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LIDER News | Abidjan – L’acte de signature de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) a bouleversé la donne politique en Côte d’Ivoire.

Le vendredi 15 mai 2015, près de 3000 personnes ont assisté à la cérémonie solennelle de signature de la charte de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) par les leaders des partis politiques de l’opposition, la société civile et les candidats déclarés à l’élection présidentielle de 2015 en Côte d’Ivoire.

Le lancement de cette coalition intervient quasiment deux ans jour pour jour après l’appel à cet effet lancé par le Pr. Mamadou Koulibaly (président de LIDER et candidat à l’élection de 2015) le 2 mai 2013, lors du séminaire annuel tenu par son parti pour dresser le bilan de la gouvernance du pouvoir en place.

La charte a été signée par ses initiateurs Dr. Martial Ahipeaud (Udl), Laurent Akoun (Fpi), Bah Soumalet (Asd), Dr. Soumaïla Doumbia (Cpr), Pr. Mamadou Koulibaly (LIDER), Théophile Soko Waza (Cpdl), par les candidats déclarés à l’élection présidentielle issus du Pdci, Joël Kablan Brou, Charles Konan Banny et Bertin Kouadio Konan, et Samba David, de la société civile (Cici), devant une salle bondée de militants, personnalités et observateurs, parmi lesquels des ambassadeurs, diplomates et représentants d’organisations internationales accréditées en Côte d’Ivoire et une soixantaine de journalistes et médias nationaux et étrangers.

«Nous disons à tous les Ivoiriens qui ont peur, tous ceux qui ont encore de la frayeur, tous ceux qui craignent qu’on ne les arrête de façon intempestive, tous ceux qui pensent que les futures élections vont être des moments extrêmement difficiles, que la Coalition Nationale pour le Changement est née et que nous sommes là pour les protéger», a déclaré le Pr. Koulibaly lors de la conférence de presse.

Pour ce faire, la CNC invite M. Ouattara à négocier avec elle les conditions d’élections justes, transparentes,  démocratiques et inclusives. La charte, déclamée par 16 jeunes filles et jeunes gens, et acclamée par un public surchauffé, a permis de faire connaitre les revendications de la coalition qui seront au centre des discussions, notamment :

  • la modification du code électoral pour rendre son indépendance à la commission électorale, dont les pouvoirs réglementaires sont aujourd’hui détenus par le président de la République et pour réformer les modalités de dépouillement, de transport, d’agrégation et de publication des résultats ;
  • la dissolution de la commission électorale actuelle et la mise en place d’une commission électorale constituée uniquement d’un nombre restreint de personnalités de la société civile nommées pour une longue période ;
  • l’actualisation transparente et crédible de la liste électorale, qui exclut plusieurs millions de jeunes Ivoiriens et leur dénie leur droit de vote depuis 2010 ;
  • l’exigence de la gratuité du processus d’identification pour les électeurs ;
  • le refus de la société Safran-Morpho (ex Sagem) comme adjudicataire du marché de la confection de la liste électorale et des cartes d’électeurs, alors que cette société est à la base du listing litigieux et confligène qui a mené à la crise postélectorale de 2010;
  • l’exigence que la sécurisation des électeurs, des candidats et des élections soient assurées par l’Onuci et non par les Frci, milices armées partisanes à la solde de M. Ouattara ;
  • l’accès immédiat et équitable de l’opposition aux médias de service public (presse, télévision, radio, agence de presse) ;
  • le financement transparent de l’opposition extra parlementaire ;
  • la libération des prisonniers politiques et le retour sécurisé des réfugiés et exilés politique

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«La priorité de la coalition est de négocier ces conditions des élections. Que le gouvernement sache que tout de suite, cette coalition lui demande de venir à la table des négociations pour débattre de tous les points qui ont été présentés ici. Nous invitons la communauté internationale à passer le message au gouvernement de ce que la coalition est née, ses principaux animateurs sont là et que notre premier réflexe c’est la discussion» a insisté le candidat investi par LIDER, avant de clarifier que la CNC n’est pas une coalition contre M. Ouattara mais pour la Côte d’Ivoire et que la désignation d’un candidat unique de la CNC n’est pas une préoccupation à l’ordre du jour.

«Les dernières élections de 2010 ont créé un tel traumatisme que la peur s’est installée dans nos rangs. Personne ne viendra libérer notre pays à notre place. C’est pourquoi je vous demande de retrousser les manches à nouveau. La CNC, cet instrument de combat que nous mettons à votre disposition, nous demandons à chaque Ivoirien de se l’approprier », a renchéri le député Pdci de Port-Bouët et signataire de la charte, Bertin Kouadio Konan (Kkb).

Alors que près de 1300 invités et militants se pressaient dans la salle de la cérémonie de l’hôtel Belle Côte à la Riviera, presque autant de personnes avaient envahi la cour de l’établissement et les rues adjacentes pour marquer leur soutien à la Coalition et ne rien manquer de ce moment perçu comme historique par les populations.

Plusieurs observateurs nationaux et internationaux ont noté que la démonstration de force de la CNC, sa capacité à se réunir autour d’objectifs fédérateurs et à mobiliser les populations ébranlent fortement la certitude hâtive d’une victoire aisée du président sortant au scrutin de 2015. «Ouattara ne pourra faire le dos rond sur ces revendications, à moins de vouloir passer en force, ce qui serait mal vu par la communauté internationale», confie l’analyste Jean Alabro à l’Afp.

Une réunion de la Conférence des Présidents et Candidats, organe de décision de la Coalition, se tiendra le mardi 19 mai 2015, pour statuer sur les actions à venir, sur la mise en place des structures de fonctionnement et sur l’adhésion de plus de 15 organisations qui ont émis le souhait de rejoindre la CNC.