Le Capitaine Moussa Dadis Camara, en exil forcé à Ouagadougou, Burkina Faso, réagi officiellement aux douloureuses violences inter communautaires survenues à la mi-juillet  en Guinée forestière (Koulé, son village natal,   N’zérékoré et Beyla). Dans sa déclaration dont votre portail www.afriquessor.com a reçu une copie, l’ex-patron de la junte militaire guinéenne prône l’entente entre les fils de la région Forestière.

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La déclaration:

« Peuple de Guinée; nous avons  appris avec stupeur et étonnement, qu’un fait malheureux et ignoble survenus  à Koulé mon village natal s’est mué en conflit communautaire entre mes pères Kpèlè et mes oncles Konianké de cette localité et aussi à N’zérékoré et Beyla. Ces communautés sœurs Konianké et Kpèlè qui vivent ensemble depuis des siècles, à en croire cet évènement malheureux a causé des pertes en vies humaines, des blessés graves, des destructions de biens sans compter l’arrêt des activités économiques et l’isolement momentané de cette région exportatrice de produits vivriers, ont été noté avec amertume. Des lieux de culte ont été malmenés et parfois détruits. Au delà des conséquences matérielles de ce conflit, c’est tout notre peuple pourtant  si hospitalier qui se trouve ainsi  meurtris, une fois de plus dans sa chair  et défiguré en plus de ses valeurs culturelles. Nous nous devons de présenter nos sincères condoléances à toutes ces familles éprouvées par la perte brutale absurde des leurs. Nous souhaitons également un prompt rétablissement aux blessés. Quand à ceux et celles qui ont perdu entièrement ou partiellement leurs biens, nous leur témoignons notre entière solidarité et savons compter sur le gouvernement pour prendre des mesures idoines afin que la communauté nationale se mobilise à travers un élan de solidarité généreuse  dont notre nation, la Guinée est par bonheur coutumière.

Chers compatriotes, il y a urgence à ce que nous nous ressaisissions face à ces querelles ethniques qui menacent l’unité nationale, la concorde civile et la paix dans notre pays et de la sous région ouest africaine. Je vous demande de vous accepter les uns les autres. Car, sans l’esprit d’acceptation, nous allons toujours vivre dans un danger permanent. Il convient de rappeler en effet, l’exemple de certains pays limitrophes de la Guinée qui ont connu des troubles et des violences inouïs. Nous connaissons donc l’importance de la paix et la cohésion dans la diversité. C’est pourquoi, je lance ici,  un vibrant appel à toutes les composantes de nos communautés qui vivent ensemble et qui ont toujours vécu en harmonie depuis des siècles, afin qu’ensemble  qu’elles se lèvent  pour combattre et barrer la route à l’ennemi commun qui est l’intolérance religieuse, l’ethnocentrisme que nous avons toujours combattus et que nous continuerons de fustiger pour le bien être de tous.

Une fois de plus, nous nous devons tous, sages, jeunes, femmes, ruraux, citadins, faire confiance à nous même et condamner ces actes horribles à la dernière rigueur qui se produisent en Guinée forestière.

Fils et filles de la Guinée, est il besoin de rappeler que nos arrières grands parents Kpèlè et Konianké  aussi bien que les autres communautés guinéennes vivant en Guinée forestière, ont toujours vécu en bonne intelligence, dans le plus grand respect, sans violence et Dieu leur a mis ensemble depuis des siècles sur cette portion de notre territoire dont nous somme aujourd’hui le produit de ces valeureux parents.

Si cela est vrai, je vous demande encore une fois de plus de vous accepter, vous pardonner sans haine pour le respect de nos ancêtres. Tout en remerciant le gouvernement et le Président de la République le Pr. Alpha Condé et à travers lui, les forces de sécurité, les chefs religieux et les sages de la forêt qui se sont déployés jours et nuits pour le retour au calme. Nous sommes de cœur avec tous les patriotes qui ne manqueront pas de prendre des actions braves et non démagogiques pour poursuivre le travail amorcé dans le cadre de la réconciliation nationale dont la Guinée a un grand besoin.

En ces douloureuses circonstances, qu’il me soit permis de remercier une fois de plus les populations de N’zérékoré et Koulé qui, comme un seul homme, s’étaient levé pour partager les douleurs avec notre famille lors du décès de notre regrettée mère Tohon Christine Koné. Tout N’zérékoré a accompagné dans sa dernière demeure, cette femme du territoire dont les parents et relations sont issus parmi les musulmans et chrétiens. C’est cette image d’un N’zérékoré uni, multi ethnique fait de musulmans, chrétiens et animistes, qu’il s’agit pour nous de reconstruire rapidement.

Je vous remercie.

Ouagadougou le 23 août 2013