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Pascal Affi N’Guessan, président du FPI

Dans son nº 4843 du Lundi 20 Octobre 2014, le Quotidien Notre Voie a publié une intervention magistrale de Monsieur Paul Okou Zago,

Secrétaire National du FPI chargé des Programmes de reconstruction et du Développement solidaire. Cette interview a d’une certaine manière pris le contre-pied de celle de l’ambassadeur Raymond Koudou Kessié publiée dans le nº4840 du Jeudi 16 Octobre 2014 de Notre Voie.

Alors que l’ambassadeur Raymond Koudou Kessié se montre partisan du GBAGBO OU RIEN, donc du NON À TOUT et prône “des manifestations civiles de masse dont principalement les marches, les sit-in et autres” pour faire plier le régime Ouattara et la Communauté internationale, le Secrétaire National Paul Okou Zago estime quant à lui que pour faire aboutir les différentes revendications du parti, il faut dominer nos émotions, nos rancœurs et nos ressentiments pour prendre de la hauteur et entrer dans le processus politique (sic). Deux entrevues, deux positions, deux visions, deux conceptions de la lutte, deux stratégies différentes qui s’affrontent donc sur un terrain où partisans et adversaires du président Pascal Affi N’Guessan se livrent déjà une farouche bataille pour le triomphe de la ligne que l’un ou l’autre camp défend.

Force est cependant de reconnaître que si la contribution de l’ambassadeur Raymond Koudou Kessié a largement laissé transparaître sa vive émotion et sa colère face à ceux qui ont causé la chute de Laurent Gbagbo et l’ont déporté à la Haye, celle du Secrétaire National Paul Okou Zago a surtout appelé à l’apaisement et fait recours à une image très symbolique qui n’a pas manqué de retenir notre attention, l’image du voile utilisée pour étayer ses arguments.

Parlant de la mère d’un otage qui avait porté un voile pour s’adresser aux ravisseurs djihadistes de son fils, Paul Okou Zago a exactement dit ceci: “Aujourd’hui, tous les militants du FPI et tous les pro-GBAGBO de toutes origines considèrent le Président GBAGBO comme l’otage de la communauté internationale, notamment de la France. Mais depuis quand a-t-on-vu les parents ou les amis d’un otage insulter les preneurs d’otage? Quel objectif recherchent ceux qui continuent de lancer des diatribes à la France? Le moment est très mal choisi pour une telle attitude. A chaque circonstance ses discours et ses actes. Il nous faut donc sortir du monoïdéisme (tout le monde est contre nous) pour adapter notre stratégie aux réalités du moment et aller à la conquête du monde. Cela ne signifie pas une remise en cause de nos convictions, ni une trahison à l’égard du Président GBAGBO. Rappelons-nous l’image de ce couple américain que les médias internationaux ont publié ces derniers temps. L’on remarque que la mère de l’otage a mis de côté sa dignité pour porter un voile avant de s’adresser aux djihadistes. Peut-être, se dit-elle, qu’il s’en trouverait un Djihadiste influent parmi eux qui en serait ému et qui plaiderait la cause de son enfant! Ces parents font donc tout pour la libération de leur enfant. Il devrait en être de même pour nous, concernant le Président GBAGBO. Aucun sacrifice ne doit être de trop pour la libération du Président GBAGBO”.

Pour donner donc toutes les chances de succès à la lutte que nous menons pour la libération du président Laurent Gbagbo, nous devons dans la situation actuelle qui prévaut, porter le voile, nous imposer un comportement, une attitude et un discours adaptés. Nous le voyons, cette mère chrétienne d’otage qui a porté le voile a surmonté de très nombreux obstacles pour réaliser son acte devant les Djihadistes musulmans car le symbolisme du voile transcende les religions et les cultures. Aucun sacrifice ne semble de trop à cette femme pour obtenir la libération de son fils. Si donc nous savons parler le langage de la paix, le langage de la modération et de la réconciliation, nous aurons réussi à parler le langage de l’universel qui touchera le point faible de la Communauté internationale et pourra nous permettre de faire basculer celle-ci de notre côté. Et c’est avant tout à ce niveau que se situe la solution à tous nos problèmes. D’ailleurs et cela personne ne doit l’ignorer, dans toute situation de ce genre, l’otage, ses parents et ses amis sont toujours en position de faiblesse et doivent négocier pour parvenir à un dénouement heureux de la situation.

Alors d’où viennent cette arrogance débridée, cette inconscience débordante et cet extrémisme aveugle qui poussent certains de nos camarades à s’agiter et à proférer injures et menaces contre la France et la Communauté internationale ? Que gagnerions-nous réellement à ne rien accepter? A quoi voudrions-nous véritablement aboutir en rejetant tout et en radicalisant chaque jour nos positions ? Ne rêvons surtout pas et restons réalistes: Penser qu’une manifestation quel que soit son ampleur peut actuellement faire tomber Ouattara est une chimère tout comme ceux qui pensent que c’est par la colère et la hargne que nous pourrons arriver à obtenir la libération du président Laurent Gbagbo se trompent lourdement. La libération de notre président passe par l’instauration d’un climat apaisé et détendu entre nous et tous nos adversaires ou ennemis. Il s’agit pour nous de nous maintenir dans le processus politique, de saisir ou de créer des opportunités de dialogue et de concertation avec tout le monde pour ouvrir la voie à la réconciliation et à la paix. C’est la ligne que le président Affi a choisie, c’est la ligne que nous défendons. Ceux qui ont libéré l’Afrique du Sud du joug de l’Apartheid n’étaient pas ceux qui vociféraient, dansaient des danses de guerre zoulous et voulaient jeter tous les Blancs à la mer mais bien ceux qui se sont assis et ont négocié avec ces Blancs.

Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo (Monaco)