Par Jean-Claude DJEREKE

Autant les leaders ne sont rien sans le peuple (fonctionnaires, ouvriers, étudiants, militants, etc.) car les leaders tout seuls seraient incapables de bloquer les activités dans une ville ou dans un pays, autant le peuple a besoin de leaders pour le galvaniser et le guider d’une manière qui permette à tous d’atteindre l’objectif fixé. L’un (le peuple) ne va pas sans l’autre (les leaders). Il est donc faux de penser que seules la mobilisation et la détermination du peuple peuvent apporter ou provoquer un changement social ou politique dans un pays.

En Côte d’Ivoire, en 1990 et 1992, le peuple n’était pas seul dans la rue. Il avait à sa tête des leaders politiques (Laurent Gbagbo, Simone Ehivet, Boga Doudou et d’autres), syndicaux (Marcel Etté et d’autres), de la société civile (René Dégni Ségui et d’autres). Ces hommes et femmes n’étaient pas des leaders “choco”, avaient leur propre service d’ordre (Louis-André Dacoury-Tabley était en charge de la sécurité au FPI, si je ne m’abuse), ne battaient pas en retraite pour un oui ou un non. Bref, c’étaient des gens courageux, déterminés et prêts à souffrir pour les Ivoiriens.

Il en va de même au Burkina Faso. Là-bas, les 29, 30 et 31 octobre 2014, le peuple n’a pas fait la révolution tout seul. C’est avec divers leaders (les opposants Sankara Benwendé, Zéphirin Diabré, Ablassé Ouédraogo, les responsables du balai citoyen, Hervé Ouattara du Collectif anti-référendum) que le peuple burkinabè a réussi à chasser Blaise Compaoré. Comme les marcheurs ivoiriens du 18 février 1992, les leaders du Faso avaient témoigné alors de courage, de détermination et d’une extraordinaire capacité à prendre des coups pour leur peuple.

Ceux qui veulent justifier la honteuse reculade des leaders du FPI et du PDCI le 21 décembre 2019 devraient donc chercher d’autres arguments pour espérer nous convaincre. À moins d’être dans l’idolâtrie d’individus qui ne méritent guère le titre de leaders, à moins qu’ils ne soient matériellement pris en charge par ces derniers, à moins qu’ils n’attendent d’eux un petit poste demain, ils devraient reconnaître que le report du meeting conjoint fut une faute.