Haya Sanogo

Selon la Lettre du Continent No. 660 du 05 juin 2013, l’ex-putschiste Amadou Haya Sanogo monte des clubs pour soutenir, le moment venu, le candidat le mieux à même de lui laisser une paix royale après le scrutin. Stratégique.

Craignant pour son avenir après la présidentielle de juillet, le capitaine Amadou Haya Sanogo s’est discrètement lancé dans une stratégie Tchogo-Tchogo ! (“On va gagner” en bambara). Le putschiste du 22 mars 2012 mobilise actuellement ses réseaux, notamment auprès des jeunes, en vue d’apporter son soutien au candidat à la prochaine présidentielle susceptible de mieux défendre ses propres intérêts une fois élu. Si aucun candidat n’est pour l’instant désigné, on sait toutefois que le slogan “Tout sauf Modibo Sidibé et Soumaila Cissé” est déjà très répandu dans les casernes favorables à l’ancien putschiste. Pour fignoler sa stratégie, Amadou Haya Sanogo a demandé fin avril, à son ami Sory Ibrahima Traoré, le président de la Convention des jeunes pour le développement (Conjedev) et de l’Association des jeunes élus du Mali (AJEM), de convier une trentaine de jeunes leaders à un dîner solennel au camp de Kati. Il a fait savoir à ses convives qu’il compte principalement s’appuyer sur eux pour créer des clubs à travers tout le Mali capables de soutenir le candidat choisi. Ce type de club a déjà été créé à Kati. A Bamako, Yaya Sanogo et Aboubacary Sidibé, deux jeunes leaders de la Conjedev, viennent de monter le Réseau des jeunes leaders pour le redressement de la démocratie au Mali (ReJL-RDM). Un 4×4 flambant neuf leur a été donné par le capitaine Sanogo pour prêcher la bonne parole et créer d’autres structures similaires à l’intérieur du pays. 

Toujours selon la Lettre du Continent, cette stratégie pourrait rapidement s’avérer un boulet pour son bénéficiaire. Favori du scrutin, Ibrahim Boubacar Keita, alias “IBK” ou “Kankeletigui” (“l’homme de parole”, en bambara), a les faveurs de l’ancien patron du CNRDRE. Et pour cause : les mois ayant suivi le putsch du 22 mars 2012, le patron du RPM a affi ché certaines ambigüités vis-à-vis des militaires de Kati. Les 9 et 10 janvier, son alliance IBK-Mali 2012 a participé aux marches pro-juntes réclamant la tenue de “concertations souveraines immédiates” devant aboutir à la dissolution de l’Assemblée nationale et l’éviction du président par intérim, Dioncounda Traoré. Ce rapprochement expliquerait l’échec de l’ancien premier ministre à prendre la tête du comité Afrique de l’Internationale socialiste (IS) en mars à Niamey. Depuis, “IBK” aurait pris de sérieuses distances avec l’ancienne junte.