fidele sarasoro

(Le Nouveau Réveil, 15 juillet 2013) – Directeur Général de l’Autorité pour le Désarmement, la Démobilisation et la Réinsertion (ADDR), Fidèle Sarassoro a été attaqué aux environs de 9h du matin, le 1er juillet dernier. Son cortège et lui ont été pris pour cible par des individus encagoulés armés de Kalachnikovs, sur l’axe Ferké-Kong. Bilan : un mort. L’affaire a été quelque peu éclipsée par la tournée du chef de l’État, Alassane Ouattara, qui débutait le lendemain dans le nord. S’il a flairé l’ampleur du phénomène, le président ivoirien s’est montré davantage pédagogue que sentencieux, invitant, le 8 juillet à Korhogo, les ex combattants abandonner les pratiques criminelles de coupeurs de route. Le soir même, des coupeurs de route ont sévi, mitraillant un car de transport sur l’axe Bouaké Djébonoua faisant deux morts. C’est à croire que le chef de l’État n’a pas été bien compris. Hier, dimanche, le préfet de Samatiguila, Patrice Gueu, en a fait les frais de ce qui s’apparente à une défiance à l’autorité. Son convoi a été la cible d’individus armés. Ils l’ont délesté de ses appareils qui lui « permettent de communiquer avec le ministère de l’intérieur », selon les propres mots du représentant de l’État. Dans la même journée, le maire adjoint de la commune de Samatiguila, Mamadou Diaby, vivait la même infortune, dépouillé, lui aussi, de ses biens, par des coupeurs de route sur l’axe Samatiguila Odienné. Plusieurs sources à Bouaké s’accordent à dépeindre un tableau inquiétant. Selon ces informations, une multitude de routes sont devenues aujourd’hui des zones rouges pour les transporteurs. Ce sont Bouaké Djébonoua, Tiébissou Sakassou, Brobo Bouaké, Botro Tiénigboué et Bouaké Satamasokoro. Au delà, tout le district des Savanes subirait la loi de ces hommes en armes. ainsi, sur l’axe Katiola Dabakala, on a enregistré 11 attaques du genre, en un mois. Seraient devenus des parcours à grands risques, des trajets comme Boundiali Korhogo, Pogo Ouangolo à la frontière ou encore Ferké Kong. Cet axe Ferké Kong serait le plus récent théâtre d’opération, selon nos sources. les attaques sont le fait d’ex combattants présumés, à en juger par le mode opératoire qu’ils emploient, montrant qu’ils ont une bonne maîtrise des armes de guerre et qu’ils s’y connaissent en matière d’embuscade. Ces nouveaux « cowboys des routes » agiraient tôt le matin avant 10 heures, entre midi et deux, ou la nuit tombée. La raison ? Ces heures sont en quelque sorte des heures creuses. Car, les Frci sont absentes des postes de contrôle. Selon nos informations, c’est aux environs de 10 heures que se met en branle les patrouillent dans la zone. Avant cela, militaires, gendarmes et policiers, qui composent la force mixte, procèdent à leurs rassemblements de routine dans leurs unités respectives. Puis, regagnent le 3ème bataillon d Bouaké qui tient lieu de Pc. Sans doute, à cause d’une pénurie d’effectifs, l’artillerie ne couvre pas toute des zones comme Sakassou Bouaké, Botro Tiéningboué, Boundiali Korhogo ou Katiola Dabakala. A en croire des habitants de Bouaké, les périodes de fête intensifient l’épidémie des attaques. Conséquence : la période de ramadan pourrait s’offrir comme une sorte de traite pour ces hommes en armes à la recherche de butin, une entreprise de survie pour certains ex combattants, qui quand ils sont profilés par ADDR, trouvent trop long le processus de leur intégration véritable. La persistance du phénomène de coupeurs de route prend un air de défiance de la part des ex combattants qui n’ont pas été encore pris en compte. Sur ces derniers, le dis cours du président Alassane Ouattara n’a visiblement pas eu d’impact. Ou très peu.

BENOIT HILI