Par Brahima YEO

Nous vivons dans un pays régenté par un système qui cache difficilement son aversion pour les pauvres. Le pauvre c’est la vermine, c’est le microbe, c’est le présumé bandit, le présumé voleur. On arrête des gens en raison de la précarité de leurs accoutrements (guenilles, chaussures en caoutchouc ou lêkê) ou même de leur hygiène corporelle. Une catégorisation aux critères qui feraient pouffer de rires même un criminologue du moyen Âge tant elle brille par son ridicule.
On décrète des rafles systématiques en violation des droits de l’homme, sous l’impulsion de je ne sais quel sécurocrate moyenâgeux car une telle méthode n’a aucune efficacité à part se solder par l’arrestation de prostituées, de deux tondus et trois pélés, et la saisie de posters et de CD pornographiques.
Mais ce qui m’écœure c’est que dans la mise en application de cette mesure inique ce sont les pauvres qui sont visés, les petits ouvriers des zones industrielles et autres petits débrouillards qui descendent à 22h par des moyens de transport de fortune, un pauvre gardien de nuit allé s’acheter de la cigarette… C’est les habitants d’Abobo, de Mossikro, de Bromakoté etc qui sont visés, arrêtés et encagés pour dit-on nécessité de contrôle. En vérité ces pauvres gens sont d’office présumés suspects pour la simple raison qu’ils sont misérables.
Mais quand viennent les joutes électorales, ils descendent dans les égouts où ils nous ont confinés par leur égoïsme, pour tremper leurs sales pattes de voleurs dans nos plats communs et feindre de nous accorder de l’estime. En vérité ils nous méprisent et nous narguent. Ils répugnent les pauvres, et une fois chez eux, dans leurs palais insolemment et indécemment luxueux, ils nous traitent de moutons, de bétail électoral…
Je réclame une égalité de traitement pour tous les citoyens quelles que soient leurs conditions et le respect de la dignité des pauvres.