa libération. » Eh oui ! Comment peut-on garder en prison quelqu’un qui a fait 47% de voix ? C’est de la cruauté. Et notre ancien diplomate qui est conséquent avec lui-même a déjà commencé les manœuvres pour faire libérer l’homme aux 47% de voix : « j’ai parlé avec le président des partis du traité de Rome, au ministre de la justice du Sénégal qui fut à la tête de la FIDH. » Si après ces démarches de très haute importance on ne libère pas Gbagbo, c’est que vraiment il n’y a plus de justice dans ce monde. Et si les 47% des voix de Gbagbo ne se déportent sur notre ancien diplomate, c’est que le FPI est vraiment un parti d’ingrats.
Et dans le propre parti de Gbagbo ? C’est la foire d’empoigne pour trouver qui aime le plus ce très cher Gbagbo. Il y a ceux qui l’aiment tellement qu’ils estiment qu’il doit diriger leur parti, même s’il est en prison. Le calcul est le suivant. Puisqu’aucune réconciliation ne peut avoir lieu dans ce pays sans Gbagbo, s’il prend la tête de son parti, il deviendra un interlocuteur incontournable pour le pouvoir. Et ceux qui l’ont mis en prison finiront par comprendre qu’il est de l’intérêt de tout le monde de le libérer. Comme on l’a fait pour Nelson Mandela. C’est clair comme de l’eau de Bonoua. Mais il y a ceux qui disent qu’il faut être réaliste, que Gbagbo ne peut pas diriger un parti en étant en prison à des milliers de kilomètres du pays, que d’ailleurs, depuis qu’il est en prison le pays se porte mieux et qu’à part les membres de la direction de son parti, le reste des Ivoiriens, et même ses partisans, cherchent plutôt comment avoir leur part dans l’émergence qui nous est promise, et que donc, seuls des gens libres peuvent se battre pour sa libération.
Pour le moment le cher Gbagbo observe de sa prison néerlandaise, et il doit être bien content de faire languir tout le monde avec ses 47% de voix d’une élection qui date quand même de cinq ans. Et depuis cinq ans, beaucoup d’eau a coulé sous le pont HKB.
Venance Konan

Source: Facebook