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Aujourd’hui l’AECI est devenue le bottin de tout penseur qui s’est projeté au moins une fois vers un congrès toujours annoncé mais qui se fout de la météo. L’AECI est un moule à pieds. L’AECI actuelle qui fait de la ronde et des courbes en le sachant enfle le spectre du désordre et de la censure comme une forme pressurée et indéboulonnable. Les écrivains qui ont recours à elle pour savoir s’ils ont leur compte de pieds sont susceptibles d’être considérés comme des sténographes. Parce qu’elle est pâle. Elle est tirée par les tripes. Elle doit être fédérée. Et une AECI fédérée sans écrivain est phalanstère de mutilations. L’AECI actuelle n’a d’yeux que pour l’abstrait. On a rogné ses ailes en lui laissant juste ce qu’il faut de moignons pour s’ébattre dans la basse-cour littéraire. Elle est devenue son propre réducteur d’ailes. Elle habite le palier au-dessus du médiocre. Et sans courber le verbe, elle nous traîne encore dans la pensée commune, celle de nous convaincre qu’elle n’existe pas. Et si elle existait, ce serait du bruit ennuyeux avec un vilain rictus. Pourtant on l’aime malgré tout. On n’admet pas que notre AECI soit mal chaussée, qu’elle vagabonde dans la rue les semelles ajourées de parjures. Cela nous inquiète, intolérablement.

I- L’AECI ou la face cachée du ridicule 

machiniDepuis l’AECI concentrationnaire dernière version, on ne cesse de se tordre de rires tant le ridicule pousse comme des fleurs. Déjà à l’époque, deux faits marquants ont fait le grand barje de ce triste passage. D’abord il y avait ce groupe d’hommes bien connus pour certains et très peu sinon pas du tout connus pour plusieurs qui constituait son bureau. Puis un jour, l’abstraction voire l’arbitraire a commencé à damner le pion à la sensibilité, de ce jour-là datait, non pas la décadence qui est encore une panne récupérable, mais la faillite d’un grand projet muri et sucé à l’aspirateur. Il n’en restait plus que du papier chiffon et un bureau aux portées vides où les hommes sont en vacances. Ou en colère, c’est selon. Ensuite, il y avait cette autre affaire de légitimité. Houlà ! Celle-là ! Il fallait toujours aller à la ligne pour se procurer une carte de membre. A la ligne ? Cela veut dire aller quelque part et nulle part pour retrouver un seul homme grand sourire qui vous remettrait soit une carte louche, soit un rendez-vous amateur dans l’infini. Vous n’auriez plus rien à dire, car vous veniez vous-même de vous saborder depuis que vous lui aviez soumis votre demande de titre de membre. Et le chef n’a point de faute surtout quand il sait agencer des raisons-reportages. 
Quand on passe cette combine, le carrefour suivant nous indique qu’il faut stationner. Parce que le mandat du dernier président de « rien » est terminé. Place aux élections ! Deux candidats, et non des moindres, l’un ancien président, et l’autre son pire rival idéologique. Le premier balbutie entre se présenter à sa propre succession ou non. Les raisons ? Peut-être la peur du jeu démocratique. Parce qu’il est inconcevable de parler de poursuivre ou non les actions inachevées puisqu’elles n’ont jamais commencé, enfin elles n’existent pas. Bien sûr que ce n’est pas terrible de l’affirmer. Et jusqu’à ce jour, personne ne peut incontestablement affirmer que l’ancien président est candidat ou non. Le second est officiellement candidat. Mais candidat jusqu’à quand ? La tenue effective du congrès a de lancinants soucis de blanchisseuse. Les écrivains qui le soutiennent trouvent l’infini long et rocailleux. Lui-même désespère à grande barbe.

II- Des soutiens contestables ? 

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Manchini Defela, Journaliste Critique

Surtout pas celui du Ministre de la Culture et de la Francophonie. Lui qui, au milieu de tout ce bordel, a accepté de se positionner comme le secouriste. Son soutien est la monnaie à piles qui relègue l’or dans la mémoire des westerns. Une action à saluer qui fait largement sourire l’aventure. L’écrivain et ministre Maurice Bandaman a pris en charge tous les frais relatifs à la légitimité des écrivains au sein de l’AECI et à l’organisation de son douloureux pré-congrès et de son futur fameux congrès. Cela met fin aux débats honteux sur les cartes de membre entre le président sortant et les écrivains témoins et victimes des fautes d’harmonie, de la gestion macabre de leur légitimité et de la fraude fichée et plaquée au vedettariat… 
Puisque le mandat de l’ancien président connait définitivement sa fin de cycle, un comité électoral composé de son président Abo Fodjo et des écrivains Henri N’Koumo et Foua Ernest De Saint-Sauveur, est mis en place en mai 2015. Son rôle : proclamer la liste des candidats, annoncer une liste électorale crédible et dans un délai raisonnable, servir de pont entre les candidats voire entre les candidats et les écrivains, organiser le pré-congrès voire le congrès tant attendu. Mais le malaise est constant avec ce bureau. La faute à ces deux mots malfaiteurs « délai raisonnable » ? Un bureau qui n’existe que par la présence régulière d’une caste aux réunions, et l’autre groupe, désinvolte, purge son arrogance quelque part, dans l’impunité totale. Un bureau dont l’effort patine au bas de l’étage. Parce que sur tous les points précités, aucun n’a franchi le cap de clôture. Tout est à l’état catalogue, ficelé dans les paquets à rêve. Qu’importe ! Ce n’est pas un bureau d’anthropométrie. Mais une solution qui elle-même se cherche. Une preuve ? Le 9 août 2015 à 13h13, on pouvait lire abusivement sur Facebook une information sur la demande officielle d’adhésion à l’AECI, dans « les meilleurs délais ». Et elle concernait 239 écrivains qui semblent-ils ne figuraient pas sur le listing de l’AECI ou avaient été simplement et purement omis. De quel listing parle-t-on quand la gestion scabreuse de ce listing a été fortement critiquée, diabolisée ? Pourquoi seulement 239 écrivains devraient se faire enrôlés alors que les autres (dont on ne connait même pas le nombre) sont tranquillement passibles d’aucun racolage ? On pourrait se tromper, cela est possible. Mais tout ressemble à de la diète.

Conclusion

Finalement, à qui doit-on se référer ? Qui doit informer l’ensemble des écrivains ? Le nouveau comité électoral ? Ou les candidats anonymes ? Pourquoi Serge Grah, alors secrétaire individuel et invisible pendant tout un mandat, doit-il rappeler son poste sanctionné de manigance avec des annonces surtout des pépites solides comme celle de la tenue du pré-congrès qu’attendent les quatre mains tous les écrivains de Côte d’Ivoire pendant que le comité électoral reste muet sur la question ? Un flou de premier numéro. Complètement le sérieux s’est dépossédé de ses droits. Il n’invoque plus rien. Même pas l’attention. Quel accident ! Et comme la lumière ne se fait que sur les tombes, il faudra de l’énergie, de la syntaxe harmonique, de la formule relativiste pour aspirer à quêter afin de signaler l’alarme, éviter les séquelles révolutionnaires, couper les plombs à l’anarchie, tracer un chemin de bon vent soumis à tous les mots de doctrine voire sauver les derniers postulats fondant la règle de droit. De cette machinerie dont quelqu’un est forcément le serf, où l’impunité se laisse labourer, libérons-nous par la littérature. Celle qui fait le sens de notre petite, respectueuse et agréable famille. Parce que la peine ne peut se garantir. Elle est assumée de toute éternité. A genoux, nous rythmerons la cadence des coups qu’elle nous porte. Sous le charme malgré tout du délai et de la providence. Ensemble, nous serons toujours une arche de béton.

Manchini Defela

Journaliste Critique

Source : Facebook