Le Mali célèbre sa «souveraineté retrouvée» (AP Photo/Harandane Dicko)

« La journée nationale de la souveraineté retrouvée », a été célébrée ce 14 janvier à Bamako dans des écoles et universités du pays, en présence des autorités du pays, autour des thèmes relatifs à la souveraineté, la refondation, la résistance et le patriotisme.

Le 30 novembre 2022, la junte militaire malienne, a décidé d’instituer le 14 janvier, « journée nationale de la souveraineté retrouvée », en souvenir de la grande mobilisation du peuple malien contre les sanctions économiques et financières de la CEDEAO et de l’UEMOA prononcées le 9 janvier 2022.

En raison de l’insécurité qui règne dans le pays, les autorités du pays ont fait le choix de célébrer la 1 ère édition de la journée nationale de la souveraineté retrouvée, de façon sobre et sans rassemblement dans plusieurs écoles et universités du pays, où dès le 13 janvier 2023, les notions de souveraineté, de patriotisme, de refondation et de résistance, ont été promues , enseignées et inculquées  aux élèves et étudiants d’une part et à l’ensemble de la population malienne d’autre part.

Pour rappel, les sanctions des organismes communautaires contre le Mali, sont intervenues le 9 janvier 2022 pour contraindre les « 5 » colonels à définir un calendrier de retour à l’ordre constitutionnel.

Depuis lors, le pays a subitement tourné casaque vers la Russie et, la défense de la souveraineté, tant dans son aspect national qu’international, imprègne les discours et la posture de la junte militaire au pouvoir depuis le 07 juin 2021.

Contrairement aux chantres de la souveraineté et de la refondation du Mali, les maliens proches de l’Iman Dicko et de l’opposition malienne, sont vent débout contre les orientations politiques et militaires des autorités du pays, jugés illégitimes d’initier un projet d’élaboration de la constitution malienne.

« Parmi ces procédures, l’initiative de la révision de la Constitution appartient au président de la République et aux députés. Aujourd’hui nous n’avons pas de président de la République et nous n’avons pas de députés non plus. Nous avons un président de la Transition qui a été choisi et des membres ou conseillers du Conseil national de Transition », a clamé Youssouf Daba Diawara, coordinateur général de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS).

« La journée nationale de la souveraineté retrouvée », devant réunir le peuple malien, a plutôt été l’affaire des farouches partisans de la junte militaire. L’opposition du pays, n’a pas partagé le sentiment de fierté nationale célébré ce 14 janvier et, à en croire  Ismaël Sacko, président du Parti socialiste démocrate africain (PSDA) et vice-président de la plateforme Jigiya Kura, «  notre pays a été obligé de traiter avec les mercenaires de Wagner. Quand la sécurité du pays est traitée par des mercenaires payés à coups de milliards, on ne peut pas parler de souveraineté retrouvée. Quand une partie de la population a faim, nous en sommes aujourd’hui à plus de cinq millions de Maliens qui n’arrivent pas à se nourrir, on ne peut pas parler de souveraineté retrouvée ! Donc pour nous, c’est du leurre, c’est du bluff et, une fois de plus, de la propagande de la part de la junte militaire au pouvoir au Mali qui veut surfer sur un sentiment dit nationaliste pour pouvoir se maintenir au pouvoir » a-t-il asséné sur les ondes de RFI.

La « guerre » ouverte entre la junte militaire malienne et les partisans de l’iman Dicko, soutenus par l’opposition malienne rend donc ardue le projet de refondation initié par Assimi Goïta et ses frères d’arme, là où l’unité des intelligences et la cohésion sociale sont nécessaires pour la reconstruction du Mali, en proie aux jihadistes qui occupent 80% du territoire national.

Adingra OSSEI (Correspondant)