Selon le procureur de la République, l’imam Aguib Touré a été arrêté (le 9 juillet), puis écroué à la MACA (le 10 juillet) pour apologie du terrorisme. Beaucoup d’Ivoiriens ne partagent pas la position d’Adou Richard dont l’institution, ce n’est un secret pour personne, est à la solde de l’exécutif. Pour eux, l’imam a été incarcéré pour s’être exprimé librement, pour avoir reproché à Alassane Ouattara et à son gouvernement de détruire les maisons des pauvres tout en épargnant celles des riches. Le COSIM et son président Boikary Fofana n’ont pas condamné l’arrestation, ni l’emprisonnement de l’imam parce qu’ils mangent dans la main du dictateur burkinabè, parce qu’ils travaillent avec et pour lui. Bref, le sinistre Boikary Fofana et ses pairs ont lâché et peut-être livré leur confrère Aguib Touré pour que leur bienfaiteur Ouattara puisse “travailler” en paix, c’est-à-dire voler et martyriser tranquillement les Ivoiriens.
Un fait similaire se produisit dans l’Église catholique dans la seconde moitié de janvier 2016: le Père Julien Nguessan Sess fut expulsé de la Côte d’Ivoire par Mgr Jean-Pierre Kutwã sur ordre de Alassane Ouattara pour avoir commenté, lors d’une conférence publique en août 2015, un message de la Vierge Marie à sa servante Chantal Magbi, fondatrice du mouvement “Marie, Mère de la Charité chrétienne” dont la mission est de “libérer les peuples d’Afrique de toute forme d’oppression et de servitude, transformer et restaurer les Africains”. Que l’archevêque d’Abidjan refuse de croire à ce genre de messages est son droit. Nul ne l’oblige à y adhérer mais les autres catholiques qui y croient, méritent-ils d’être combattus et persécutés? N’ont-ils pas le droit de penser différemment et de le faire savoir? Si nous avons un nouveau pouvoir, ce qui arrivera inéluctablement et probablement sous peu, et que lui, Kutwã, est expulsé pour avoir critiqué ce pouvoir, appréciera-t-il? Notre constitution ne reconnaît-elle pas la liberté d’opinion et d’expression? Permet-elle qu’un Ivoirien soit poussé à l’exil pour avoir tenu des propos qui déplaisent au prince?
Quand le P. Sess perdit son géniteur, il ne fut pas autorisé à retourner en Côte d’Ivoire pour l’enterrer. Aujourd’hui, il est condamné à travailler et à vivre partout, sauf dans son propre pays. Est ainsi mis en œuvre le fameux vivre-ensemble de Dramane Ouattara qui signifie en réalité: vivre chez les autres sans eux. Une philosophie que les jésuites français installés dans notre pays depuis 1962 ne sont pas loin de partager puisqu’ils n’ont rien fait pour empêcher l’injuste expulsion du P. Julien Sess. Bien au contraire, ces religieux français, qui n’ont jamais voulu voir un Ivoirien diriger l’INADES et le CERAP et ne se sentent à l’aise qu’avec des jésuites étrangers (Guinéens, Burkinabè, Béninois, etc.), ont dû se frotter les mains et pousser un ouf de soulagement quand Kutwã leur annonça que le P. Sess devait quitter la Côte d’Ivoire.
Souhaitons à Boikary Fofana, à Jean-Pierre Kutwã et à tous les étrangers qui aiment la Côte d’Ivoire mais détestent les Ivoiriens que Alassane Ouattara ne perde jamais le pouvoir. Car, si le 6 devient 9, qu’ils soient certains que le peuple ivoirien leur demandera des comptes et que tout ce qu’ils ont ourdi et fait contre les Ivoiriens ne restera pas impuni.

Jean-Claude DJEREKE