Miaka Ouretto

En mission en Italie, se croyant loin du regard des Ivoiriens, Miaka Ouretto a fait de graves révélations sur les élections locales, l’Expression vous propose de larges extraits de son discours. 

(L’Expression, 26 avril 2013) – « En politique, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Les spécialistes politiques parleraient de variables objectives et de variables muettes. L’alliance est une attitude que différents animateurs de la vie politique estiment nécessaire à un moment donné, en se disant qu’il faut que nous ayons une attitude commune face à une situation donnée. Je suis très à l’aise de le dire, parce que nous avons fait alliance avec le Rdr en 1995. Ce qui nous a conduits au boycott actif, c’est important de s’en souvenir. Le Rdr se réclame parti centriste, nous au Fpi, on est de gauche. Ce qui veut dire du point de vue des valeurs, qu’on n’a rien en commun. Ce qui était le déclencheur qui nous a amenés à cette attitude là, c’est le Pdci qui était au pouvoir, sous la forme d’un monstre avec tous les gros moyens. Laurent Gbagbo a fait mille et une prisons sous ce régime. On s’est assis alors pour trouver ce qu’il y avait à faire. On a décidé de provoquer une fracture dans ce pouvoir. Le Fpi a donc créé le Rdr pour jouer ce rôle. On s’est dit alors qu’il faut une alliance entre les deux partis pour instaurer la démocratie en Côte d’Ivoire. Ce qui nous a permis d’obtenir le vote à 18 ans, le bulletin unique et autres.

Le Fpi a créé le Rdr pour déstabiliser le Pdci

On s’est alors mis d’accord qu’une fois la démocratie instaurée, chaque parti prend sa route pour gagnerMise en page 1 la confiance des populations sur la base de son projet de loi. C’est ainsi que le Front républicain a éclaté de fait, quand le Cnsp de Guéi Robert a accepté ces atouts démocratiques. Donc, l’alliance s’établit à des moments où on a besoin d’un objectif pour avancer. Actuellement, la situation du pays est devenue pénible. Le Pdci sait que le président Ouattara a un autre plan B qui est de modifier la démographie électorale de la Côte d’Ivoire. Il ne veut pas discuter avec le Fpi parce qu’il se dit qu’il a le Pdci dans sa poche. Le danger qui guette la Côte d’Ivoire existe. Il faut savoir qu’entre deux maux, il faut choisir le moindre mal. C’est pour sauver la Côte d’Ivoire, notre pays, que nous avons lancé cet appel au Pdci. C’est pourquoi on a dit aux militants, lorsque vous voyez un candidat du Pdci et celui du Rdr face-à-face dans une commune, le mieux pour ceux qui veulent sauvegarder le pays est de voter le candidat Pdci. Parce que quand les conditions de la démocratie seront remises en place, si cette mairie est sous le contrôle du Rdr, c’est foutu pour le Fpi et nos populations. Il vaut mieux alors que ce soit la liste Pdci qui gagne au lieu de celle du Rdr. Parce que le Pdci est plus tolérant envers le Fpi que le Rdr. C’est le mot d’ordre stratégique que nous avons. Ce n’est donc pas une alliance qu’on a faite avec le Pdci, parce que pour lier une alliance, on s’assoit et on définit les clauses qui vous lient. Mais le Pdci lui-même, qui a compris cela, c’est ce parti qui vient vers nous. Quand je suis à Abidjan, je ne dors pas. Je crois qu’il ne faut pas s’auto-flageller, parce que tous ceux qui parlent de l’ivoirité pour s’opposer à notre rapprochement avec le Pdci savent dans quel contexte ce vocable a été utilisé. Le Fpi est en train de pointer son doigt vers le lieu qu’il faut regarder pour sauver la Côte d’Ivoire».

Sam-Wakouboué