Alors que les Congolais ont soif de justice, que la jeunesse congolaise désespère de son avenir et que le Congo traverse une crise multidimensionnelle sans précédent, aux conséquences désastreuses sur la vie de la nation, en raison de la chaotique gouvernance du régime de Mr Sassou Nguesso,

Vous, Présidents des plus hautes juridictions de la République du Congo, après avoir organisé une véritable forfaiture en entérinant le hold-up électoral du 20 mars 2016, qui en toute illégalité, a reconduit Mr Sassou Nguesso, pour un troisième mandat, à la tête du Congo, vous vous apprêtez maintenant à conférer un semblant de légitimité au procès annoncé du Général Jean-Marie Michel Mokoko.

Ce procès, comme  la détention du Général Jean-Marie Michel Mokoko, depuis  près de deux ans à la maison d’arrêt de Brazzaville, sont totalement injustes et arbitraires. Vous le savez. Les crimes qui lui sont imputés ne sont pas établis. Vous le savez également.

A supposer que sa culpabilité soit prouvée, vous n’ignorez pas que le Général Jean-Marie Michel Mokoko bénéficie, à ce jour, de l’immunité juridictionnelle prévue par le texte portant création et organisation du Conseil des Ordres Nationaux et que toute la procédure engagée contre lui est entachée de multiples vices rédhibitoires.

Cependant, vous demeurez étonnement muets, comme des carpes, et donc complices de nombreuses violations du Droit dans notre pays.

Messieurs les Présidents,

Le spectacle lamentable que vous donnez, tous les deux, hommes de Droit, de la justice  au Congo est aux antipodes de vos devoirs, et contraires à vos serments de magistrat où vous avez juré, au nom du Droit, à ne dire que le Droit, dans l’exercice de vos fonctions.

La loi fondamentale de la République du Congo qui vous a institués exige que la justice soit rendue au nom du peuple congolais de manière indépendante et impartiale, et  non, tel que vous le faites, au nom des intérêts partisans et clivants, sources de fractures dans la société congolaise.

Au lieu de faire respecter de manière équitable la loi et de contribuer ainsi à la cohésion sociale et au vivre ensemble  dans votre pays, notre pays, vous avez fait le choix de servir un homme, Mr Sassou Nguesso. Un homme, qui, tout le temps de son long mandat présidentiel, n’a cultivé dans le pays, que la haine, la division, et privilégie, à tout point de vue, son clan et l’expression de son pouvoir personnel.

Par ces actes d’iniquité, vous vous rendez, coupable de haute trahison. Et, devant le peuple congolais, témoin de votre désordre et de tous les dangers que vous lui faites courir, par votre mauvaise pratique, l’histoire vous jugera.

C’est en cela que pour l’intérêt supérieur de la nation congolaise, la “Force Citoyenne pour la Restauration de la Démocratie au Congo Brazzaville (FCRD)” vous interpelle et vous invite à mesurer la portée de votre responsabilité personnelle, de même que celles de la Cour Constitutionnelle et de la Cour Suprême, deux institutions que l’un et l’autre, vous présidez, ainsi que les conséquences de vos actes.

Comme dit plus haut, l’histoire vous jugera.

Veuillez agréer, Messieurs les Présidents, l’expression de nos salutations distinguées.

Pour la “Force Citoyenne pour la Restauration de la Démocratie au Congo Brazzaville”

M. Benoit KOUKEBENE

Ancien Ministre