Fatou et son époux Philip Bensouda

Philippe Bensouda, le mari de l’autre, aurait des liens avec le président reconnu par la fameuse communauté internationale et aurait obtenu à ce titre un marché immobilier de 12 milliards de francs CFA selon le site Algeriepatriotique.com. Le conflit d’intérêt crève les yeux ici si ces informations sont avérées et on comprend alors pourquoi la Gambienne a réussi à empêcher le retour de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé en Côte d’Ivoire malgré la libération totale et immédiate prononcée par le juge italien Cuno Tarfusser. Mais comment peut-on en même temps se plaindre de « l’invasion » de l’Europe par les Africains et y retenir deux d’entre eux qui ne souhaitent que retourner chez eux ? L’Europe n’est-elle pas en train de devenir schizophrène ?

« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie», expliquait Albert Londres en 1929. À lire ou à écouter les médias français, on a cependant l’impression que la mission qui leur a été assignée est de nuire aux Africains, que la plaie dont parlait le grand reporter se trouve uniquement en Afrique dont les dirigeants qui refusent de se soumettre à la France n’auraient droit qu’au dénigrement systématique et à des commentaires sarcastiques et condescendants et que le fait de quitter l’Élysée en scooter la nuit pour rencontrer sa maîtresse, la pédophilie, l’échangisme ou l’homosexualité sont des pratiques plus acceptables que la polygamie.

Bref, nombre de journalistes français et européens ne sont guère différents, dans le registre de l’acharnement et de la diabolisation, des sycophantes de la Grèce antique qui assignaient en justice des citoyens fortunés afin d’obtenir une partie de leurs biens si ces derniers venaient à être condamnés.

Les journalistes européens ne se valoriseront pas en recyclant des poncifs éculés sur l’Afrique. Ils n’honorent pas leur profession en faisant des gorges chaudes de la « deuxième femme » de Laurent Gbagbo comme si François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou François Hollande étaient des modèles dans ce domaine. Ce qu’on attend d’eux, c’est qu’ils expliquent à leurs lecteurs ou téléspectateurs pourquoi le gouvernement français ne fit rien contre les deux pilotes biélorusses ayant bombardé le camp militaire français de Bouaké en 2004, pourquoi la France a volé au secours du dictateur Idriss Déby en bombardant un convoi de véhicules de l’Union des forces de la résistance, le 6 février 2019, pourquoi Areva, Bolloré et Bouygues réalisent d’énormes bénéfices sur le continent pendant que Nigériens, Camerounais, Ivoiriens, Tchadiens et Gabonais tirent le diable par la queue.

Jean-Claude DJEREKE