Les deux camps suspendus aux lèvres de l’Administration

Mobio Daba, choisi par les populations selon les us et coutumes, obtiendra-t-il, enfin, son Arrêté préfectoral ?

Les deux camps antagonistes à la chefferie de Songon Dagbé, dans la Sous-préfecture et Commune de Songon, à l’Ouest d’Abidjan sur l’axe Abidjan-Dabou,  sont, depuis le jeudi 02 Juin 2022, suspendues aux lèvres du Préfet d’Abidjan. C’est cette autorité administrative qui délivrera son Arrêté de nomination au nouveau chef du village qui aura été jugé apte à diriger le village, selon les us et coutumes Atchan, et conformément au procès-verbal de la consultation populaire de Monsieur le Sous-préfet de Songon, Stéphane Guiriga. En consultation populaire dans le village ce jeudi-là, l’administrateur a,  en effet, promis aux populations de les revenir dans les meilleurs délais une fois.

Qui, donc, de Mobio Daba Pierre, Inspecteur général de l’Education nationale option Education physique et sportive, et de Nangui Gnagba Thomas alias Magès, obtiendra le sésame pour diriger le village de Songon Dagbé ? En présence de Commissaires de Justice invités par chacune des parties et celui de M le Sous-préfet de Songon, et de Mobio Nigbo Hyacinthe, le chef du village sortant et sa notabilité,  chaque camp a présenté ses arguments. En l’absence de Nanan Atchébro Amani Gilbert, le doyen d’âge du village pour cause de veuvage, il est revenu à son adjoint, Légué Moadja André de donner l’avis du ‘’doyennat’’. Selon ce dernier, ‘’nous ne nous sommes pas entendus sur le choix de Magès à notre niveau. Mais je ne donne que mon propre avis, qui est celui-là’’, a-t-il donné son avis. Il en de même de Mobio Aliman Séraphin, doyen d’âge de la génération Tchagba qui parlait en son nom propre, puisque celle-ci est fortement portée sur le choix de Mobio Daba Pierre. ‘’Je n’ai pas consulté la génération avant de porter mon choix sur Magès’’, a-t-il reconnu. Quant à l’Ambassadeur à la retraite Atchimon Aké Charles Darius, doyen de la génération Dougbô qui cède le pouvoir, et président du Comité de médiation mis en place par le Ministre-Gouverneur Robert Beugré Mambé, il ne donne que son avis personnel et non celui du Comité. En ce que celui-ci avait déjà donné instruction

Selon les procès-verbaux, Nangui Gnagba Thomas alias Magès ne figure nulle part sur la liste des prétendants des quatre catégories

Selon les procès-verbaux dressés par chacune des quatre catégories qui composent la génération, et bien d’autres documents, notamment les délibérés des différentes médiations du comité de médiation, remis par le camp Mobio Daba Pierre au Sous-Préfet, le nom de Nangui Gnagba Thomas alias Magès ne figure nulle part sur la liste des prétendants des quatre catégories à la chefferie. ‘’D’où vient que quelqu’un qui ne répond pas aux règles de désignation d’un chef en pays Atchan peut-il prétendre à nous diriger’’, se demandaient plusieurs assistants à la consultation qui n’ont pu avoir la parole.

En pays Atchan, en général, quatre générations se succèdent au pouvoir : Les Blessoué, Les Gnandôs, les Dougbôs et les Tchagbas A la fin du mandat de 15 ans d’une génération, celle qui succède à la première propose un membre issu des quatre (04) catégories, après consensus au sein de celle-ci, Bien entendu, chaque catégorie peut désigner un postulant à la chefferie du village, ce qui peut donner à proposer quatre postulants pour la génération. Ces candidatures, par faute de consensus, sont soumises à la génération sortante, laquelle les soumettent à son tour aux doyens du village pour avis, puis au Nanan, le plus âgé du village, qui, au regard ‘’des conditions d’éligibilité’’ remplies ou non, choisit un des candidats dont le nom est soumis aux autres, inversement. 

Les arguments que le camp Mobio Daba a fait prévaloir, puis remis au Sous-Préfet

Mais les membres de la génération peuvent désigner par consensus un des leurs pour la succession. Une fois cela accepté, c’est à la place publique du village, en présence de toutes les composantes des populations, que le nom du candidat à la succession est rendu public. C’est après coup que l’autorité administrative est informée du choix du futur chef. Celle-ci vient, alors, faire une consultation populaire dans le village, pour demander l’avis de tous sur la désignation de leur futur chef. L’avis favorable des populations est le prétexte pour lui de faire un rapport à sa hiérarchie, le Préfet, qui délivre l’Arrêté de nomination.

Ce sont ces arguments que le camp Mobio Daba a fait prévaloir, puis a remis à l’Administrateur tous les documents de preuves, là où le camp adverse brillait par cet exercice.

Pour l’Administrateur, qui les a écoutés attentivement, et qui a compris le mode de désignation d’un chef en pays Atchan selon les us et coutumes que ce peuple n’entend pas perdre par légués par leurs ancêtres et qu’il veut laisser à sa descendance, point ne sera besoin de ‘’se chamailler pour un trône’’.  C’est donc en toute connaissance de cause qu’il transmettra son rapport à son supérieur hiérarchique qui décidera en dernier ressort, quitte à la partie perdante de faire des recours devant qui de droit. Il a appelé les uns et les autres à la retenue afin de préserver la cohésion et la paix qui se sont dégradées depuis la prise du pouvoir de la génération Tchagba.

Les propos du chef sortant

Interrogé à la fin de la consultation au cours de laquelle il n’a pu prendre la parole afin d’observer la neutralité, l’Honorable Mobio Nigbo Hyacinthe a dit ce qui suit : ‘’Les quatre catégories Tchagba, à savoir Djehou, Dogba, Agban et Assoukrou ont envoyé leurs postulants, que j’ai transmis aux doyens Gnandô. En ce qui me concerne, à la date du 29 Décembre 2020, au nom de la génération Dougbô et sa chefferie, j’ai remets le pouvoir à Maître Tche Aké Basile, chef guerrier de la génération Tchagba Djehou, représentant toute la Tchagba en vertu des us et coutumes du village de Songon Dagbé. Lorsque les Gnandô nous remettaient le pouvoir, c’est à feu Bagui N’Gbolo Siméon, chef guerrier de la catégorie Dougbô Djehou que Monsieur Atchédan N’Gbédjé Daniel a remis le pouvoir’’, a-t-il expliqué.

En attendant, il continue d’assurer l’intérim, et en appelle à la sagesse de tous afin que Songon-Dagbé continue sa marche vers le développement, la seule raison qui vaille.

Laurent Nahounou
laurentmadoun@gmail.com