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Marie Catherine Koissy, chef d’entreprises, est  une femme de communication.  Directrice générale-Fondatrice et Promotrice d’une radio FM de proximité, elle est Experte en Communication et Stratégie de l’Image. Lauréate du Prix d’Excellence 2014 du meilleur Manager, Marie Catherine Koissy, Macathy Aimsika pour les intimes, s’est entretenue avec le Zaouli Mag. Nous vous livrons l’intégralité de cet entretien.
 
Marie Catherine Koissy vous avez obtenu le Prix d’Excellence 2014 du meilleur manager de radio. Qu’est-ce que ça vous fait de recevoir une telle distinction ?

Je me sens honorée par cette distinction à vrai dire. Elle me donne l’assurance que je ne me suis pas trompée de carrière et qu’il faille que je persévère…

Qu’est-ce qui selon vous a fait la différence en votre faveur ?

Demandez au jury quels ont été les critères de cette sélection ! En ce qui me concerne, je pense que quelque part si le jury m’a sélectionnée c’est que je remplis les critères d’excellence prônés par ce prix. Le travail, le courage, la persévérance, le respect du cahier de charge, les initiatives prises, l’expérience…La commission a aussi sondé mon personnel qui a eu à me noter également. Et puis sans me vanter, n’oubliez pas que je suis la première et la seule femme fondatrice-promotrice/DG de radio en Côte d’Ivoire ! Ce sont quand même des atouts…Cela n’a pas été facile tout ce temps et cela n’est pas facile du tous les jours ! Mais je dis toujours que quand on est passionné on trouve toujours les ressources pour être excellent ! Merci au jury.

mck2Quelle avait été la motivation qui vous a donné envie de créer Cocody Fm ?

D’abord la passion de la radio en tant qu’animatrice radio RTI moi-même à l’époque et l’ambition personnelle de manager une équipe de radio en professionnel. Vous savez, j’ai quand même commencé par créer une entreprise de communication en 1995 « Images Communication ». Cette entreprise a eu comme premier « bébé » fin 1995 un magazine « Images Magazine » qui a reçu un prix d’encouragement de l’ACCT de la République française en me mettant des fonds à disposition pour m’aider à évoluer dans la presse écrite. Malheureusement en 1999 il y a eu une crise politique dans notre pays qui nous a freinés dans nos ardeurs. Cependant, au niveau de la radio le projet a continué depuis 1999 et voilà aujourd’hui…

15 ans après, quel bilan faites-vous ?

Mon bilan à mi-parcours est positif ! J’ai tenu et contre vents et marées j’ai réussi à positionner cette radio avec la collaboration d’un certain nombre de personnes à qui je rends hommage à l’occasion. Je remercie aussi, particulièrement mes formateurs et mes modèles tous en Côte d’Ivoire : Fernand DIDIA, Tony ADJATOU, Maurice YAO KONAN, Brigitte OBROU, Macy DOMINGO et Pol DOKUI lui m’a donné le nom de « MCKOISSY » qui m’a porté chance finalement. C’est à eux que je dois ce prix : ils m’ont formée et m’ont fait aimer passionnément ce métier qui me fait vivre aujourd’hui. Ce sont eux mes modèles et mes mentors. Merci à eux…
Merci également à l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire de m’avoir cooptée en Juin 1999 pour bénéficier d’une bourse française pour aller à Brie sur marne à l’INA pour être formée comme Manager de radio de proximité. Ils ont aussi contribué à ma réussite.

Vous avez débuté une carrière d’enseignante avant de vous tourner vers la radio. J’imagine que ça n’a pas été un choix facile…
Si ça été très facile car très tôt j’ai su que j’évoluerai dans cet environnement en free lance ou en professionnelle. Jai commencé à enseigner en 1989/90 et j’ai commencé à animer à la RTI en 1991. J’ai arrêté l’enseignement en 1995 parce que je me sentais beaucoup plus passionnée par la communication audio visuelle.
Qu’est-ce que cette expérience de prof a apporté à votre regard d’actrice de médias ?
D’abord mes études supérieures dans une grande école comme l’Ecole Normale Supérieure » m’ont formée à la prise de parole, m’ont enrichie intellectuellement et m’ont donnée de l’assurance. La pratique de l’enseignement m’a donné une certaine expérience qui m’a vraiment aidée dans ce métier. Mon regard, mes relations, mes perceptions, mon management etc …tout cela a été et est influencé par ma formation de « Normalienne ».
Aujourd’hui la radio occupe une place centrale dans votre vie… Quels plaisirs vous procure-t-elle ?

La radio me procure « un Bonheur de grand style sans commune mesure avec le bonheur léthargique de l’épicier »…pour reprendre une idée de la définition du Bonheur selon le philosophe allemand NIETSZCHE. Pour rien au monde je ne changerais de plaisir figurez-vous…

Quels sont les souvenirs de votre carrière d’animatrice radio que vous portez encore avec plaisir ?

Ils sont nombreux…

Y en a-t-il qui vous hantent ?

Non. Je ne garde que de bons souvenirs de mes années RTI.

mckD’après vous, quel rôle la radio doit-elle jouer dans l’évolution des mœurs et des mentalités ? 
la radio est un formidable outil de communication ! C’est un compagnon au quotidien qui vous tient compagnie, qui vous parle, qui vous explique, qui vous instruit, qui vous sensibilise, qui vous divertit, qui vous émeut, qui vous rassure, qui vous donne une ouverture sur le monde et vous emmène sur un plateau d’or tous vos rêves ,même les plus fous…La radio joue un rôle fondamental dans l’évolution des mœurs et des mentalités…Autrefois avant l’avènement de la Télé, la radio était un gros et grand meuble qui trônait au centre du salon et elle rassemblait les familles dans un rituel d’écoute. Et puis le volume des radios a diminué au fur et à mesure du temps. Aujourd’hui sur un transistor, sur internet ou même sur un téléphone portable on peut écouter la radio et être touché par une information qui vous chamboule toutes vos convictions…

Quelles sont les qualités qu’il faut avoir pour être un bon animateur radio ? Y a-t-il des pièges à éviter ?
Je pense que pour être un bon animateur il faut , entre autre, être un passionné de radio! On peut avoir du talent ou pas il faut absolument être formé aux techniques élémentaires de ce métier. Il faut savoir parler la langue officielle, être cultivé et ne pas arrêter de se cultiver afin de pouvoir intéresser les auditeurs…
Marie-Catherine Koissy, quel est votre rapport à l’art en général et au livre en particulier ?

Je suis une femme de culture. L’art en général m’intéresse !!!Cependant la littérature est une de mes passions. Depuis l’enfance à Noel ou aux anniversaires au lieu de demander des poupées et autres jouets comme les petites filles de mon âge, je demandais des livres, des collections de livres et je m’enivrais de ces trésors….

Vous avez des livres de chevet ?

Ma chambre est une bibliothèque où les livres et les journaux se disputent une place avec mes vêtements et chaussures…C’est pour vous dire !!!!

 « Les afterworks littéraires de Aimsika », c’est une idée très généreuse…

Ah oui ? Sans doute…A l’Espace AIMSIKA nous n’organisons pas que des afterworks littéraires même si c’est vrai que nous avons commencé par la littérature. Les thèmes sont variés : sport, musique, mode, beauté, question du genre…Nos « soirées pensantes » sont très appréciées…

Vous seriez en train de travailler sur un projet d’écriture…De quoi sera-t-il question dans cette œuvre ?

Vous le saurez en temps…

Marie-Catherine Koissy, dans une interview à confrère de la place, vous proclamiez être une femme libre. Qu’est-ce à dire ?

Je suis libre de mes choix de vie…

Quel est le moment de votre vie où vous vous êtes sentie le plus libre?

Aujourd’hui à 50 ans…

Quand vous regardez derrière vous, y a-t-il des choses que regrettez d’avoir fait ?

Rien ! Je ne regrette rien du tout…J’ai réalisé mes rêves et j’assume tous mes choix…

Quand on vous entend parler, on a le sentiment que vous voulez vous alléger d’un poids, d’une profonde blessure…

Nous avons tous nos blessures, vous le savez ! Enfant, j’avais de gros « handicaps » mais je me suis battue toute ma vie pour surmonter ces « handicaps » et devenir ce que je suis : une femme bien dans sa peau, libre et épanouie. Tout n’a pas été du tout facile contrairement à ce que l’on croit et c’est peut-être ce qui transparaît dans mes propos…

Vous avez soufflé vos 50 ans et contrairement à la majorité des femmes n’en faîtes pas de mystère. Est-ce par défi ou par orgueil que vous lancez sans cesse votre âge à vos interlocuteurs ?

Je trouve que les hommes dans ce pays ne respectent pas assez les femmes et se permettent des légèretés que je n’apprécie pas du tout. Ils draguent tout le monde n’importe comment avec leurs « gros sabots », habitués sans doute à la médiocrité ambiante: jeunes femmes, moins jeunes, mariées ou pas…Non de Dieu, on ne drague pas une dame de cette âge-là comme on drague une jeunette, à moins qu’elle ne vous en ai donné le droit ! Cela dit , moi je suis tellement fière d’avoir cet âge que je ne peux même pas imaginer le cacher. Pourquoi je ne dirais pas mon âge ? Pour espérer séduire encore ? Pour séduire des personnes plus jeunes ? Pour espérer trouver du travail ? Des amis ? Pour arrêter le temps et me donner l’illusion que je suis encore jeune et fraîche alors mon corps change visiblement, mon métabolisme n’est plus le même, mes hormones me jouent des tours???….Rires. C’est ridicule !!!! Je ne sais pas pourquoi il faudrait que je cache mon âge…J’ai 50ans et jamais je n’ai été aussi fière d’avoir un âge. Merci Seigneur.

Quels sont les principaux défis que les femmes doivent aujourd’hui relever?
Etre elles-mêmes. Etre indépendante financièrement. Etre instruite pour comprendre le monde dans lequel elles vivent et se donner les armes pour les relever…
Quelle image de la femme cherchez-vous à transmettre ?
Je ne veux rien transmettre du tout ! Chacune fait son expérience en fonction de ses objectifs, de ses rêves…Moi j’ai toujours rêvé d’être moi-même…

Serges GRAH

Zaouli Mag

Chapô de la Rédaction