25e Forum économique international de Saint-Pétersbourg (SPIEF) à Saint-Pétersbourg, en Russie. Pavel Bednyakov / Sputnik (Photo by Pavel Bednyakov / Sputnik / Sputnik via AFP)

Ces gens qui se prennent pour les maîtres du monde alors qu’ils sont incapables de maîtriser leurs propres démons, ces petits prétentieux dont l’arrogance n’a d’égale que leur mépris envers les peuples qui pensent et agissent différemment, devraient lire la conférence prononcée en 1978 par Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) sur “Le déclin du courage” à l’université de Harvard. Le philosophe et écrivain russe leur disait ceci : “Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. Le système occidental va vers son état ultime d’épuisement spirituel : le juridisme sans âme, l’humanisme rationaliste, l’abolition de la vie intérieure… Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures.”

Ils sont nostalgiques de l’ancien monde où ils étaient tout-puissants. Or, au 25e Forum économique international de Saint-Pétersbourg (15-18 juin 2022), Vladimir Poutine a indiqué que “l’ère de l’ordre mondial unipolaire est terminée, malgré toutes les tentatives de la préserver, de la maintenir en place par tous les moyens… parce que la diversité civilisationnelle de la planète, la richesse des cultures est difficile à combiner avec des schémas politiques, économiques qui sont grossièrement, sans alternative, imposés depuis un seul centre”.

Le maître du Kremlin ajoute : “Les États-Unis, en s’attribuant la victoire dans la guerre froide, se sont déclarés les ambassadeurs de Dieu sur terre, qui n’ont pas d’obligations, mais seulement des intérêts, et ces intérêts sont déclarés sacrés. Ils essaient de contrecarrer le cours de l’histoire. Ils pensent en termes du siècle passé. Ils sont prisonniers de leurs propres illusions sur les pays situés en dehors de ce que l’on appelle le milliard d’or, ils considèrent tout le reste comme périphérique, leur arrière-cour, ils les considèrent toujours comme une colonie, et les gens qui y vivent comme des citoyens de seconde zone parce qu’ils se considèrent comme exceptionnels. S’ils sont exceptionnels, alors tous les autres sont de second rang. Cela conduit à un désir irrépressible de punir, d’écraser économiquement ceux qui sortent du rang, qui ne veulent pas obéir aveuglément. De plus, ils imposent grossièrement et sans scrupules leur éthique, leur vision de la culture et de l’histoire, et remettent parfois en question la souveraineté et l’intégrité des États et menacent leur existence. Il suffit de rappeler le sort de la Yougoslavie, de la Syrie, de la Libye et de l’Irak. Si un rebelle ne parvient pas à être piégé et pacifié, ils tentent de l’isoler ou, comme on dit aujourd’hui, de l’effacer. Tout est permis, même les sports, le mouvement olympique, les interdictions culturelles, les chefs-d’œuvre artistiques – simplement parce que leurs auteurs sont de la mauvaise origine.”

La France fait partie des pays européens qui suivent aveuglément les États-Unis. Chassée du Mali parce qu’incapable de lutter contre le terrorisme qu’elle a contribué à installer dans le Sahel, elle manœuvre fort pour y rester. Elle veut, pour cela, utiliser l’ONU qui, de l’avis de Fanon, “n’a jamais été capable de régler valablement un des problèmes posés à la conscience de l’homme par le colonialisme” (Lettre à Roger Taïeb, 1961).

C’est toute l’Afrique noire qui doit dire “non” au retour des colonialistes et esclavagistes. “L’heure de nous-mêmes a sonné” (Aimé Césaire). Quittons donc les petits et faux débats. Les histoires de X qui serait le frère de Y ou l’oncle de Z n’ont aucun intérêt pour cette Afrique qui veut prendre son destin en main. Ne laissons pas le Mali et le Centrafrique se battre tout seuls !

Jean-Claude DJEREKE