lida-kouassiL’affaire va faire grand bruit dans la capitale économique ivoirienne. Au centre du scandale, Lida Kouassi Moïse, ancien ministre de la Défense de Laurent Gbagbo. L’affaire, à entendre l’une des parties, débute précisément en avril dernier au moment où l’ancien pensionnaire de la prison de Bouna bénéficie d’une liberté provisoire. Dans sa quête de terrains, bien en vue, pour y construire magasins et appartements de haut standing, N’Zi Affoué Eliane, entrepreneure en bâtiment, rencontre Tékpo Abraham qui se présente comme le frère aîné de l’ancien ministre de la Défense de Gbagbo. Ce dernier propose à dame N’zi un terrain de 300 m2 à la Riviera dans la commune de Cocody qu’il affirme lui appartenir. L’homme la met ensuite en relation avec Lida Kouassi Moïse qu’il présente comme son aîné. L’ancien ministre de la Défense sous Laurent Gbagbo montre à l’entrepreneure le lot numéro 365 îlot 25 – d’une superficie de 1915 m2 – sis à Cocody les Deux Plateaux, 8ème Tranche, faisant l’objet du titre foncier n°93374 du livre foncier de Cocody. Après d’âpres discussions, la dame accepte de payer respectivement à Tékpo Abraham et à Lida Kouassi Moïse, les sommes de 17 millions et de 100 millions de F Cfa pour leurs terrains. A la conclusion de la transaction, Lida Kouassi prend le soin de préciser que le terrain qu’il met en vente provient d’une cession de la société dite SATCI à son profit et qu’il n’en détient pas le titre de propriété. Cependant, il informe par écrit la SATCI de sa volonté de céder la parcelle à dame N’ZI. «J’avais une Mercédès que je vendais à 22 millions de F Cfa. Ils m’ont dit qu’ils étaient intéressés et ont souhaité que je la leur laisse à 15 millions. Puisqu’ils étaient à pied et dans l’urgence, Lida Kouassi a pris la Mercédès qu’il utilise jusqu’à présent. La mutation n’a même pas encore été faite. Les papiers du véhicule portent toujours mon nom», relate l’opératrice économique au cours de la conférence de presse qu’elle a animée samedi dernier à sa résidence à la Riviera Golf. Poursuivant, Mme N’Zi par ailleurs directrice générale de Socofed, ajoute qu’elle a même acheté, à quatre millions de FCfa, un véhicule Renault Scenic pour Tékpo Abraham, déductible du prix du terrain. Les deux parties se rendent, ensuite, chez un notaire, Me N’Guessan Aya Odile (aux Deux Plateaux), pour sceller la transaction. Comme acompte, N’Zi Affoué Eliane remet à Lida Kouassi la somme de 88 millions de F Cfa et 15 millions à Tékpo Abraham. Soit un total de 103 millions de F Cfa. Jusque-là, tout va bien. C’est lorsqu’elle demande à son notaire de lui faire parvenir le titre de propriété à son nom que N’Zi Affoué Eliane se rend compte qu’elle a été flouée. En effet, elle découvre que la parcelle de terrain appartient bel et bien à Lida Kouassi Moïse qui en détient même un titre de propriété foncière (Titre foncier n°93.303 de Bingerville-Cocody ) depuis 2002. Dans ses investigations, elle s’aperçoit que l’ancien ministre a entrepris des démarches, en catimini, pour vendre le même terrain à une autre personne. De même, le terrain de Tékpo Abraham est litigieux. De sorte que rien ne peut être fait sur la parcelle. La directrice générale de Socofed mesure alors l’ampleur de la malversation et de la forfaiture. Elle décide de rendre l’affaire publique, non sans avoir instruit, au préalable, son conseil juridique à l’effet d’intenter une action en justice contre Lida Kouassi. Voyant la tournure des événements, Lida Kouassi supplie sa victime, le 19 août, afin qu’elle lui laisse le temps de régler le problème. Celle-ci accède à sa demande, convaincue que l’ancien ministre, pris de remord, tiendrait parole. Persuadée, depuis le samedi dernier, qu’il essaie seulement de gagner du temps, elle se résout à révéler l’affaire. Le concerné que nous avons rencontré le lundi 8 septembre et joint plusieurs fois au téléphone n’a pas souhaité réagir face à cette grave accusation. Mardi dernier encore au téléphone, l’ancien ministre a préféré botter en touche le sujet. «Je suis très occupé en ce moment. Je ne sais pas ce que cette dame vous a dit, mais rappelez-moi demain pour qu’on en parle», nous a-t-il dit, le mardi 9 septembre (à 15h10mn) au téléphone. Joint hier encore à 16 h 35, Lida Kouassi Moïse a préféré opposer le silence à toutes nos démarches.

MOUSSA KEITA

Source: Le Patriote du jeudi 11 septembre 2014