Les populations du village de Petit-Bassam, village balnéaire Atchan (Ebrié) de la Commune de Port-Bouet, à Abidjan, sont au bord de l’affrontement depuis le 09 Août 2021. Alors que deux clans de la génération Tchagba se disputent la chefferie depuis la fin de règne de la génération Dougbô en Décembre 2020, il est reproché à l’administration Préfectorale d’Abidjan d’avoir délivré un Arrêté de nomination à l’un des protagonistes, que conteste vivement l’autre partie.
‘’Nous exigeons le respect scrupuleux de nos us et coutumes. En pays Atchan, la chefferie se transmet par génération, suivant un processus bien élaboré par nos aïeux, Il y a des critères de désignation du chef qui va présider aux destinées du village, maintenant pendant quinze (15) ans. En ce qui concerne ce qui concerne notre village, nous n’allons jamais accepter un chef qui ne remplit pas les conditions, et que l’administration veut nous imposer’’, pestent des membres de la génération Tchagba contre l’Arrêté de nomination de Kodja Zach Délazer délivré par le Secrétaire général 2 de la Préfecture d’Abidjan, M Kacou, et remis, à son bureau du Plateau, à l’intéressé le 09 Août 2021.
Dans un courrier adressé au Ministre de l’Intérieur 48 heures plus tard suite à ce qu’ils appellent une forfaiture, avec ampliations à Monsieur le Président du Conseil d’Etat et au Préfet de Région d’Abidjan, les mécontents, qui disent avoir rempli toutes les conditions imposées par la tradition Atchan, expriment leur colère, par la plume de Dogouah Awoh Eugène, le doyen de la génération Tchagba.. ‘’(…) Monsieur le Ministre, pendant que des efforts de réconciliation sont menés avec les deux groupes en litige, nous apprenons, avec des images à l’appui, que Monsieur Kacou, Secrétaire Général n° 2 de la Préfecture d’Abidjan a remis un Arrêté préfectoral à Monsieur Kodja Zach Délazer comme chef du village, alors que ce dernier est contesté (…)’’, contestent-ils.
Origine des dissensions au sein de la génération Tchagba
A l’origine des dissensions au sein de la génération Tchagba de Petit-Bassam, la contestation par le groupe de Kodja Zach du doyen de la génération, Dogouah Awoh Eugène, après la remise du pouvoir à la génération le 31 Décembre 2020, par la génération sortante, les Dougbôs, qui, alors que leur pouvoir, pris en 2009, s’achevait en 2023, a préféré se retirer plus tôt. Le groupe de Gouédji Yesso Ebénézer dont fait partie le doyen d’âge n’a pas voulu se laisser faire. De réunions infructueuses entre membres de la génération en rencontre de conciliation par le Ministre de la Réconciliation et de la Cohésion Sociale, M Kouadio Konan Bertin en personnes, et d’autres autorités administratives et politiques, rien n’a pu être fait pour la réconciliation des deux clans. Suivant les us et coutumes, la génération sortante a officiellement remis le pouvoir à celui qui répondait aux critères édictés. Etre originaire du village, être salarié, être marié (coutumièrement et/ou civilement), appartenir à une communauté religieuse du village (Harriste ou Méthodiste), assister régulièrement aux réunions du village, avoir une bonne moralité (n’avoir jamais fait de prison, n’avoir jamais vendu de parcelle de terrain appartenant à un tiers dans le village, n’avoir jamais cocufié un citoyen du village) tels sont ces critères, auxquels il faut ajouter certains autres rites, notamment la rencontre entre la génération sortante et celle entrante, soit à la place publique, soit au domicile du chef sortant, en présence des femmes du village, des doyens des deux générations et de la génération des Gnandôs. C’est au cours de cette rencontre que le chef sortant a remis le pouvoir à Gouédji Yesso Ebénézer, en présence de l’ancien chef sorti de la génération Gnandô, Koffi Joseph. Il ne restait plus qu’à aller prendre la bénédiction du Doyen du village (le plus âgé) afin de faire la consultation populaire telle qu’exigée par l’administration, en présence du Préfet ou de son représentant, à la place publique du village, avant la remise de l’Arrêté préfectoral à l’intéressé.
Les critères du choix du chef du village de Petit-Bassam
Ce rituel, les partisans de Gouédji Yesso Ebénézer accusent Kodja Zach Délazer de ne les avoir pas remplies, encore moins qu’il ne répond aux critères de désignation du chef. Selon eux, ‘’la mascarade qu’ils ont produite à travers les réseaux sociaux, en présentant des images de certains membres de la génération Dougbô au domicile du doyen du village, un octogénaire incapable d’attraper une cuiller pour sa propre alimentation, et qu’ils disent avoir signé un document n’est que l’œuvre de son petit-fils, Tosé Bienvenu Adolphe alias Ohou Bienvenu Adolph, abandonné par son père Béninois à qui le doyen Ohou Edouard a donné son patronyme Ohou pour cause de scolarisation, fils de sa fille Ohou Yvonne. C’est celui-là qui a de tout temps empêché tous les ayant-droits, même le chef sortant, de voir le doyen, qui a, donc, tout manigancé. Sinon, Kod Zach n’a jamais travaillé, il habite la cour de son père depuis son enfance jusqu’à maintenant, il n’a pas d’enfant, il a déjà vendu des terrains appartenant à la famille Atchado,, etc. Il ne peut, donc, être notre chef parce qu’il n’est pas d’une bonne moralité’’, lui reprochent ses détracteurs. Qui plus est, ‘’nous ne nous sommes jamais entendus sur son nom pour être notre chef de village comme cela se fait habituellement’’. Quant à Gouédji Yesso Ebénézer, ‘’il est chef d’équipe dans une grande parfumerie d’Abidjan situé à Yopougon, il est marié à une femme ressortissante du village (civilement) depuis plus de quinze (15) ans, avec trois (03) enfants, en plus des autres critères qu’il remplis’’, disent-ils enfin.
Curieusement, se plaignent les autres membres de la génération Tchagba, c’est dans l’attente d’une suite à toutes les démarches visant une conciliation et la paix dans le village qu’ils reçoivent une information les invitant à la consultation populaire. Le mercredi 17 Février dernier, à la surprise générale, Messieurs Doumbia (aujourd’hui affecté ailleurs) et Kacou Martin, l’actuel Secrétaire Général 2 de la Préfecture d’Abidjan font précéder leur arrivée dans le village d’un important détachement de 04 cargos de Gendarmes Commandos pour, disent-ils, la consultation populaire.
Une consultation populaire sans fondement des us et coutumes Atchan
‘’Ce jour-là, se souviennent les partisans de Gouédji Yesso Ebénézer, au moment où nous partions sur la place publique pour marquer notre opposition, nous avons été copieusement molestés par les Gendarmes qui nous ont empêchés d’accéder au lieu de la consultation. Au nombre des personnes malmenées, se trouvent Moya Suzanne, Donhon Madeleine, Beugré Monique et Akpo Guy-Roland. Ce dernier a même été embarqué de force pour le Camp Commando de Koumassi, d’où il est revenu aux environs de 18 h sans son téléphone portable. Ils ont, donc, fait leur prétendue consultation populaire avec des personnes triées sur le volet. Aucun membre de la génération Dougbô, à laquelle nous succédons, n’était présent sur le lieu. Alors que c’est avec le chef du village sorti de cette génération que nous devons faire la passation de pouvoir. Selon les informations nos ‘’oreilles’’ sur le lieu, seules 04 personnes ont pris la parole pour entériner ce choix :dame Bobo Anne qui est la présidente de la génération Gnandô-supérieure aux Dougbôs-, son petit-fils Willy, de père Kroumen, et dont la mère n’est même pas du village, qui a été présenté comme président des jeunes, un certain Bertin, un Baoulé résident de Petit-Bassam et qui n’y a aucun lien familial, ni filiation et Koutouan Clément, le vice-doyen de la génération, alors que le doyen était bel et bien présent au village, mais empêché de se rendre sur le lieu par les Gendarmes. Leur doyen d’âge présent sur la place n’était autre que Djirabou Joseph alias ‘’Parigo moisi’’, un membre de la génération Gnandô notoirement connu dans le village comme «rebelle» à tout ce qui est ordre normal établi’’, pestent-t-il encore. Ils expliquent qu’en pareille circonstance (consultation populaire), le chef et les membres de sa génération qui passent le flambeau doivent être présents, la présidente des femmes de la génération Tchagba et ses «sœurs», ainsi que le doyen attitré et les membres de la génération Tchagba doivent être présents. Il en est de même de la génération Gnandô dont le doyen, et même le chef qui a gouverné le village, qui entérinent publiquement le choix de la génération pour la chefferie. N’ayant pas suivi cette procédure comme partout ailleurs dans les autres villages Atchan, les membres de la génération Tchagba, dans leur grande majorité, ne décolèrent pas, aussi bien contre l’auteur de l’Arrêté de nomination délivré à Kodja Zach Délazer le 09 Août dernier, près de six mois après cette consultation et le considèrent comme nul et de nul effet.
Le détenteur de l’Arrêté ne veut pas nous recevoir
Au cours d’une rencontre avec Gouédji Yesso Ebénézer, celui-ci a dit se soumettre à la volonté des membres de sa génération, des Dougbôs, des femmes et des doyens. ‘’Je me rallierai à ce que décidera la génération. Mais j’appelle à la raison des uns et des autres, et que l’autre camp accepte les échanges que nous lui proposons sur l’avenir du village. Il y va de la perpétuation de nos us et coutumes’’, a-t-il dit.
Appelé par téléphone pour des échanges, Kodja Zach Délazer a dit ne pas être disponible, et qu’un membre de sa chefferie nous reviendrait. Cela fait une semaine.
Laurent Nahounou
laurentmadoun@gmail.
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