À en croire certaines rumeurs, ceux qui ont kidnappé et déporté Laurent Gbagbo à la Haye exigeraient qu’il renonce à la politique s’il veut revoir la terre de ses ancêtres. La première question que l’on peut poser est celle de savoir si ces brigands et voleurs avaient posé les mêmes conditions au Congolais Jean-Pierre Bemba. Seconde question : qu’est-ce qui leur donne le droit de demander pareille chose à un individu à qui ils ont déjà volé 7 ans de sa vie et dont le seul tort est qu’il voulait travailler pour son peuple et non pour la France ? Troisième et dernière question : Laurent Gbagbo, qui a promis qu’il irait jusqu’au bout dans ce faux procès, acceptera-t-il le deal ? Ceux qui connaissent l’homme répondent par la négative. De plus, ils sont convaincus que l’ancien président gagnerait haut la main la prochaine élection présidentielle s’il rentrait en Côte d’Ivoire avant 2020 et était désigné par son parti. Pour eux, Gbagbo battrait n’importe quel candidat à plate couture. De fait, les gigantesques marches et manifestations de joie qu’il nous a été donné de voir à Abidjan et ailleurs après l’annonce de sa libération montrent que Laurent Gbagbo est devenu plus populaire qu’avant et qu’il manque à une majorité d’Ivoiriens. 

Un ami français, avec qui je discutais de l’indécente proposition de l’incompétente et corrompue CPI, me faisait remarquer que le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire dépendait plus des Ivoiriens que de ceux qui utilisent cette cour raciste et partiale pour punir les dirigeants africains qui refusent de se soumettre à l’Occident. Il me disait aussi être d’accord avec les propos d’Edwy Plenel lors de l’émission ‘On n’est pas couché’ du 22 décembre 2018 : « On n’obtient rien dans ce monde sans confrontation. Macron a cédé parce qu’il y a eu la confrontation. » Plenel, un des fondateurs de Mediapart, ajoutait que les Gilets jaunes devaient poursuivre leur lutte qui consiste à paralyser progressivement l’économie de la France.

Ceux qui gardent injustement Laurent Gbagbo en prison ne se laisseront jamais émouvoir par nos pleurs, insultes et autres imprécations. Car ils n’écoutent et ne respectent que les peuples qui se dressent contre eux, ne cèdent que devant les gens organisés et déterminés. Nous avons déjà essayé les marches, les meetings et la diplomatie. Cela n’a rien donné. Peut-être le moment est-il venu d’expérimenter d’autres stratégies qui conduiraient les bourreaux de l’Afrique à perdre de l’argent, le seul dieu auquel ils croient et qu’ils vénèrent. Arrêtons de nous lamenter pour Gbagbo. Croisons le fer avec les néo-esclavagistes. Par des actions fortes, faisons leur comprendre qu’il y a des limites qu’on ne franchit pas et qu’un peuple digne ne se laisse pas marcher indéfiniment dessus.

Jean-Claude DJEREKE