Me Michel Langa

Me Michel Langa

Le samedi 15 mars à la maison de l’Afrique, à paris, s’est tenue une conférence-débat initiée par l’association les amis de la République Centrafricaine, sur le thème de “urgences en Centrafrique”, tout en montrant du doigt les failles de la classe politique.

Par Bedel Baouna

A en croire Michel Langa, président de l’Association Les Amis de la République centrafricaine, avocat au bar­reau de Paris, “La Renaissance” de la République centra­fricaine est possible. Il suffit, pour ce faire, de s’imprégner davantage de l’hymne centrafricain qui reprend à plusieurs reprises le mot “Renaissance”. “Mais ce chantier est énorme”, a-t-il estimé, “tant les nouvelles qui viennent de Bangui ne sont pas rassurantes.” Par ailleurs, “les ouvriers manquent.” Et de dresser un réquisitoire contre les différents dirigeants qui se sont succédé à la tête de la République cen­trafricaine : égoïstes, saccageurs, pilleurs, manque de patriotisme… C’est à eux qu’incomberait la responsabilité du chaos actuel.

L’autre problème du gouvernement actuel évoqué par Michel Langa, la communication ! Selon lui, les hommes et les femmes de transition brillent par une communication quasimment nulle.”Quel est l’inté­rêt pour Catherine Samba-Panza d’avoir autour d’elle 28 conseillers ? Pour quoi faire? A moins d’être des bons samaritains, où trouve-t-on les moyens pour les payer? Toutes ces questions méritent d’être posées”, s’in­terroge-t-il. Michel Langa est appuyé dans son réquisitoire par Prosper Indo, l’un des conférenciers, qui accuse François Bozizé, ancien chef de l’Etat déchu, de récidiviste. Car selon un quotidien de la place de Bangui, François Bozizé s’apprêterait à revenir au pouvoir par la force. Une information d’autant plus crédible qu’une manifestation de ses sbires et miliciens était prévue le samedi 15 mars à Bangui, pendant qu’à Karthoum se déroulait aussi une marche de soutien aux musul­mans centrafricains. “Le pays ne pourra pas s’en sortir de sitôt. Il faut des mesures fortes et urgentes”, a-t-il ajouté avant d’user du mot “espoir”. Michel Langa, paraphrase Nietzsche : “Des ténèbres jaillit toujours la lumière. Il faut un chaos pour que naisse une étoile”. Cette étoile qui illuminera la vie des Centrafricains.

Entre autres urgences, la mise en place de la nouvelle Constitution. Une tâche à laquelle s’attelle déjà le Conseil national de transition. Mais le dit Conseil ne dit rien sur le Centrafrique de demain. Sera-t-il un Etat fédéral, laïque ou religieux? D’une voix grave et solennelle Michel Langa demande aux autorités de Transition de bloquer les avoirs des anciens dignitaires à l’étranger afin de stopper l’impunité.

La réunion s’est achevée par un vœu : se retrouver sans relâche pour parler du bien commun qu’est le Centrafrique. “Si nous-mêmes n’avons pas conscience de la menace de disparition de notre Etat, qui s’alarmera de cette situation à notre place ? Qu’allons-nous léguer à nos enfants? A ce rythme, ce serait un champ de ruines.” Le président de l’Association Les Amis de la République centrafricaine, garde l’espoir. Pour Michel Langa, la lucidité ne doit pas conduire au pessimisme.

Source : Lambarena Magazine, avril 2014