1) – La corruption endémique
2) – L’irrespect du Droit et sa manipulation
3) – L’impunité
4) – L’incivisme
5) – La perte des valeurs et le déclin
6) – La banalisation de la criminalité
7) – Le tribalisme et le clanisme
8) – Le favoritisme
9) – La séduction et la facilité
10) – La démolition de son école

Une importante majorité de personnes pense à tort, que le combat politique adresse prioritairement les questions de démocratie et de liberté, ou encore celles relatives à la bonne gouvernance et l’état de droit, en minorant le rôle fondamental du culturel et des mœurs sociales dans la construction d’une réelle capacité de progrès. La démocratie ne peut s’exprimer pleinement qu’en présence d’un certain nombre de conditions préalables. Tant que les populations ne disposeront pas des outils intellectuels leur permettant d’apprécier la pertinence des projets de société qui leur sont soumis, tant que le droit sera instrumentalisé et qu’il ne sera pas égalitairement respecté par tous, tant que les consciences pourront être corrompues et que les votes pourront être achetés, tant que l’appartenance ethnique déterminera les choix politiques du citoyen, tant que nous conserverons notre propension à nous fabriquer des idoles et des démiurges à qui nous nous soumettons aveuglement et dont nous tolérons les dérives monarchiques, tant que nous pataugerons dans le populisme, la théorie du complot, la démagogie, l’imposture et les campagnes de dénigrement systématique pour servir d’argument à la conquête du pouvoir, la démocratie ne sera qu’une illusion et un mirage, un leurre, la parodie d’un système importé, un calque, une démocratie sans substance, mais pas une réalité endogène.

De la même manière, il ne saurait y avoir de développement, sans développement endogène et sans l’implication des populations dans le processus. Ces deux catégories sont intimement liées. On ne développe pas, on se développe. On ne démocratise pas un système, on se démocratise. En effet, tant que l’école sera malade, nous ne parviendrons pas à briser le cycle vicieux de la pauvreté, à générer une capacité technologique et à endiguer l’exode de notre jeunesse vers les pôles de développement des pays du Nord. Tant que les compétences seront marginalisées ou sous-employées du fait du clanisme et du tribalisme d’un pouvoir, tant que les responsables du bien public et les agents des services publics seront corrompus, tant que les détournements des deniers publics et que l’enrichissement sans cause, ne seront pas énergiquement combattus et sanctionnés, tant que l’évasion et l’incivisme fiscaux ne permettront pas de mobiliser efficacement nos ressources, tant que la dépense publique ne sera pas effectivement contrôlée, tant que les fautes et manquements de nos responsables et des fonctionnaires resteront impunis, nous ne parviendrons pas à la bonne gouvernance. Tant que notre recherche et développement sera l’enfant pauvre de notre budget, nous continuerons de renoncer à notre avenir à terme. Tant que nous ne parviendrons pas à créer une masse critique entrepreneuriale susceptible d’assumer et de tirer notre croissance, nous ne connaitrons pas l’indépendance. Tant que les populations ne respecteront pas les biens publics et les institutions, tant qu’elles ne s’approprieront pas l’ambition et la volonté étatique de progrès, tant qu’elles ne s’engageront pas dans la co-gestion de l’intérêt général en partenariat avec les pouvoirs publics, il ne peut avoir de développement.

CONCLUSION

La société ivoirienne a besoin d’un changement d’échelle, pour enclencher sa mutation. Celle-ci passe par une révolution culturelle radicale visant à modifier profondément nos attitudes politiques et sociale. Il nous faut replacer la culture et les mœurs au sommet de la hiérarchie de nos priorités. C’est le seul levier qui nous permettra de nous démocratiser et de nous développer, car une fois de plus, on ne démocratise pas, on se démocratise. On ne développe pas, on se développe. L’adoption de cette direction permettra d’atteinte un seuil, à partir duquel nous pourrons prétendre au bénéfice des effets de ces deux processus, grâce à la dynamique multiplicatrice de ses profits et économies. Les expériences du Burkina-Faso sankariste, du Ghana de Rawlings, ou du Rwanda de Kagamé démontrent la nécessité d’une révolution culturelle et d’une paix solide, pour changer de palier; Ceci doit être notre aspiration et notre combat politique. Unis, nous pouvons agir ensemble pour une nouvelle Côte d’Ivoire.

Pierre SOUMAREY