Franklin Nyamsi Wa Kamerun est-il un professeur, oui ou non?

Par Patrick NGANANG

Face aux ambiguïtés volontairement entretenues dans l’espace public par de nombreux acteurs dans l’usage des titres et prédicats, il est parfois important d’y apporter des clarifications adéquates, ne serait-ce que pour le grand public bien souvent peu averti. Dans ce contexte, il ne faudrait pas confondre professeur agrégé de l’enseignement du second degré (qui appartient au corps des enseignants du secondaire, regroupant les professeurs certifiés et les professeurs agrégés; ces derniers étant par ailleurs titulaires d’une agrégation de l’enseignement secondaire leur permettant d’enseigner exclusivement dans le second cycle du secondaire et dans les classes préparatoires aux grandes écoles et peuvent aussi être titulaires d’un Doctorat d’université dans leurs disciplines respectives) et professeur d’universités (qui appartient au corps des enseignants-chercheurs, regroupant les maîtres de conférence et les Professeurs; ces derniers pouvant par ailleurs être également titulaire, dans les disciplines du droit, des sciences politiques et des sciences économiques, d’une agrégation de l’enseignement supérieur). L’organisation sociétale et les usages voudraient que le titre de Professeur (Prof. ou Pr.) soit exclusivement réservé à un universitaire dudit corps, aussi bien que le titre de Maître (Me) est exclusivement réservé à certaines professions juridiques (avocats, notaires, huissiers), celui de Son Altesse Royale (S.A.R) aux rois et reines, ou encore celui de Sa Sainteté (S.S.) au chef de l’Église Catholique. Rien ne nous y contraint, mais lorsqu’on doit le faire, il vaudrait mieux ne pas les utiliser improprement. Ainsi, il est davantage correct d’écrire “Monsieur le Professeur X” pour un Professeur des Universités (ou directement “Professeur X” ou “Prof./Pr. X”), et a contrario “Monsieur le professeur Y” pour un professeur certifié ou un professeur agrégé des lycées (ou encore tout simplement, “Monsieur Y”, l’agrégation des lycées ne conférant pas de titre de civilité autre que Monsieur/Madame).

Si néanmoins le professeur agrégé de l’enseignement secondaire est par ailleurs titulaire d’un doctorat d’université (diplôme et grade le plus élevé de l’enseignement supérieur), cela lui confère également le titre de civilité y afférent, à la fois en milieu universitaire et dans la société en général. Par contre, nul ne peut se prévaloir du titre de Docteur sans être titulaire d’un Doctorat (de médecine, de recherche, ou d’exercice pour certaines professions spécialisées), quel que soit le nombre d’années de formation supplémentaires en sus d’une maîtrise, d’un master, d’un diplôme d’ingénieur ou de tout autre diplôme de spécialisation et d’approfondissement. Quoi qu’il en soit, du professeur de l’enseignement primaire et maternelle au professeur de l’enseignement supérieur, tous sont des maillons importants de la formation et de l’éducation humaine, mais chacun à son échelle de compétence; l’on pourrait dire trivialement, chacun dans son couloir. En ce qui me concerne, mes plus tendres professeurs resteront à jamais ma maîtresse de la maternelle, Mme Adjara, et mon maître du primaire (à la SIL, Section d’Initiation à la Lecture), Monsieur Pierre, dont s’il est vrai que je ne me souviens quasi plus des séquences de leurs enseignements et encadrement hebdomadaires, je ne puis fort heureusement en dire autant de la tendresse de leur éducation et de la douceur de leurs visages en moi demeurées.