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Massacres à Mutarule en territoire d’Uvira , dans la province du Sud-Kivu en RDC

Si les précurseurs du mouvement panafricain pouvaient aujourd’hui voir ce que certains prédateurs itinérants ont fait de leur belle pensée, ils se retourneraient sans nul doute dans leur tombe. L’on continue en effet de se demander au nom de quel panafricanisme un aventurier congolais, issu d’une zone africaine de perpétuelles turbulences, une zone en proie à d’interminables guerres et d’atroces tueries, peut ignorer les tristes réalités de son pays et s’arroger le droit de s’immiscer aussi ouvertement et surtout maladroitement dans un débat interne à un parti politique ivoirien, en l’occurrence le FPI.

René Kimbassa, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a pourtant de quoi se mettre sous la plume dans son Congo natal pour éviter que les nombreux conflits à rebondissement qui déchirent ce vaste pays ne deviennent des guerres oubliées et ne soient rangés dans les musées de l’histoire devant la lassitude de la Communauté internationale et des pays voisins qui peinent depuis de longues années à y trouver une solution définitive ou tout au moins durable. Le conflit congolais a déjà fait plus de 6 millions de morts et reste le plus meurtrier de l’histoire après la Seconde Guerre Mondiale. Absolument ahurissant!

Pourquoi René Kimbassa ne s’intéresse-il donc pas à tous ces crimes odieux et aux nombreux massacres qui ont lieu chaque jour dans son Congo martyrisé depuis le long règne du dictateur Mobutu et même depuis l’assassinat de Patrice Lumumba? Il aurait aussi voulu parler de crise dans un parti politique qu’il se serait penché sur la situation confuse au sein du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et de sa branche armée, l’Armée de Libération du Congo (ALC), deux entités créées par le chef rebelle Jean-Pierre Bamba aujourd’hui détenu à la CPI. René Kimbassa aurait ainsi pu nous expliquer pourquoi l’Ouganda a aidé Jean-Pierre Bemba Gombo à mettre sur pied ces structures politique et militaire, pourquoi il a été accusé de crimes contre l’humanité et même de cannibalisme, comment après son arrestation son parti et sa milice font face à de nombreuses querelles de leadership et à des démissions en cascade.

Il reste vrai que René Kimbassa fait souvent de rapides incursions dans l’actualité en Lybie, au Nigéria, au Cameroun et dans bien d’autres pays africains où la situation socio-politique est fragile et instable. Partout, il tente tant bien que mal de dénoncer les violences, les injustices et le chaos. Mais depuis l’éclatement de la crise interne au FPI, c’est surtout et très curieusement la situation dans ce parti qui monopolise dorénavant l’attention de cet immigrant en poste dans une municipalité en France et qui passe le plus clair de son temps à soutenir la rébellion des frondeurs pour répandre des mensonges et de graves contre-vérités. Outre d’autres dérapages et d’autres incongruités, il fut ainsi le premier à annoncer le 6 mars 2015 que Laurent Gbagbo était satisfait du Comité Central clandestin tenu dans un domicile privé aux Deux-Plateaux par les adversaires du président Pascal Affi N’Guessan. Sans aucune gêne, René Kimbassa avait notamment annoncé ceci sur son Blog: « Le président Laurent GBAGBO satisfait du Comité Central d’hier. Informé tout à l’heure de la tenue du Comité Central Extraordinaire et de ses résolutions suspendant Pascal AFFI N’guessan et confiant l’intérim à Aboudrahamane SANGARE »

Par la suite, ce canular avait été repris par les activistes frondeurs sur les réseaux sociaux et dans la presse sans que l’authenticité et la véracité de l’information soient établies. Un homme comme Laurent Gbagbo qui a toujours défendu la démocratie et la légalité peut-il se réjouir d’un coup d’État dans le parti qu’il a créé? Peut-on se proclamer démocrate, falsifier des lettres et des signatures, lire les Textes à l’envers et prétendre destituer le président statutaire du parti à travers une réunion familiale privée, sans attendre le Congrès, seul habilité à le faire? En soutenant les incohérences et les errements de la rébellion des frondeurs, René Kimbassa n’est-il pas en train de montrer qu’en réalité, lui et certains autres faux panafricanistes ont activement et secrètement soutenu la guerre d’Alassane Ouattara et de Soro Guillaume contre Laurent Gbagbo et la Côte D’Ivoire? Il est bien facile et commode d’être un agent des puissances impérialistes et d’infiltrer les luttes de libération en Afrique.

Nous sommes donc ici très loin du panafricanisme humaniste et révolutionnaire qu’avaient défendu le jamaïcain Marcus Garvey, l’américain William Du Bois, le ghanéen Kwame Nkrumah et tous les autres leaders noirs. René Kimbassa, notre panafricaniste du dénigrement, de la délation et des coups bas ne prône nullement l’entente, la fraternité, l’unité et la solidarité entre tous les noirs dans le monde. Contrairement aux pionniers de l’éveil de la conscience noire, qui demandaient aux noirs de surmonter les profonds traumatismes infligés à eux pendant des siècles par les grandes tragédies de l’histoire que sont la traite négrière, l’esclavage et la colonisation dont les stigmates persistent encore et restent toujours vivaces, le Sieur René Kimbassa fait du coq-à-l’âne et saute sans cesse par-dessus les frontières pour semer la haine dans les cœurs et dans les esprits, diviser, alimenter les dissensions, approfondir les fractures et disperser les énergies au sein des nations et des organisations politiques.

Le problème de René Kimbassa n’est pas que les noirs, qu’ils soient dans un État ou dans un parti politique de combat comme le FPI, retrouvent individuellement et collectivement la confiance en eux-mêmes pour s’assumer et assumer leur destin de noirs, se remettre debout pour se tailler, tailler à leur pays et à leur continent un destin autre que celui que l’on veut leur imposer. Il est ainsi indéniable aujourd’hui que René Kimbassa et certains aventuriers sans foi ni loi se sont brusquement convertis à un prétendu panafricanisme pour ternir et briser les généreuses thèses du noble combat panafricaniste. Comment appeler un tel activisme nocif et malsain si ce n’est de la rébellion sans frontière?

Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco