À 35 ans, Messi entre au panthéon des « Rois » du ballon rond. © AP Photo

Tels des gladiateurs dans une arène de combat pour arracher leur liberté, les joueurs des équipes nationales de l’Argentine et de la France se sont épiquement affrontés au stade de Lusail au cours de la finale du Mondial de football au Qatar qui a éteint ses lampions le dimanche 18 décembre 2022. Dans un stade qui lui était acquis, l’équipe argentine a dominé de bout en bout le match face à une équipe française résiliente et réaliste.

On a cru le match plié dès la 36ᵉ minute de jeu après la deuxième réalisation argentine, signée Ángel Di María. Néanmoins, à la 80ᵉ et la 81ᵉ minutes de jeu, Kylian Mbappé fera montre de son talent inachevé pour faire douter l’Albiceleste en marquant, coup sur coup, deux buts qui changeront le cours de la rencontre.

La France, réarmée psychologiquement, presse et se crée des occasions pour scorer et en finir avec les Argentins, quand, à la 108ᵉ minute de jeu, Lionel Messi brise l’élan et la cadence des poulains de Didier Deschamps par un but polémique validé par l’arbitre polonais Szymon Marciniak. Ce fût un véritable coup de massue pour l’équipe française qui a puisé en elle des forces surhumaines pour écourter la joie des Argentins grâce au pénalty transformé par Kylian Mbappé à la 118ᵉ minute du match.

3-3 au temps réglementaire, il a fallu la séance horrible des tirs au but pour que l’Albiceleste conduite par Lionel Messi arrache enfin la victoire sans appel de 4-2 à la vaillante équipe française, tombée les armes à la main, dans un match très relevé et de haut niveau.

Brandissant le seul trophée qui manquait à son palmarès, Lionel Messi se hisse désormais au sommet du football mondial aux côtés des légendes à l’instar du roi Pelé et de son compatriote Diego Armando Maradona.

À 35 ans, Messi entre au panthéon des « Rois » du ballon rond, avec à son actif plusieurs trophées et distinctions jamais égalés.

La 22ᵉ édition de la Coupe du monde, qui s’est déroulée au Qatar du 20 novembre au 18 décembre 2022, restera dans les annales du football mondial avec le parcours exceptionnel de certaines équipes africaines, notamment celles du Sénégal et du Maroc qui ont réussi l’exploit d’atteindre respectivement les huitièmes et la demi-finale de la compétition. Notons aussi la victoire camerounaise contre le brésil et les pleurs du Portugais Cristiano Ronaldo au moment de rejoindre les vestiaires, après sa cruelle défaite en quart de finale face au Maroc.

L’Argentine, championne du monde après son dernier sacre de 1986, a fait vibrer le continent africain, singulièrement les ex-colonies françaises où les cris de joie et ambiances festives étaient au rendez-vous dans les rues d’Abidjan, de Ouagadougou, de Dakar et de Bamako. Sans nul doute, le sentiment antifrançais, disons, du rejet de la politique étrangère de la France en Afrique, s’est invité à la fête footballistique et le message reste limpide pour la jeunesse africaine qui entend se défaire du joug néocolonial porté et promu par la France, avant d’être entretenu par des satrapes locaux qui participent au pillage et à la déstabilisation des États africains.

En visite à Abidjan les vendredi 9 et samedi 10 décembre 2022, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait dénoncé, au cours d’une interview télévisée sur la chaine d’information France 24, le « discours antifrançais » développé et propagé par la Russie en Afrique avant d’inviter la jeunesse à « ne pas se laisser entraîner et de ne pas devenir prisonnière de ceux qui veulent la manipuler ». Elle a ainsi eu une réponse cinglante de la part de ces milliers de jeunes qui ont festoyé pour la victoire de l’Argentine, la gloire de Lionel Messi et pour la défaite de la France, laquelle est clairement vomie par la nouvelle génération, éclairée et avant-gardiste contre le néocolonialisme et les affres de l’impérialisme.

Mais au-delà de ça, la Coupe du monde 2022 au Qatar a mis en compétition des équipes nationales de haut niveau qui ont produit du « bon football », résultant sans doute de la qualité de leur championnat local managé par des hommes de vision autour d’un programme ambitieux et soutenu par une politique de développement du football national par les différents ministères de tutelle.

Les échecs répétés des Éléphants de Côte d’Ivoire ne traduisent que la descente aux enfers du football ivoirien et doivent sonner le tocsin de ses principaux dirigeants pour permettre à cette nation de football d’être aux futures grandes messes en essayant sans complexe de se mesurer à la France, à la Croatie, au Brésil, au Portugal, à l’Espagne, à l’Angleterre, au Ghana, au Cameroun, au Maroc et à l’Argentine.

En attendant l’heure de la réorganisation du football ivoirien, le Cameroun, le Ghana, le Sénégal et le Maroc restent les meilleures nations du football sur le continent africain. La Côte d’Ivoire, vautrée dans le schisme entre les principaux protagonistes des dernières élections à la Fédération ivoirienne de football (FIF), attend encore les réformes « ambitieuses et glorieuses » de la nouvelle équipe dirigeante de la FIF, dont plusieurs étaient au Qatar au nom du développement du football ivoirien.

Adingra OSSEI