Chérif Ousmane

Lt-Colonel Chérif Ousmane

C’est un véritable coup contre le pouvoir en place. L’inculpation de certains chefs des forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), dont Chérif Ousmane et Losséni Fofana dit ”Loss”. Ces deux officiers des Frci sont dans le viseur de la justice pour être des présumés coupables de crimes commis pendant la crise post-électorale. Crimes pour lesquels des chefs militaires de l’ex-régime croupissent déjà dans des prisons. L’inculpation de Chérif Ousmane et ”Loss” pour les mêmes crimes est un sujet très gênant pour l’Exécutif actuel.

FOFANA_LOSSENY

Lt-Colonel Fofana Losséni

Ces deux officiers, chacun à son niveau, est un élément essentiel dans le dispositif sécuritaire du régime Ouattara. Chérif Ousmane est depuis l’avènement de ce régime, le commandant du Groupement de la sécurité de la présidence de la République (Gspr). A ce titre, l’ancien patron de la compagnie Guépard de Bouaké, à l’époque des Forces nouvelles, est un élément clé dans le bastion sécuritaire du chef de l’État. Les bérets verts de Chérif Ousmane sont connus pour être les derniers remparts au Palais d’Abidjan ou à chaque dé- placement du président de la République. Du coup, que leur chef soit inquiété dans une procédure susceptible de le neutraliser dérange sérieusement le pouvoir d’Abidjan, qui aura, toutefois promis de ne point s’ingérer dans les procédures de justice. «Toutes les personnes qui ont posé des actes répréhensibles, pendant la crise post-électorale, ré- pondront de leurs actes devant la justice», n’a eu de cesse de répéter le président Ouattara, qui devrait être quelque peu embêté qu’un officier clé de son dispositif sécuritaire soit visé par les procédures. S’il n’est pas dans le carré du président Ouattara comme Chérif Ousmane, Losséni Fofana n’est pas moins un autre homme fort dans l’armée ivoirienne. Commandant du Bataillon de sécurité de l’Ouest (Bso), ce lieutenant-colonel compte beaucoup pour la stabilisation du territoire ivoirien. En effet, nul n’ignore, depuis l’avènement du régime Ouattara que la plupart des attaques et des tentatives de déstabilisation sont orchestrées dans la partie ouest de la Côte d’Ivoire. Une zone considérée comme le bastion de l’ex-président Laurent Gbagbo, et réputée peu favorable au tenant actuel du pouvoir. C’est le commandant Loss et ses hommes, qui se sont imposés comme la force tampon pour annihiler toutes velléités d’attaques et éviter d’éventuelles surprises au régime en place. Inquiété lui aussi, la situation que vit cet officier peut causer une faille dans le dispositif. Car, au bout, il y a à craindre un retournement de situation des hommes, aussi bien de Chérif Ousmane et de Loss, ou une simple baisse de la garde. Surtout à l’approche des prochaines échéances, qui annoncent un passage aussi sensible.

F.D.BONY

Source : l’Inter n°5126 du lundi 13 au Mardi 14 juillet 2015