Les treize militaires français tués au Mali dans un crash d’hélicoptères (Crédit : DICOD / EMA)

Par Jean-Claude DJEREKE

Chaque fois qu’ils ont été sur le point de perdre la partie, chaque fois qu’ils ont eu besoin de rebondir et de regagner la confiance du peuple français, les hommes politiques français n’ont pas hésité à sacrifier leurs propres soldats et à faire porter le chapeau à des innocents.

L’innocent, dans la mort des neuf soldats français de Bouaké, le 6 novembre 2004, était bel et bien Laurent Gbagbo dont l’armée avait complètement défait la rébellion que soutenait le gouvernement français et qui avait coupé le pays en deux. Le président ivoirien fut injustement accusé d’avoir ordonné le bombardement du camp militaire français. Il n’y eut ni enquête sur ce drame ni arrestation des pilotes biélorusses de la part du gouvernement français et cela ne choqua personne en France, sauf Maître Jean Balan, avocat des familles des victimes. Tout se passa comme s’il suffisait aux Français de savoir que leur gouvernement avait vengé la mort de leurs compatriotes et donné une raclée à ce Laurent Gbagbo décrit par les petits journalistes français comme quelqu’un qui détestait les Français, ce qui est loin d’être vrai. Jean-Pierre Raffarin osera même dire qu’on ne tue pas impunément un Français.

Après que la Turquie d’Erdogan, l’Italie de Luigi di Maio et de Matteo Salvini et le Brésil de Bolsonaro ont ridiculisé la France en lui rappelant que c’est un pays colon, voleur et parasite (elle vit aux crochets de ses ex-colonies), force est de reconnaître que l’image de la “patrie des droits de l’homme” est sérieusement écornée et que plus personne ne prend ce pays au sérieux.

Il existe un lien entre les Français sacrifiés par Jacques Chirac à Bouaké pour donner aux Français l’illusion que leur pays est une puissance et la mort des 13 militaires français au Mali, le 25 novembre 2019 parce que c’est le même cynisme et la même manipulation qui sont à l’œuvre de part et d’autre.

Discrédités à l’intérieur, Macron et sa clique pourraient bien avoir fait au Mali ce que Chirac et Sarkozy firent en Côte d’Ivoire en 2004 et 2011 pour détourner la colère du peuple français. Mais parviendront-ils à calmer ce peuple qui a pris la rue depuis le 5 décembre et réussiront-ils en même temps à juguler le sentiment anti-français qui ne cesse de monter en Afrique francophone ? Time will tell us !