Ivoiriennes et Ivoiriens,
Marcel Amon-Tanoh : « Le rappel à Dieu d’Amadou Gon Coulibaly exhorte la Côte d’Ivoire à l’unité et à la concorde. »
Chers concitoyens,
Dans une douleur immense mais avec dignité, la Côte d’Ivoire vient de rendre un hommage mérité à l’un de ses fils illustres, le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly, dont nous pleurons tous encore la brutale disparition.
Homme affable et chaleureux, il était pour moi un allié sur le plan familial, un ami et un frère, un compagnon de lutte de très longue date.
Alors que la nation ivoirienne porte le deuil de ce grand serviteur de l’État, qui s’est sacrifié pour son pays, je ne peux m’empêcher de penser que le rappel à Dieu d’Amadou Gon Coulibaly exhorte la Côte d’Ivoire à l’unité et à la concorde. C’est le plus bel hommage que nous puissions lui rendre.
En effet, le contexte même de cette épreuve et la situation sociopolitique de notre pays nous interpellent tous, quels que soient notre rang social et nos opinions.
Sur le plan économique, la Côte d’Ivoire subit le contrecoup de la pandémie de la Covid-19, qui enregistre chaque jour de nouveaux cas positifs. Nous aurons de nombreux défis à relever dans les mois qui viennent pour repartir de l’avant. Il nous faudra notamment soutenir tous ceux dont l’activité a été affectée par cette crise sanitaire.
Sur le plan social, qu’il s’agisse d’emploi, de santé ou d’éducation, les aspirations de notre peuple sont aussi immenses que légitimes. La grande majorité des Ivoiriens reste en attente d’une amélioration de leurs conditions de vie.
Sur le plan sécuritaire, les menaces se multiplient à nos frontières, plongeant nos populations dans l’angoisse. Elles sont devenues les malheureuses victimes de bandes armées sans foi ni loi.
Les foyers de tension et la situation sécuritaire dans la sous-région demeurent des sujets de préoccupation.
Sur le plan politique, le contexte actuel est marqué par un vide constitutionnel qui ne doit pas perdurer.
Le débat républicain a fait place aux calculs préélectoraux et les questions d’intérêt général ont été reléguées au second plan.
Objet de nombreuses controverses, le processus électoral est suspecté et critiqué.
Le dialogue entre les différents acteurs et formations politiques est interrompu.
Tous ces signaux alimentent la crainte d’une nouvelle crise.
Chères sœurs, chers frères,
La Côte d’Ivoire, notre pays, revient de loin, de très loin. Notre responsabilité individuelle et collective est en cause. Ne laissons plus la politique prendre en otage tout un peuple.
A l’occasion de la prochaine élection présidentielle, je formule le vœu que nous sachions nous recentrer sur l’essentiel : l’amour, la paix, l’union, la solidarité, le travail et la prospérité partagée.
Nous devons aux électeurs un débat digne, respectueux, constructif et démocratique.
Des millions de nos compatriotes espèrent des propositions concrètes et réalistes, un projet pour demain. Ne les décevons pas : les Ivoiriens ne tolèreront plus de crise générée par des questions d’égo et d’orgueil. Dans le concert électoral qui s’annonce, les ténors devront chanter juste.
Comme je l’ai fait à plusieurs reprises, j’invite le Président de la République à tendre la main à tous les acteurs politiques pour renouer le fil du dialogue et je demande à l’opposition de saisir cette main tendue.
A l’occasion de la sortie de notre pays du conseil de sécurité de l’ONU, je rappelais notamment que « la Côte d’Ivoire ne peut avoir prôné le dialogue dans la prévention et la résolution des conflits dans le monde et ne pas donner l’exemple ».
Je persiste et je signe : l’heure est venue de faire preuve d’humilité et de s’asseoir sous l’arbre à palabres. Aucun sacrifice n’est trop grand pour sauver notre bien commun, l’héritage de nos enfants, notre pays la Côte d’Ivoire, que nous disons tous aimer.
Ouvrons un espace de concertation, donnons une chance à l’intelligence collective. Préservons la paix si difficilement retrouvée.
La Côte d’Ivoire est un pays libre, une nation souveraine, généreuse et ouverte.
Elle doit le démontrer à la face du monde en réussissant ce nouvel examen de passage démocratique. Alors, le 60ème anniversaire de notre indépendance prendra tout son sens et nous serons fiers de regarder nos enfants dans les yeux.
Fait à Abidjan, le 19 juillet 2020
Marcel Amon-Tanoh
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