gor la montagne
L’on a coutume de dire que l’habit ne fait pas le moine. Et pourtant un accoutrement ailleurs peut être le fondement de toute une histoire. Car il y a des mythes qui ne sortent de nulle part, mais s’inscrivent dans l’histoire et deviennent une référence. Cette référence est le cure-dent matinal sans lequel nul ne peut sourire. Les histoires que l’on raconte souvent et qui nous suivent partout en tous lieux, naissent là où l’on ne les attend point. Dans nos contrées où l’histoire se transmet de génération en génération par l’oralité, l’on ne serait pas étonné de trouver l’origine des fables et autres histoires au pied d’un arbre, au large d’une rivière bref, sous la montagne. Il y a quelques années de cela qu’un artiste Ivoirien, se servant des faits quotidiens de la rue, créa de toute pièce un mythe autour de lui. Ce mythe qui a envahi la Côte d’Ivoire urbaine, est sorti directement des reliefs environnementaux donnant une fière allure aux plaines.

L’être à l’origine de cette histoire est venu en ce monde après mille sacrifices accomplis par sa génitrice parce qu’après deux enfants mis au monde et arrachés à l’affection de toute la famille, elle remit son sort entre les mains des divinités. Le sanctuaire le mieux indiqué, est une montagne. La montagne Gôh qui domine plaines et verdure avec splendeur au cœur du pays Gouro à Zuénoula, dans la région du centre Ouest de la Côte d’Ivoire. C’est au pied de cette montagne que vit le jour Gohili Gôh Mathias alias Gor la Montagne. Ne portant pour habit qu’un slip de couleur verdâtre substrat de la verdure, Gor la Montagne descend dans l’arène de la musique ivoirienne en créant un mythe autour de lui qui secoua les médias avant de toucher en plein pancréas toutes les peuplades Nouchis. Comme quoi, lorsque la lance t’atteint à l’endroit mortel, c’est un pur frère de sang qui te l’a décochée.

valen guede

Valen Guédé

En créant une chorégraphie à la hauteur de sa musculature dégageant une force de la nature qui prit l’allure d’un torrent violent et coloré comme l’arc-en-ciel sortant aussi du cœur des montagnes, l’enfant venu du sommet de la montagne frappa juste. A l’armature de cette création, dans un langage Nouchi dont il maîtrise les artifices, le Zigblo danse, remuant montagnes et arbres. Pour souffler un peu disons : Zigbloma, Zigbloma, Azigblo danse. C’est au rythme de ce genre musical musculaire que par dépit amoureux s’écroula sous les jeux de jambes de la Montagne une fille aux attributs juvéniles que l’artiste désigne sous le pseudonyme de « Péhi sœur ou Fraichnie ». Comme on peut le noter, l’habit fait le moine. Voilà la première partie de l’histoire qui laissa toute la Côte d’Ivoire dans une jouissance érotico-musicale. Après avoir mis Abidjan sur un pied par cette fièvre musicale, Gor la Montagne disparait de la cité et nul n’eut de ses nouvelles. Quand un enfant sorti des seins des montagnes quitte les lieux, il va s’en dire que l’on fouine entre les montagnes pour retrouver ses traces, n’est-ce pas ? C’était mal connaitre que l’enfant, qui de par la force de ses muscles souleva les pneus de trains, s’évanouisse tel un poltron dans la fumée touffue d’un train fut-il à charbons. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Gor la Montagne n’a pas été happé par les souffles des montagnes du pays Gouro. Cependant, il s’y est retourné pour prendre des forces puisées dans les écorces du cure-dent gouro et aux dernières nouvelles, il vient de mettre sur le marché un phonogramme au titre évocateur: Kamassoutra, le sommet des sommets de l’amour dans son entendement charnel et pluriel sans limite. Et revoilà notre bonhomme désormais perché sur les montagnes apaches qui ornent majestueusement les cités historiques des Indiens. N’est-ce pas là, que l’arbre s’est couché dans la direction souhaitée par le vent ? Des montagnes gouro, Gor la Montagne se hisse au sommet des montagnes apaches avec des plumes d’oiseaux carnivores. De Paris à Abidjan, les volailles s’envolent à son passage de peur de tomber dans le piège assassin de l’aigle apache. L’homme est toujours resté fidèle à ses jeux de jambes et ce n’est nullement son dernier phonogramme qui le démentira. Car, cette fois-ci, entouré des nanas aux plumes piquantes sur l’étendue du corps, tel le plus beau coq de la basse-cour, Gor la montagne pousse des cris d’aigle mâle donnant un coup de bec sur la volaille femelle qui roucoule dans sa basse-cour. Gare à celui qui tenterait par des subterfuges de picorer dans le jardin d’Eden de l’artiste Apache bondé des poules blondes au figuré comme au propre car, il risque de laisser des plumes. Auditrices et Auditeurs du Carrefour Weekend prenez soin de vous en restant sages car l’aigle apache, crête-rouge-noirâtre est dans nos murs sur l’Autre Face de la Mélodie.
Valen_guede@yahoo.fr