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Le siège du Rassemblement des républicains (Rdr), sis au quartier commerce à Bouaké, en face de l’ex-préfecture de région, ressemblait, mardi 21 juillet 2015, à une forteresse imprenable. La Police nationale, le Centre de coordination des décisions opérationnelles (Ccdo), les éléments de la sécurité du Rdr, habillés dans des t-shirts noirs, étaient tous présents à l’intérieur comme à l’extérieur du siège du parti au pouvoir. La tension était perceptible et vive. En somme, on a frôlé le pire entre deux camps adverses. De quoi s’agit-il ? « Ce matin (hier mardi, Ndlr), nous avons décidé de faire une Assemblée générale pour informer nos militants du dysfonctionnement que nous avons constaté au niveau du Rdr à Bouaké. Depuis très longtemps, le départemental a été plusieurs fois interpellé par les commissaires politiques, les structures spécialisées du parti, etc. Devant cette situation, nous ne pouvions pas rester les bras croisés. Comment comprendre qu’en trois ou quatre mois, on vienne diviser des districts en quatre sachant bien que cela ne peut pas se faire sans problème…Comment comprendre que le départemental soit en train de créer des points focaux, des organisations féminines bis. Il y a vraiment un dysfonctionnement total. Comment comprendre que, depuis son élection, il n’y ait pas de bureau jusqu’à ce jour ? La destitution, nous l’avons déjà demandée à la haute direction du parti et nous attendons », a expliqué Touré Yaya, Commissaire politique Rdr du district de Gonfreville, qui n’a pas eu accès au siège de son parti. Idem pour Bamba Dramane, Secrétaire de section qui réclame la tête du Secrétaire départemental Ba Karamoko. « Depuis qu’il a été élu, cela fait aujourd’hui dix mois et il n’a même pas été capable de nous présenter un bureau. Nous allons tenir une Assemblée générale et il sera destitué. Il est même déjà destitué », a-t-il indiqué, déterminé à en découdre avec Ba Karamoko. Ce n’est pas le doyen de cette équipe, Touré Boubakar Sidik, Commissaire politique du Rdr du quartier Sokoura, qui dira le contraire. « Après l’élection de notre frère à la tête du parti, nous avons constaté un dysfonctionnement. Dysfonctionnement qui va entièrement contre les textes du parti. Après avoir attiré son attention une ou deux fois, rien n’a changé… Il faut dire que M. Ba Karamoko est venu directement de la Sgbci (Société générale de banque en Côte d’Ivoire, Ndlr) et est rentré directement dans la politique à Bouaké. Donc, il ignore complètement les textes du parti et il a adopté un fonctionnement qui n’a rien à voir avec le fonctionnement du parti. Depuis son élection, rien ne va, on ne sait même pas quel est le bureau qui gère le parti à Bouaké », a fait remarquer Touré Boubakar Sidik.

La réplique…

Barricadés dans leurs bureaux, les deux députés suppléants et collaborateurs directs de M. Ba Karamoko, actuel Secrétaire départemental du Rdr, nous ont reçu pour donner leur version des faits. Diaby Peter, Conseiller spécial du Secrétaire départemental, s’est montré amer. « C’est un véritable recul de la démocratie au sein de notre parti. Toutes ces têtes qui mènent cette fronde ont été candidates contre Ba Karamoko, l’arriviste, comme ils se plaisent à l’appeler. Mais qu’est ce qui s’est passé. Il les a tous écrasés aux élections. Tout ce qu’il reproche à Ba Karamoko, c’est de vouloir faire la promotion des jeunes en nommant de nouveaux commissaires politiques. Ils disent non, que c’est un arriviste et qu’il faut qu’il dégage. Ba Karamoko nous a dit qu’il a un seul souci, celui de faire élire le président Alassane avec un score de 100% à Bouaké. Ils lui reprochent d’être venu d’ailleurs. C’est tout leur problème », a réagi Diaby Peter. « Ils ont été clairs, ils nous ont dit qu’ils passeront par tous les moyens pour le renverser parce qu’il n’a jamais milité à Bouaké, selon eux. C’est ça le problème de fond. Nous sommes vraiment indignés, c’est pourquoi nous avons fait appel à la police pour la sécurité des lieux. Comment peut-on agir de la sorte quand on sait que nous sommes à trois mois de la présidentielle ? Ils ont d’autres desseins inavoués », a dit Diaby Peter. Et d’assener : « Ils ont créé des foyers de tension. Ils ont désinformé certains militants et aujourd’hui, c’est le résultat de leurs travaux : un coup d’état au sein du Rdr à Bouaké. Ils voulaient prendre le siège en otage et s’imposer, mais respectueux des lois, nous avons dit non et avons fait appel à la Police ».

Le Directeur de cabinet du départemental, Touré Moriba a donné sa part de vérité. « Nous ne sommes pas surpris, depuis leur défaite qu’ils n’ont jamais digérée. Ils nous ont fait savoir qu’ils feront tout pour démettre le Secrétaire départemental élu par les militants du Rdr. Tout ce qu’ils reprochent à M. Ba Karamoko n’est pas fondé. C’est une crise de jalousie », a-t-il tranché. Pour démettre Ba Karamoko, certains responsables de la dissidence affirme avoir fait une pétition. « Faux et archi-faux. Ils ne connaissent pas les textes du parti », a rétorqué Diaby Peter. « Les coups d’État n’existent pas dans notre parti politique alors qu’ils attendent les prochaines élections pour faire partir Ba Karamoko. Dans le cas contraire, ils nous trouveront sur leur chemin», at-il martelé. Les dissidents, eux, ont tenu leur Assemblée générale devant leur siège sous des bâches. Selon eux, ils ont ainsi enclenché le processus de destitution de Ba Karamoko.

Ladji Abou SANOGO (Correspondant régional)

Source : Soirinfo 6237 du mercredi 22 juillet 2015