Comme nous le savons tous, une carte d’électeur ou une carte électorale est une carte qui donne le statut d’« électeur » à un citoyen, c’est-à-dire lui permet de voter, de prendre part aux élections, et qui est généralement exigée à des fins d’identification et de vérification, lors d’un vote ou d’une consultation.
Au total, l’objectif ou le bien-fondé de la carte électorale est de donner à toute personne majeure le privilège d’être convoquée pour prendre part à l’assemblée de votants en un lieu et à une date déterminée. La personne convoquée est donc celle qui a été effectivement inscrite sur la liste électorale et qui, le jour du scrutin, a le droit de voter, l’opportunité de choisir ou d’être choisi parmi d’autres personnes.
Et donc, les organisations politiques doivent faire campagne pour inciter les populations en âge de voter, singulièrement leurs militants, à s’enrôler massivement pour montrer que, en tant que citoyens du pays, nous sommes concernés de très près par tout vote qui a lieu dans notre pays. Dès l’instant où nous sommes munis de nos CARTES d’ÉLECTEUR, nous constituons une « FORCE ÉLECTORALE » puissante et incontournable, susceptible de peser sur les résultats du scrutin.
De ce point de vue, pardon, ne confondons pas tout dans nos têtes : l’enrôlement ou l’inscription sur une liste électorale n’est pas le vote : :
- Le fait d’avoir une carte d’électeur ou d’être inscrit sur une liste électorale n’a rien à voir avec la décision d’aller VOTER ou de BOYCOTTER, pour telles ou telles raisons, y compris le suivi ou le respect d’un mot d’ordre du parti.
- Le fait d’avoir une carte d’électeur ou d’être inscrit sur une liste électorale ne signifie pas qu’on est complice des crimes d’Alassane Ouattara et ses partisans (rebelles et ex-rebelles).
Pour ceux qui ne le sauraient pas, il faut préciser que l’histoire de la carte d’électeur est intimement liée à l’histoire du droit électoral et aux premières élections révolutionnaires qui ont permis d’instaurer un « papier » pour identifier celui qui, dans un pays, a le droit de vote de celui qui ne l’a pas.
De ce qui précède, je pense que, au lieu d’appeler à boycotter tout et n’importe quoi, nos responsables politiques devraient plutôt nous appeler tous à nous inscrire massivement sur les listes électorales pour ne pas nous retrouver dans la même situation qu’en 2010 où certains compatriotes n’ont pas pu participer à l’élection présidentielle, parce qu’ils n’ont pas pu ou voulu s’enrôler au moment opportun. Par exemple, en Angleterre, sous la houlette du représentant du FPI, M. Abdon Bayéto, nous avons passé au peigne fin les listes existantes et avons même fait du porte-à-porte, pour persuader nos compatriotes à figurer sur les listes électorales. Pour nombre d’entre eux, c’était trop tard et nous avons perdu des voix.
De ce qui précède, je pense que nous assez fait usage du boycottage, en vain, et qu’il est temps de réfléchir et de trouver d’autres moyens de lutte plus efficaces, pour contraindre –et cela est possible !- nos gouvernants à changer la CEI, à organiser des élections, de surcroît ouvertes, libres, justes et transparentes…
De ce qui précède, je pense que nos responsables politiques doivent, en lieu et place du boycottage, exhorter les citoyens à participer de façon efficiente et active à toutes les élections, à quelque niveau qu’elles se déroulent : quartiers, communes, villages, régions, départements, etc. Ainsi, toute victoire sera une victoire par la voie des urnes, une victoire vraie et unanimement reconnue.
Toute élection qui a lieu dans notre pays doit concerner de très près chacun et chacune d’entre nous, dans la mesure où c’est en notre nom et pour notre intérêt que l’élu ou le représentant est censé agir, parler, statuer. Désormais, personne, chaque fois que l’occasion nous sera donnée, ne doit plus, sous aucun prétexte, se tenir complètement à l’écart des consultations électorales. Disons-nous que, en ne votant pas, nous cédons notre pouvoir ou notre part de souveraineté à d’autres personnes, nous laissons d’autres personnes choisir à notre place, selon leurs propres aspirations et volontés à elles, et non selon les nôtres.
Par ailleurs, les actes de « boycottage » des élections, même s’ils sont fondés sur des raisons valables, ne garantissent pas l’annulation des consultations électorales, surtout que, dans de telles circonstances, l’on n’est pas à mesure de contrôler la non-participation des électeurs de l’opposition ; de plus, les efforts des auteurs de boycottage aboutissent toujours au résultat inverse de celle qu’ils escomptaient. On l’a déjà vu en Côte d’Ivoire, au Cameroun, et au Mali, en Algérie, etc.
En effet, en Algérie, aux élections présidentielles du 15 avril 1999, M. Saïd Sadi, Président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a appelé les électeurs algériens aux « boycottage actif » des consultations. Non seulement il a été tenu à l’écart de la compétition, mais cela n’a pu empêcher M. Abdelaziz Bouteflika de remporter la victoire.
Au Mali, les élections présidentielles de mai 1997 ont été boycottées par huit des neuf candidats de l’opposition ; cela a sans doute entraîné des “cafouillages”. Mais, n’empêche ! M. Alpha Oumar Konaré a été élu et a assumé son deuxième (et dernier) mandat, même si M. Moutaga Tall et les principaux chefs de file du Collectif de l’opposition malienne lui “contestent toute légitimité”, même si l’image de démocrate affichée par Alpha Oumar Konaré se trouve écornée.
Au Cameroun, la « stratégie » du boycottage s’est avérée suicidaire, dans la mesure où elle a ouvert, sans contrepartie, une voie royale à la réélection, pour sept ans, du président Paul Biya. Ce qui a fait dire à Garga Haman Hadji –et à raison, n’est-ce pas ? – que « le boycottage est un cadeau fait à Biya. Vous (les opposants) êtes des traites ! ».
En Côte d’Ivoire, lors des élections de novembre 1995, les militants de l’opposition -dont le Front Populaire Ivoirien (FPI)- avaient également appelé au “boycottage actif”. Cet état de fait a permis, certes, aux partis d’oppositon d’attester leur force de mobilisation, leur audience et l’étendue de leur implantation dans le pays, compte tenu du fait que c’est seulement un tiers de la population ivoirienne qui a participé au scrutin. Par contre, l’on n’a pas pu empêcher le scrutin de se dérouler, ce qui a permis à M. Henri Konan Bédié de se prévaloir de la “légitimité”. Force est aussi de constater que plus de deux tiers des citoyens ivoiriens ont été privés de leur droit de vote. Par ailleurs, aucun parti d’opposition n’a pu réaliser son objectif premier qui est de prendre le pouvoir et l’exercer, et les Ivoiriens ont eu, à leurs dépens, un Président qu’ils n’ont, en réalité, pas choisi et dont la destitution le 24 décembre 1999 a été, selon l’artiste-musicien Alpha Blondy, “un ouf de soulagement pour la population ivoirienne, car, du temps de Bédié, on ne savait plus comment penser avec sa propre pensée” (Soir-Info n° 1615, du 29-12-1999).
Par devoir de mémoire, je rappelle, par exemple, que la vie active du président Habib Bourguiba a pris brutalement fin au petit matin du 7 novembre 1987, par un « coup d’État médical ». Sans effusion de sang…
Et donc, pour mettre fin à ce régime qui nous fait tant mal et qui nous a assez donné les preuves de son incurie, asseyons-nous et discutons entre nous, asseyons-nous et réfléchissons, utilisons nos têtes. Sans doute aucun, nous trouverons des moyens et des voies plus efficaces que le boycottage, pour prendre notre destin en main, si tel est réellement et sincèrement notre aspiration en appelant à boycotter l’enrôlement.
C’est ce que je pense.
Sans rancœur, ni rancune !