Le président du Conseil régional du Guemon, Evariste Méambly, reste optimiste et confiant quant à la réélection de l’actuel chef d’Etat à la présidentielle d’octobre prochain. Mais à son sens des réglages et des engagements sont essentielles pour la consolidation de l’unité au sien du PDCI voire du RHDP, principal électorat.

Evariste Méambly

Evariste Méambly, président du Conseil régional du Guemon

Quel a été le travail abattu par le délégué Méambly dans son département (Facobly) pour le pré-Congrès et le 5ème Congrès du PDCI-RDA?

Avant tout propos, il faut saluer l’excellente organisation et la qualité du travail effectué par le Secrétaire Exécutif en chef, le ministre Kacou Guikahué et son équipe. Ce qu’il faut préciser, c’est que, chaque département possède ses propres réalités et spécificités avec lesquelles il faut absolument composer pour arriver à un certain résultat. En ce qui concerne la délégation départementale PDCI-RDA de Facobly, après la tournée d’explication initiée par le Parti, nous avons décidé d’envoyer vers nos militants, des émissaires vers les quatre grands groupes (Saho, Soho, Klanho et Pleou) qui composent le Département, pour recueillir leurs vraies préoccupations quant à leur réticence éventuelle à l’Appel de Daoukro. Enfin, en notre qualité de leader d’opinion et d’élu, nous leur avons tenu un langage de vérité et de franchise en leur rappelant la particularité des difficultés de notre département, de notre région et de tout l’Ouest montagneux et la nécessité impérieuse de procéder désormais à des choix judicieux pour le bien-être des populations et le développement de Facobly et du Grand Ouest en général qui ne peuvent se faire que dans un climat de paix. Or l’appel de Daoukro nous garantit la paix, je dirai à 100%.

Quel est véritablement le sens de l’appel que vous avez lancé aux ministres Akan en fonction pour faire rallier «les irréductibles» à l’Appel de Daoukro ?

Je pense que point n’est besoin de préciser que le PDCI-RDA est le plus grand parti de Côte d’Ivoire. C’est pourquoi il est respecté et sollicité pour l’Alliance des Houphouétistes. L’appel que j’ai lancé aux ministres et hauts cadres du PDCI actuellement en fonction, n’est rien d’autre qu’une seconde médiation, après celle du président Bédié, pour ramener la cohésion et l’union dans la famille PDCI. Et comme il se trouve que ces hauts cadres du PDCI en fonction sont de la même ethnie que nos frères frondeurs, pour utiliser l’expression du président Henri Konan Bédié au 5ème Congrès extraordinaire, nous avons pensé qu’il serait plus aisé pour eux, en sollicitant leur fibre culturelle et ethnique commune, de les convaincre à plus de solidarité quant à l’Appel de Daoukro. Je crois que le sens d’une médiation est de trouver toute chose ou tout lien qui puisse peser dans la balance des objectifs à atteindre. Voilà le sens de mon appel aux ministres et hauts cadres Baoulés du PDCI actuellement en fonction.

Que pensez-vous de l’alternance en 2020 au profit du Candidat PDCI et des doutes exprimés par des militants PDCI quant au respect des termes de l’Alliance RHDP?

L’alternance 2020 au profit du PDCI est la deuxième face de la médaille de l’Appel de Daoukro. Si l’appel prévoit le soutien du PDCI à la candidature du président Ouattara aux élections de 2015, il prévoit également l’acceptation par le RDR de faire en sorte qu’en 2020, ce soit le PDCI qui gouverne le pays. C’est la quintessence de cet accord. Quant aux doutes des militants, je serai tenté de dire que c’est légitime. En bons observateurs de la vie politique de notre pays, ils savent bien que rien n’est garanti d’office en politique et que tout peut arriver quel que soit ce qui est institué. Cependant, je crois que la seule façon de rassurer nos militants, c’est de leur demander de faire en sorte, durant ces cinq prochaines années, que le PDCI devienne encore plus grand et plus fort avec plus de députés à l’Assemblée nationale, plus de maires et de présidents de Conseils régionaux, pour montrer aussi bien à nos adversaires qu’à nos alliés que le PDCI-RDA est incontournable dans la politique de la Côte d’Ivoire. Et cela passe par une grande mobilisation, par le maintien d’une bonne organisation et une bonne animation de toutes nos structures, par des cotisations soutenues, par la sensibilisation et le respect scrupuleux des décisions du Parti.

Pourriez-vous revenir en quelques mots sur les plaintes au niveau des nominations ?

Je faisais remarquer tantôt que le PDCI se retrouve partout en Côte d’Ivoire et si cela est possible, on devrait logiquement pouvoir faire bénéficier des retombées des activités de ce grand parti à toutes les régions. Et comme on retrouve le PDCI sur toute l’étendue du territoire, il aurait été logique que dans une analyse et une optique géopolitiques, un grand nombre de populations puissent voir leurs fils (Krou-Mandés-Gour) être nommés à de hauts postes de responsabilités de notre pays.

Quelles sont les raisons de la demande de nomination d’un cadre PDCI comme Directeur de campagne et Porte-parole du candidat Ouattara ?

Tout d’abord, nous évoluons dans une alliance et chacune des parties doit pouvoir apporter sa contribution. Ensuite, il est de notoriété publique que la réélection du président Alassane Ouattara a pour fer de lance l’Appel de Daoukro. Alors, le choix d’un cadre actif du PDCI comme Directeur de campagne et porte-parole du président Alassane Ouattara se pose comme un choix stratégique. Vu que ce dernier pourra aisément mettre à la disposition de la campagne toute la machine électorale du PDCI, qu’il maitrise parfaitement. A ce cadre du PDCI, on devrait adjoindre un jeune cadre dynamique du RDR, car on sait que l’électorat ivoirien est en majorité jeune.

«Les 8% obtenus par le président Ouattara pourraient être facilement multipliés par Sept (7) grâce à une certaine stratégie que je compte mettre en œuvre, dont moi seul ai connaissance et que je ne divulguerai pas sur la place publique, parce que non seulement les campagnes ne sont pas encore ouvertes.»

«Les 8% obtenus par le président Ouattara pourraient être facilement multipliés par Sept (7) grâce à une certaine stratégie que je compte mettre en œuvre, dont moi seul ai connaissance et que je ne divulguerai pas sur la place publique, parce que non seulement les campagnes ne sont pas encore ouvertes.»

Comment comptez-vous faire président Méambly, pour que la région de l’Ouest, qui est acquise à la cause de l’ex- président Gbagbo, puisse voter pour le président Ouattara en 2015 ?

Nous avons précédemment précisé que nous tenions un langage de vérité à nos populations. Et dans ce sens, l’analyse que nous leur soumettons part d’un constat. Hier, tout au long des sombres moments de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, les peuples Wê et Dan du Cavally, du Guemon et du Tonkpi avaient de grands cadres dans tous les partis politiques de notre pays. Et pourtant, tous ces cadres ne sont malheureusement pas arrivés à empêcher ce qui est arrivé au grand Ouest. Aujourd’hui, non seulement le Grand Ouest n’a aucun candidat aux élections présidentielles pour demander aux parents de le suivre, mais en tant qu’élu de développement et cadre, nous ne voulons plus jamais que nos populations revivent ce qui leur est précédemment arrivé. Notre objectif principal en tant qu’acteur de développement est la préservation de la paix dans nos régions et dans toute la Côte d’Ivoire. En plus nous avons décidé de tout mettre en oeuvre pour que l’Etat nous aide à remettre à niveau l’ensemble des infrastructures socio-économique de la région du Guemon. Et le ministre d’Etat, de l’Intérieur et de la Sécurité Hamed Bakayoko, au cours d’une visite dans le Guémon, nous avait fait la promesse d’aider fortement à la mise en place d’un plan Marshall pour la reconstruction du Guémon. Nous leur faisons remarquer que d’abord grâce à leurs suffrages, nous avons obtenus aux récentes élections régionales de la Région du Guemon 36,10% ; aux élections présidentielles le président Henri Konan Bédié a obtenu 12 % quand le président Ouattara obtenait 8%. Si nous comptabilisons ces trois résultats, nous obtenons 56% qui sont mathématiquement réalisables dans la région du Guemon et qui est beaucoup plus que ce que cette région lui avait précédemment accordé durant les dernières présidentielles. Les 8% obtenus par le président Ouattara pourraient être facilement multipliés par Sept (7) grâce à une certaine stratégie que je compte mettre en oeuvre, dont moi seul ai connaissance et que je ne divulguerai pas sur la place publique, parce que non seulement les campagnes ne sont pas encore ouvertes. Nous estimons être prêts parce que le président Bédié nous a déjà donné les consignes dans l’antichambre afin que nous réalisions un score qui valorisera son appel et montrera ainsi aux yeux de la nation et du monde les efforts consentis par son «Fils» que je suis pour renverser la tendance dans ma région le Guemon.

Qu’est-ce qui a milité en votre faveur pour des victoires aux législatives reprises trois fois et aux régionales?

Nous avons abordé les élections législatives à Facobly et Régionales dans le Guemon, d’un point de vue marketing. Nous avons tout mis en oeuvre pour respecter la stratégie marketing des 4P (Produit-Prix- Place-Promotion) de Kotler et Dubois qui sont les deux grands penseurs du management moderne. En plus du fait que nous avions, par le passé, procédé à un grand nombre de dons comme les réparations de pompes villageoises, des dons de médicaments et de lits dans les hôpitaux, des kits scolaires aux élèves etc. à Facobly, dans le Guemon et aussi dans tout le Grand Ouest en général (Cavally et Tonkpi). Ensuite nous avons mis les moyens pour rencontrer presque la quasi-totalité des 270 villages de notre circonscription pour échanger avec eux. En plus des données de la veille politique que nous avions préalablement collectées, nous avons pu répondre à bon nombre des objections et aux attentes de nos populations.

Il nous est revenu que vos amis et parents étaient prêts à vous accompagner aux élections de 2015. Qu’est  ce qui s’est passé?

En effet, il s’est trouvé que j’ai reçu une telle sollicitude de la part d’un bon nombre de mes amis, parents et connaissances surtout de ceux de la diaspora. Cette idée a muri après un constat et une enquête d’opinion que certains intellectuels et cadres ont menée sur le terrain. Pour le constat, il s’agissait pour eux de me faire remarquer qu’aux dernières élections régionales, j’ai réussi à obtenir 36,10 % soit 17.887 voix ce qui représente 0,36% à l’échelle nationale, et qui se trouve être les résultats que certains candidats ont obtenu à l’échelle nationale durant les élections présidentielles. Et ces candidats malheureux aux dernières élections présidentielles se retrouvent aujourd’hui admis à de hautes fonctions dans le gouvernement et dans les Institutions. C’est par exemple le cas de: M. Gnamien Konan qui avait obtenu 0,37% et est Ministre, M. Francis Wodié encore récemment Président de la Cour Suprême, avait obtenu 0,29% et M. Mabri Toikeusse avec 2,59 % actuellement ministre d’Etat et un poste de Conseiller auprès du Président de la République, en la personne de M. Flindé Albert pour le compte de l’UDPCI. Par projection, ces cadres et amis auraient souhaité suscité ma candidature aux prochaines élections présidentielles parce que, non seulement convaincus que je pourrais obtenir de façon pessimiste des résultats aux alentours de 6% en comptant avec tout le Grand Ouest qui se reconnaîtrait en moi, en plus des nombreux sympathisants dans des régions comme celles du Gôh, du Lôh Djiboua, de la Marahoué, du Haut Sassandra pour ne citer que celles- là et à l’échelle nationale. Un tel résultat pourrait leur garantir deux (2) Ministres au gouvernement pour porter haut leur voix auprès des gouvernants et leur assurer non seulement la promotion des cadres Wê en souffrance depuis la crise postélectorale et également la reconstruction de l’Ouest montagneux. Cependant si rien n’est fait par le PDCI, il ne faudrait pas être surpris de voir tout l’Ouest basculer vers le ministre Mabri, Président de l’UDPCI, qui se projette pour les élections en 2020 contre le futur Candidat du PDCI en 2020. Nous avons décidé de sursoir à cette proposition pour soutenir l’Appel de Daoukro du Président Henri Konan Bédié et donc la candidature du Président Alassane Ouattara. Je suis conscient qu’ils en souffrent parce qu’avec le positionnement de leur fils, de leur frère, ils pourraient retrouver de l’emploi, leur honneur et revaloriser leur culture. Mais ce refus de ma part a été fait pour la paix et la stabilité de notre région et de notre Côte d’Ivoire et je souhaite que tous le comprenne dans ce sens. Et malgré tout, nous pensons que rien n’est perdu. Nous projetons très prochainement, avec la valorisation de notre sous-sol par l’exploitation des Monts Tia (Kouibly), Klanhoyo (Facobly) et Gao (Bangolo), de nous battre afin que bon nombre de cadres sur la «touche» et un grand nombre de jeunes puissent bénéficier, ainsi que nos populations, des accords et des retombées liés à de telles exploitations. Car, comme je le dis très souvent, l’Emergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020 doit commencer par la Région du Guemon avec la grande richesse de son sous-sol en minerais (fer-or), le futur village minier, la construction du chemin de fer Facobly – San Pedro etc.

Interview réalisé par Ibrahim Doumbia

In Le Sursaut, vendredi 06 mars / dimanche 08 mars 2015