Fin du suspense à Dakar, le nom de la nouvelle chef de l’Organisation internationale de la Francophonie vient d’être dévoilé. Il s’agit de la Canadienne d’origine haïtienne Michaëlle Jean. Pour parvenir à la désignation de l’ancienne gouverneure du Canada, il a fallu beaucoup de négociations, de tractations, lors de ce XVe sommet de la Francophonie qui s’est ouvert samedi au Sénégal. Une rencontre aux multiples enjeux que RFI vous fait vivre de l’intérieur avec une plongée en temps réel dans les coulisses de ce sommet international.
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Michaëlle Jean succèdera à Abdou Diouf (c) à la tête de l’OIF le 1er janvier 2015. 

AFP PHOTO / SOW MOUSSA

Par Paulina Zidi

RFI – C’est la fin de ce XVe sommet de la Francophonie. Trois annonces sont à retenir de ces deux jours de discussions : la Canadienne Michaëlle Jean a été désignée à la tête de l’OIF après d’intenses tractations ; trois nouveaux membres (Mexique, Costa Rica et Kosovo) rejoignent la Francophonie en tant qu’observateurs ; le prochain rendez-vous aura lieu en 2016 à Madagascar.

Les lumières du Centre de conférence Abdou Diouf vont s’éteindre sur ce grand rendez-vous international que RFI vous a fait vivre de l’intérieur. Portraits et analyses sont à retrouver ces prochaines heures sur RFI.fr, mais aussi lors de la dernière émission spéciale consacrée à cet événement en direct de Dakar ce dimanche soir entre 18h40 et 19h00 TU.

Un Africain pour numéro 2
C’est une promesse de François Hollande, le président français : l’administrateur de l’OIF, c’est-à-dire le numéro deux de l’institution, sera un Africain.

Les premiers mots de Michaëlle Jean en français et en anglais
Le ton est donné après l’arrivée de la Canadienne Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie. Lors de la conférence de presse, sa première apparition publique depuis sa nomination, la future nouvelle chef de l’OIF a répondu à la question d’un journaliste canadien en français et en anglais. Ce qui a tout de même suscité quelques réactions étonnées de la part des journalistes et observateurs, et de l’embarras du côté des organisateurs qui n’avaient pas prévu de traducteur.

Le saviez-vous ? Sport vecteur de paix ?
La Francophonie, ce ne sont pas que des rencontres au sommet entre chefs d’Etat et de gouvernement, mais c’est parfois aussi du sport. Les Jeux de la francophonie sont organisés tous les quatre ans. Les sportifs des pays membres peuvent y participer, mais aussi les artistes. Eh oui, les Jeux de la francophonie font aussi la part belle aux arts, comme la chanson, la danse, la littérature ou encore la photographie. Les prochains Jeux auront lieu à Abidjan en Côte d’Ivoire en 2017.

80 pays dans la Francophonie
Le président sénégalais a annoncé lors de la conférence de presse finale que trois pays faisaient leur entrée dans l’organisation. Le Mexique, le Costa Rica et le Kosovo deviennent membres observateurs de l’OIF.

Madagascar en 2016
Le prochain Sommet de la Francophonie aura lieu à Madagascar. C’est sur la Grande Île que se retrouveront donc dans deux ans les dirigeants francophones. Madagascar avait le temps de la transition été suspendue de la Francophonie, avant d’être réintégrée au début de cette année.

Emotion après les adieux d’Abdou Diouf
Ce rendez-vous arrive à son terme. Le président sénégalais Macky Sall vient en effet de clore officiellement le XVe sommet de l’OIF. Avant cela, moment d’émotion dans la salle avec la diffusion en plénière d’un film rétrospectif sur Abdou Diouf à la tête de l’institution. Abdou Diouf qui quittera l’organisation au 31 décembre a fait ses adieux à ses pairs : « A tous, je dis au-revoir et merci », a-t-il déclaré avant que la salle ne lui fasse une ovation.

Entre joie et déception
Les commentaires sont nombreux dans la salle de presse du centre de conférence Abdou Diouf après la nomination de Michaëlle Jean. Pour ses partisans, c’est le fruit d’une bonne campagne et d’un projet solide. « C’est une femme jeune qui incarne une vision moderne de la Francophonie », estime une source proche de l’OIF. Pour certains journalistes africains, c’est au contraire un « séisme » que le continent perde ce poste capital. Enfin, un journaliste français fait remarquer le sourire aux lèvres que c’est étonnant d’élire à la tête de la l’institution « une ancienne représentante de la pire ennemie de la Francophonie, La reine d’Angleterre ».

La Francophonie a un nouveau chef
L’ancienne gouverneure du Canada Michaëlle Jean a été désignée pour prendre la tête de l’OIF par consensus. Il n’y a finalement pas eu de vote. La Canadienne d’origine haïtienne prendra donc les rênes de l’institution le 1er janvier 2015. Elle succède à Abdou Diouf, en poste depuis 12 ans.

Ils sont déjà partis
Plusieurs chefs d’Etat ont quitté ce sommet avant même son dénouement. Idriss Déby, le président tchadien, serait parti du Sénégal dès hier soir et ce dimanche après-midi, on apprend que l’Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, le Togolais Faure Gnassingbé et l’Ivoirien Alassane Ouattara auraient déjà quitté le centre de conférence.

En 2002, les urnes avaient été sorties
Lors du IXe sommet de l’OIF à Beyrouth, au Liban en 2002, il y avait déjà eu une impasse pour élire le nouveau secrétaire général de l’institution. « Les urnes avaient été sorties », se souvient Jean-Jacques Louarn qui avait vécu ce moment pour RFI, mais au dernier moment, le nom d’Abdou Diouf avait finalement emporté l’assentiment des dirigeants.

Aux urnes ?
Au centre de conférence de Dakar, il y a de l’agitation. Des urnes ont commencé à être installées en vue d’un scrutin éventuel entre dirigeants. Un vote pour élire un secrétaire général de l’OIF serait une première.

L’aboutissement de huit mois de travail
Le dernier jour du sommet de la Francophonie n’a pas comme unique objectif la succession d’Abdou Diouf. Il y aura aussi une déclaration finale publiée pour clore ce rendez-vous. Et même si sa rédaction évolue légèrement pendant les réunions lors du sommet, cette déclaration est le résultat de près de huit mois de travail. Chaque mot, chaque ponctuation a été l’objet de discussions et d’allers-retours entre les différentes délégations.

Le blocage
Les journalistes attendent dans la grande salle pour la conférence de presse finale, mais pour l’instant aucun officiel ne s’est encore présenté. « C’est le blocage », déclare une source proche des délégations. Le consensus tant attendu n’arrive pas à être trouvé sur le nom du remplaçant d’Abdou Diouf. Sur les cinq candidats, seul l’ancien ambassadeur de Guinée équatoriale Augustin Nze Nfumu se serait retiré de la course. Plus le temps passe, plus le vote semble être la seule option pour trouver un nouveau secrétaire général de la Francophonie. Selon des informations obtenues par RFI, le président français François Hollande serait actuellement en réunion avec ses homologues sénégalais, congolais, mauricien et burundais, Macky Sall, Denis Sassou-Nguesso, Kailash Purryag et Pierre Nkurunziza ainsi que Stephen Harper le Premier ministre canadien pour tenter de sortir de cette impasse.

Ebola s’invite dans le sommet
La lutte contre Ebola va être abordée dans la déclaration finale de ce XVe sommet. Et la crise sanitaire a été présente tout au long de la préparation, mais aussi du déroulé de ce rendez-vous avec des contrôles et de la prévention. Des contrôles à l’aéroport et à l’entrée du centre de conférence Abdou Diouf sont à signaler même si ce dimanche, les caméras thermiques postées la veille devant le complexe ont disparu. Pour la prévention, il y a eu dans Dakar et notamment au village de la francophonie, une campagne d’affichage pour sensibiliser les populations.

Rappel historique
L’Organisation internationale de la Francophonie telle que nous la connaissons aujourd’hui est assez récente, car sa création date de 1970. Elle a vu le jour à Niamey au Niger, s’est dotée d’un drapeau officiel à la fin des années 1980 qui se compose d’un cercle à cinq branches de cinq couleurs sur fond blanc. Un peu comme les anneaux olympiques, les cinq branches de la francophonie représentent les continents.

Le huis clos
Le huis clos parlons-en : c’est le club le plus privé de la Francophonie auquel uniquement les membres de plein droit sont invités à participer. Plusieurs configurations sont possibles : soit les membres autorisés restent dans la salle de la séance plénière qui est évacuée par le reste des dirigeants, soit les membres autorisés se retirent dans une autre salle. C’est le cas pour ce sommet de Dakar où les 54 dirigeants des pays membres de plein droit se sont retrouvés autour d’une table de 19 mètres de long.

Le Kosovo
Lors du huis clos, les chefs d’Etat et de gouvernement doivent aussi examiner les nouvelles demandes d’adhésion à l’OIF. Trois candidatures ont été présentées cette année : le Mexique, le Costa Rica et le Kosovo. Ce dernier pose le plus de problème car certains Etats participant à la Francophonie n’ont pas reconnu son indépendance et surtout la Serbie, membre observateur, est assez hostile à cette adhésion.

Le saviez-vous ? Pas tous francophones
La Francophonie regroupe les francophiles et non pas exclusivement les francophones. Par exemple, le Qatar est un membre associé alors qu’il n’y a qu’un peu plus d’1 % de francophones dans le pays. A l’inverse, l’Algérie ne participe pas du tout à la francophonie alors que sa population est quasiment à moitié francophone.

RFI dans la voiture présidentielle de François Hollande
Ce sommet, c’est 77 dirigeants et autant, voire plus, de chauffeurs de voitures officielles. Parmi eux, il y a Freddy, membre du club RFI, et le temps de ce rendez-vous international chauffeur du président français, François Hollande. « Il est très gentil et en plus il écoute RFI quand il est dans sa voiture. » En revanche, nous n’apprendrons aucune petite info sur le président, Freddy ne dira rien : « On n’écoute pas et on entend rien », nous prévient-il.

Un profil rare
« Un ex-président pour parler aux présidents », c’est ce qui se murmure dans les couloirs du sommet. Et personne ne semble avoir aujourd’hui un profil qui se démarque pour faire l’unanimité. Mais une candidature de dernière minute n’est pas à exclure. Des rumeurs ont évoqué les noms de l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë, de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Koffi Annan ou encore de l’ancien président libanais Michel Slieman.

« La guerre de succession »
La nuit n’a pas porté conseil aux chefs d’Etat et de gouvernement de l’OIF qui restent divisés quant au choix du successeur d’Abdou Diouf à la tête de l’institution internationale. A l’ouverture des travaux ce matin, il n’y a pas de consensus sur un candidat. Du côté de l’OIF, une source dit désormais s’attendre à tout : un sixième candidat sorti du chapeau, un vote pour départager ou encore un intérim. C’est une première dans l’histoire de l’organisation : les deux premiers secrétaires généraux avaient fait l’objet d’un plébiscite.