Les graves révélations des députés à l’Assemblée nationale, hier

 oulata-gaho

Ce mardi 16 juin, sauf changement, le ministre auprès du président de la République chargé de la Défense, Paul Koffi Koffi, sera face aux députés de la Commission des affaires générales et institutionnelles (Cagi) pour l’examen du projet de loi portant répression du terrorisme. Mais, avant ce face-à-face entre le commissaire du gouvernement et les parlementaires ivoiriens, la Commission Sécurité et Défense, présidée par le député Oulata Gaho dit Pierre, s’est réunie hier à l’Hémicycle pour donner son avis sur ce projet de loi. Une vingtaine de députés étaient présents à cette séance. La Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale a donné un avis favorable pour le projet de loi portant sur la répression du terrorisme qui sera examiné en commission. Dans l’ensemble, les députés ont salué cette initiative du gouvernement en faisant de graves révélations sur les menaces terroristes qui planent sur la Côte d’Ivoire. Selon eux, cette menace se fait ressentir de plus en plus, raison pour laquelle ils demandent la présence massive des députés à la rencontre prévue avec le ministre afin de s’informer suffisamment sur les intentions du gouvernement et de mener la réflexion. «Nous savons ce qui se passe au Mali. Le Mujao siège bien au Mali. Et vous savez très bien que la Côte d’Ivoire est toujours visée. Nous sommes une cible. Il suffit de voyager pour le savoir», a révélé l’honorable Salé Poli, député de Méagui. Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) est un des mouvements islamistes qui a occupé le Nord du Mali en 2012, et qui constitue aujourd’hui une des branches du groupe terroriste al-Mourabitoume. Un groupe particulièrement actif dans le Nord du Mali, et qui a revendiqué l’attentat de Bamako, au cours duquel cinq personnes ont été tuées au début du mois de mars dernier. Comme une solution à ce fléau, le député a préconisé le contrôle de l’immigration. «Ces terroristes savent leurs intérêts, ils savent ce qu’ils cherchent en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas notre faute d’avoir plusieurs frontières, mais c’est de notre faute de ne pas les surveiller. L’immigration, c’est par là que naît le fléau. Si vous voulez vous empoisonner, vous manger le poison. Et l’immigration, c’est ce qu’on mange. Si on n’a pas de disposition pour connaître ceux qui arrivent chez nous, s’il n’y a aucune traçabilité, c’est dangereux. Ce n’est pas notre faute d’avoir une République qu’on appelle la Côte d’Ivoire. Mais, c’est notre faute de ne pas savoir qui entre et qu’est-ce qu’il y fait», a-t-il conseillé. Un autre député a, quant à lui, montré le niveau actuel de l’implantation des terroristes dans la sous-région ouest-africaine. Selon lui, la menace est réelle d’autant plus que ces terroristes possèdent une autre carte de l’Afrique qui, quelques années après, montre ce que doit être leur territoire. La Côte d’Ivoire, ajoute-t-il est bel et bien sur cette zone noircie qui appartiendrait aux territoires terroristes islamiques qu’ils appellent la ”nation islamique”. «La Côte d’Ivoire figure bel et bien sur la carte. Ça veut dire que ce n’est pas des choses si loin de nous et qu’il est bon de mener la ré- flexion. Ils sont tellement optimistes et disent qu’ils ont le temps pour eux. Ils sont sûrs d’atteindre leur objectif. Ils ont des éléments de réponse à tout ce qui est comme difficultés pour parvenir à leurs fins», poursuit l’honorable. Intervenant, le député Oulata Gaho dit Pierre, tout en se réjouissant des initiatives du gouvernement, a également révélé que le terrorisme est aux portes de la Côte d’Ivoire. «C’est une menace réelle parce que non seulement la Côte d’Ivoire est inscrite sur le tableau de chasse de l’état islamique, mais, elle a joué un rôle de premier plan dans l’intervention militaire au Mali. Il ne faut pas oublier que c’est la Côte d’Ivoire qui a été le fer de lance de l’intervention militaire au Mali, et cela, les terroristes n’ont pas oublié. Le Mujao, de façon explicite et le ministre de la Défense le sait, dit qu’il va frapper la Côte d’Ivoire», a-t-il confié. L’honorable Soro Kanigui, député de Sirasso, Kanoroba et Nafoun a indiqué que le gouvernement a bel et bien pris des dispositions concernant les frontières nord du pays. Pour lui, le dispositif sécuritaire a été renforcé. Il a aussi indiqué que des séances de travail ont eu lieu avec les élus, les leaders d’opinion afin de les sensibiliser sur le fléau. Selon lui, le ministre a beaucoup plus de détails qu’il essayera de donner aujourd’hui. Ces propos inquiétants des députés ivoiriens seront débattus aujourd’hui avec le commissaire du gouvernement, en l’occurrence le ministre Paul Koffi Koffi. Le même sujet serait au menu de la rencontre que le chef de l’État, Alassane Ouattara, aura à l’Elysée, aujourd’hui même, avec son homologue français, François Hollande.

Cyrille DJEDJED

Source: L’Inter N°5103 du Mardi 16 Juin 2015