Par Brahima YEO

Il circule depuis quelques jours sur la toile des propos absurdes attribués à Monsieur Lida Kouassi Moïse, universitaire et homme politique ivoirien.
En effet, monsieur Lida Kouassi Moïse faucon du FPI s’offusquerait de ce que des ivoiriens non originaires du point de vue ethnique de certaines régions fassent acte de candidature dans ces régions et s’y fassent élire. Aussi rocambolesques et ahurissants que paraissent ces propos, ils sont les survivances d’une certaine approche de la notion de République qui a plongé ce pays il y’a peu dans la tourmente d’une spirale de violences aveugles et inédites dans l’histoire de notre jeune nation. Le sang a coulé durant une décennie, des assassinats gratuits dans une eschatologie de l’affreux et de la déshumanisation. Du Nord au sud, de l’Ouest à l’Est le sang a coulé juste pour une querelle stupide d’identité.
Monsieur Lida Kouassi Moïse, sorti de prison il y’a peu et ex belligérant de cette guerre, serait-il nostalgique des bruits de canons, de la chair humaine déchiquetée, des pleurs et des sanglots de pauvres gens qui ne demandent qu’a vivre tranquillement leur vie qui n’est déjà que misère? Ou alors croit-il de bonne foi à cette approche? Il faut lui accorder la présomption de bonne foi, car il serait aussi absurde de notre part de le suivre sur la voie sans issue de la querelle fratricide. S’il est des gens déraisonnables et sadiques qui refoulent difficilement les pulsions de mort, il est de notre devoir vis à vis de notre pays et des générations à venir de prendre le parti de la raison éclairée et de l’intelligence. À partir de ce moment nous polémiquerons sur la notion de République dont la perception de monsieur Lida Kouassi Moïse paraît des plus obtuses et scandaleuses.
Dans une République, tous les citoyens ont les mêmes droits et devoirs dans les confins du périmètre territorial de cette République, et la seule norme à laquelle tous sont soumis est la Constitution et les textes de loi connexes. Pour ce qui concerne les postes électifs en particulier, tous ont le droit d’être candidats là où ils le souhaitent, le suffrage universel étant souverain, les populations choisiront qui elles veulent pour les représenter.
Quand le nord du pays est invoqué comme une région où des ivoiriens d’autres régions ne se présentent pas, ceci est une réalité qui ne relève pas de la législation mais plutôt de l’intérêt des éventuels candidats. Lida Kouassi Moïse semble aussi méconnaître l’histoire et surtout la géographie de ce pays. Les régions à fort potentiel économique ont attiré bien avant les indépendances et après, de nombreuses populations qui s’y sont fixées et qui y ont des générations de descendants qui n’ont d’autres intérêts que dans ces régions. C’est tout à fait la logique de l’histoire générale du peuplement de tous les continents et contrées de l’humanité. Le nord du pays, en raison de la rigidité des conditions de l’agriculture, est demeuré une région essentiellement peuplée par les “autochtones” (Je n’aime pas du tout cette appellation qui nie ma conception de la République). Du coup, les ressortissants d’autres régions n’y ayant vraiment pas d’assise politique, rechignent délibérément à y compétir sans pour autant en être exclus de droit. Mon souhait est que nous arrivions un jour à dépasser cet état de fait; ce serait une excellente chose pour l’intégration nationale et le dynamisme de cette région.
Monsieur Lida Kouassi Moïse en sa qualité d’universitaire et de politicien de haut niveau ignore-t-il ces choses élémentaires pour un intellectuel? Ou bien fait il montre de mauvaise foi intellectuelle? En tout cas son approche est d’une laideur morale et intellectuelle qui fait honte à l’intelligentsia de ce pays dont il se réclame à tort. Pour moi le rôle de l’intellectuel est de se rendre utile à ce brave peuple ivoirien en l’éclairant dans le sens de la compréhension de la notion de République qui en bien des points est en conflits avec nos identités traditionnelles. Hélas, par une inconséquence particulièrement ruineuse, notre cher “intellectuel” manœuvre de la plus sordide des manières à réveiller les vieux démons de la crise identitaire à des fins qui lui sont propres. Faire la politique ce n’est pas faire feu de tous bois, patauger dans les profondeurs abyssales de la laideur pour polluer l’air des remontées sulfureuses de son estomac ulcéré par la conscience malheureuse de son obsolescence.
Monsieur Lida Kouassi Moïse, le monde change et les Ivoiriens refusent d’être ces imbéciles qui restent à la même place incapables de tirer les leçons de leurs propres turpitudes et s’engager dans une nouvelle voie.
Chers politiciens le mouvement est irréversible, le peuple ne vous suivra plus jamais dans l’absurde, c’est à vous désormais de suivre le peuple souverain sur la voie de la raison et de la conscience politique nouvelle qu’il a tracée. En bons entendeurs, je vous salue, vous les extrémistes de tous les bords. Votre crépuscule a sonné.