« Merci à la Première Dame pour l’hôpital mère-enfant »

 

En janvier 2016, en prélude au festival de danses Ivoiro-Antillais qui se déroulait les 5 et 6 février de cette année-là dans la cité, le Maire de Bingerville, Beugré Djoman, expliquait les objectifs de développement d’un tel évènement. Il a parlé, à cette occasion, de bien d’autres sujets non moins importants pour le bonheur de ses administrés. Aussi, à quelques semaines de l’inauguration de l’hôpital mère-enfant de la cité par la Première Dame de Côte d’Ivoire, il n’est pas inopportun de publier l’interview qu’avait accordée le premier Magistrat de ‘’la cité de l’attiéké-ministre’’ à votre serviteur.

Monsieur le Maire, les 5 et 6 février 2016, vous accueilliez à Bingerville le carnaval Ivoiro-antillais. Et comme vous l’aviez expliqué, c’est pour mettre en exergue les cultures ivoiriennes et antillaises. Mais, au-delà de cet aspect, quel sens vous donnez à cet évènement?

Comme je l’ai expliqué, le carnaval Ivoiro-antillais est une manifestation culturelle, initiée, d’abord, par un Antillais, résidant à Bingerville, qui a commencé timidement cette activité dans son quartier. A la quatrième édition, nous lui avons demandé de faire en sorte que ‘’son’’ carnaval devienne ‘’le carnaval de Bingerville’’, un carnaval Ivoiro-antillais, mais organisé conjointement par lui  et la Mairie de Bingerville. Donc, la quatrième édition, c’était au mois de Mai 2015, et cette année, c’est la cinquième édition. Nos collaborateurs ont été impliqués dans l’organisation. Nous pensons que la culture est le socle de toute action de développement. Une activité culturelle de cette envergure permet d’exposer les valeurs culturelles africaines qui incarnent la Côte d’Ivoire et les différents groupes ethniques qui habitent Bingerville. Et puis, cette culture antillaise qui a eu l’occasion de se frotter à d’autres cultures (françaises, américaines, etc.), qui vient, dans un élan de solidarité, dans le cadre de la cohésion sociale, thème de cette édition, permettre aux Ivoiriens de communier avec leurs frères, ‘’leurs cousins’’ Antillais, comme on les appelle.

Vous comptez donc asseoir le développement de Bingerville sur la culture. On pourrait, alors, dire que c’est dans cet élan que vous inscrivez ce carnaval Ivoiro-antillais ?

Bingerville, comme vous le savez, a été la capitale de la Côte d’Ivoire pendant 34 ans. Et au cours de cette longue période, nous avons constaté que très peu d’investissements ont été réalisés ici, parce que bien qu’étant ici, l’administration coloniale, tout le personnel de la colonie continuait de passer leurs meilleurs moments, le week-end, à Grand-Bassam, où les vestiges laissent comprendre que beaucoup de choses ont été entreprises. Bingerville est donc passée de capitale à une ville quelconque. Et, à notre avènement, en 2001, nous avons voulu donner une âme à cette ville, et c’est ce que nous avons essayé de faire avec le conseil municipal d’alors, ainsi que les jeunes qui étaient aux différents postes de service de la Mairie. Et nous pensons que la mayonnaise a pris, puisqu’aujourd’hui, la vision que le commun des mortels avait pour cette ville qui, en dehors de son aspect scolaire, et qui voyait la ville de Bingerville comme celle de l’hôpital psychiatrique, c’est-à-dire là où on va soigner les malades mentaux. Aujourd’hui, on oublie cet hôpital, et on recherche des terrains, même à proximité de l’hôpital psychiatrique. Les terrains se vendent très cher, alors qu’il n’y a pas trop longtemps, les gens avaient très peur de vivre ici. C’est pour dire que nous sommes dans cet élan, et comme de par le monde les peuples ont réussi à partir de la mise en valeur de leurs cultures, je pense qu’on n’invente pas la roue. Mais, nous essayons de redynamiser nos valeurs culturelles qui sont des valeurs nationales, parce que Bingerville, c’est un melting-pot depuis le temps colonial. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons pu sauvegarder la cohésion sociale pendant la crise. Puisque les gens sont habitués à vivre ensemble (chrétiens, animistes, musulmans, etc.), des peuples du Nord, du Centre, du Sud, de l’Ouest, de l’Est, sont fortement représentés dans notre cité. Et comme les gens sont aussi habitués, parce que bien qu’une ville-école, le brassage des jeunes a fait que -puisque c’est une petite ville- on se connaît pratiquement tous. Si bien que lorsqu’il y a eu la crise postélectorale à Bingerville, nous sommes restés sereins. Très tôt, les autorités administratives, politiques et municipales, avons pris les devants pour éviter le pire à notre cité. Et quand les choses ont commencé à s’aggraver, les Bingervillois ont été très solidaires des frères des autres Communes du District, parce que Bingerville était le centre d’accueil, mais également le centre de refuge pour bon nombre d’Abidjanais qui craignaient pour leur vie. Nous sommes heureux, aujourd’hui, de dire que notre ville est une ville bénie, puisque quatre obus sont tombés à Bingerville, deux ont explosé mais n’ont fait aucun dégât. Si ceci n’est pas une bénédiction de Dieu, je ne sais comment appeler cela. Et c’est pourquoi nous ne cessons de remercier le Seigneur, parce que ‘’au commencement était Dieu’’, dès lors que nous avons commencé notre mandat par une veillée œcuménique, avec tout le monde afin de le placer sous la protection divine. Ce que nous avons réitéré après notre élection en 2013, et nous continuons, avec cette crainte de Dieu. Nous comptons respecter les valeurs humaines qui permettent d’éviter de faire à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. En respectant ce commandement-là, Dieu ne peut que vous bénir, et bénir vos administrés.

Vous l’avez dit, votre foi en Dieu est grande, et c’est elle qui vous permet d’entreprendre tous les travaux de développement de votre cité. Mais, est-ce que la foi, à elle seule, suffit pour faire de Bingerville ‘’la ville du futur’’ que vous entendez bâtir ?

On ne peut pas construire une ville, simplement avec la foi. Mais, il est dit ‘’aides-toi et  le ciel t’aidera’’. Mais la foi nous permet de respecter un certain nombre de valeurs, d’avoir l’observance d’un certain nombre de vertus. Et, ‘’l’homme vivra à la sueur de son front’’, ce qui veut dire que nous devons travailler pour mériter la bénédiction de Dieu. C’est pourquoi, en 2016 qui constituait notre mi-mandat, nous pensons que cette année a été l’année de l’accomplissement d’un certain nombre de promesses au profit de nos populations, notamment l’organisation du transport urbain, la restructuration urbaine d’un certain nombre de quartiers qui constituent le centre-ville de Bingerville. Nous avons, avec courage et détermination, abordé ces problèmes avec les populations qui vivent dans ces quartiers. Afin qu’avec le soutien de partenaires, et des ministères techniques concernés, nous puissions réussir à faire de cette ville qui fait envie aujourd’hui, une ville qui fait rêver, et qui donne un attrait pour tous les Ivoiriens. Parce que nous allons transformer, avec l’aide de Dieu, avec l’aide de certains partenaires, un certain nombre de quartiers précaires en cités résidentielles de grand standing, pour que ceux qui ont des moyens puissent habiter, désormais, Bingerville. Mais aussi, les économiquement faibles auront leurs cités, la bourgeoisie naissante ivoirienne aura aussi sa cité, parce qu’il faut un peu de tout pour faire le monde. Et nous avons l’avantage d’être une presqu’île, et nous voulons mettre en valeur ce qu’il y a de plus cher, notamment les plans d’eau, les berges, pour que lorsqu’on arrive ici, on sache qu’on est dans une cité balnéaire.

Vous avez beaucoup de projets pour Bingerville, et vous soutenez que ‘’Bingerville, c’est la cité de l’avenir’’. Vous avez cette foi en Dieu, vous avez réalisé beaucoup de projets de développement dans votre Commune, et Bingerville est aujourd’hui une cité attrayante où tous les Abidjanais accourent. D’où tirez-vous les ressources pour la réalisation de ces grands travaux d’embellissement de Bingerville, et qu’est-ce qui vous fait vraiment croire en la transformation de la cité ?

Nous croyons en nos actions, parce que nous avons les hommes qu’il faut. Bingerville est une ville du savoir, et des jeunes diplômés foisonnent dans notre cité. Ce sont, certes, les moyens que nous n’avons pas encore suffisamment pour les mettre à l’œuvre, mais nous communiquons notre foi à ceux que nous avons pu engager déjà.

Nous avons eu cette grâce qu’au cours de ce second mandat, la Première dame est venue ici pour y implanter l’hôpital mère-enfant. Aujourd’hui, nous avons un environnement propice aux soins, tous les soins, puisque cet hôpital est situé entre l’hôpital général et l’hôpital psychiatrique. Donc, tout l’environnement des hôpitaux est en train d’être réhabilité grâce à ce projet de la Première dame. Nous profitons, d’ailleurs, de cette occasion pour lui souhaiter nos vœux les meilleurs, vœux de santé, de réussite, et d’appui sincère, comme elle a su le faire depuis toujours, auprès du président de la République. Et que sa présence, qui rassure, permette au président de nous emmener vers l’émergence. Mais, nous avons les hommes, et nous avons réussi à faire passer le budget de la Commune, qui était de 90 millions lorsque nous arrivions en juin 2001, à plus du milliard de francs Cfa. Celui de 2016 était de un milliard deux cent millions (1 200 000 000 F Cfa). Donc, nous pensons que d’ici deux ou trois ans, avec les 14 milles logements sociaux en construction grâce au projet présidentiel, notre population va doubler. 14 000 logements, la famille africaine aidant, avec une moyenne de cinq personnes par foyer, cela fait bien environ soixante dix milles (70 000) nouvelles personnes qui vont s’ajouter aux 80 000 habitants actuels. Nous aurons beaucoup plus de consommateurs. Raison pour laquelle nous sommes en train de voir avec des partenaires pour étudier le projet de reconstruction du marché de Bingerville, qui n’est pas seulement le marché de Bingerville, mais aussi d’une partie de la grande Commune de Cocody, un marché paisible où clients et marchands ne se bousculent pas. Une restructuration du marché a été faite au cours de l’année 2016. Une partie est construite en ‘’marché type africain’’, c’est-à-dire comme on en connaît déjà, et une autre partie qui sera profondément transformée en super marché afin de permettre aux Bingervillois d’avoir, sur place, les deux commodités, avec des magasins, etc. Celui ou celle qui aura besoin d’acheter des légumes, par exemple, aura le choix de le faire au ‘’marché africain’’ ou au super marché. Des magasins actuels qui jonchent les rues de la ville seront entièrement dégagés, ce qui nous permettra d’assainir le lieu afin de permettre une circulation fluide sur la voie principale. Je pense qu’avec les contacts que nous avons pris ces derniers jours, nous pouvons espérer. Ce qui nous permettra une bonne formation des agents municipaux avec l’appui de l’Uvicoci (Union des villes et communes de Côte d’Ivoire, ndlr), et qui permettra aussi la construction d’un grand parking à Bingerville, d’un bâtiment affecté à la Police municipale et à la protection civile, la formation et la mise en place d’un service de Sapeurs Pompiers civils. Toutes ces commodités vont venir améliorer le quotidien des Bingervillois. Nous travaillons pour permettre d’appuyer nos parents malades du village Marchoux (village des lépreux, ndlr), en permettant à un partenaire de nous aider à faire avec les enfants des malades une ferme aquacole (l’élevage des poissons en lagune), pour leur permettre d’être autonomes. Nous pensons aussi au Palais du Gouverneur, l’actuel orphelinat qui, selon notre vœu qui est de disposer de moyens financiers adéquats pour construire un orphelinat, avec des partenaires qui interviennent dans le social, qui partirait de la crèche jusqu’à la classe de troisième. Parce que, malheureusement, vous savez, l’orphelinat en Côte d’Ivoire s’arrête seulement aux Cours moyens deux (CM2). Or, quand l’orphelinat s’arrête au CM2, c’est dommage, parce que c’est l’âge où l’enfant, véritablement, commence à se rendre compte qu’il est orphelin. Et si on l’abandonne, ce n’est pas bien. A la suite de cet orphelinat, nous allons voir avec le ministère des Affaires sociales, de la Culture et de la Francophonie, comment trouver les moyens pour faire du Palais du gouverneur le musée national de la Côte d’Ivoire. Nous voulons que Bingerville soit une ville culturelle, un itinéraire incontournable dans le tourisme ivoirien. Le Palais du gouverneur, qui fait plus de trois hectares, peut être érigé en un musée digne de la Côte d’Ivoire, avec toutes les commodités des musées nationaux.

Merci à la Première dame pour l’hôpital mère-enfant

Pour finir, je voudrais souhaiter une excellente et heureuse année 2018 à tous les Bingervillois, en espérant que des opportunités s’offrent à nous pour mettre au travail toute cette jeunesse diplômée, déscolarisée et en quête d’emplois. Que l’année 2018 permette aux jeunes, aux femmes, de se mobiliser autour de cette opération grandiose réalisée par la Première dame. Je sais déjà que les femmes de Bingerville sont en effervescence, elles s’organisent pour accueillir très prochainement le couple présidentiel. Nous saisissons cette occasion pour dire grand merci au Président Alassane Ouattara et à son épouse.

Interview réalisée par

Laurent Nahounou

laurentmadoun@gmail.com