Les enquêtes ouvertes sur les crimes post-électoraux de 2010 se poursuivent à l’ouest de la Côte d’Ivoire, notamment dans la région du Cavally, depuis une quinzaine de jours. Selon des sources sur place, les enquêteurs de la Cellule spéciale d’enquête sur les crimes de la crise post-électorale devenue aujourd’hui cellule spéciale d’enquête et d’instruction (Csei) vont de découvertes en découvertes dont certaines surprennent par leur caractère insolite. D’importantes sommes d’argent découvertes sur des squelettes dans des fosses communes. Etrange, voire extraordinaire… Ces enquêteurs ont procédé à des exhumations collectives des corps des personnes tuées lors de la crise post-électorale, en présence des autorités judiciaires et médicales. Notre source rapporte que « d’importantes sommes d’argent » ont été retrouvées sur certains corps. « Dans un village de Bloléquin, les enquêteurs ont retrouvé, dans les poches d’un homme, la somme de 220.000 Fcfa », puis, sur cinq autres « entre 150.000 Fcfa et 185.000 FCfa ». Sur d’autres corps, des sommes plus ou moins importantes ont été récupérées. Les enquêteurs ont aussi récupérés, en vue des expertises médicales, des bijoux en or, des alliances etc. Sont-ce des corps des mercenaires ? L’enquête situera… Mme Konan, juge, le professeur Etté, médecin légiste et ses deux assistants, conduisent ses enquêtes. Motus et bouche cousue sur les nombres des corps exhumés dans les départements de Toulépleu et de Bloléquin. Dans des fosses communes, ce sont, selon nos sources, des dizaines de crânes humains et des squelettes qui ont été extraits. Ces ossements ont été transférés à l’hôpital général de Guiglo où des expertises médico-légales et des autopsies, en vue de l’identification des victimes et de la détermination des causes de leur mort, devraient être pratiquées. Plusieurs villages qui abriteraient d’immenses fosses communes n’auraient pas encore, selon nos sources, été visités par les enquêteurs. Mais, des témoins, sans être précis, avancent « plus d’une centaine de corps déjà exhumés » dans ces deux départements. Monseigneur Ahouana, président de la Commission Nationale pour la Réconciliation et l’indemnisation des Victimes (Conariv), a effectué une visite dans la région la semaine dernière au cours de laquelle, il a instamment invité les populations à la paix, mais aussi à se faire recenser en vue de leur indemnisation. L’ouest de la Côte d’Ivoire et en particulier la région du Cavally, qui constituait une forteresse politique pour l’ex-président Laurent Gbagbo, avait été dévastée par des mois de violences sanglantes, tant en 2002 qu’en 2010. La crise post-électorale aurait fait, à l’échelle de la nation, un peu plus de 3.000 morts. Cette région a payé un lourd tribut à ces deux crises militaro-politiques.
Armand B. DEPEYLA
Source : Soirinfo 6237 du mercredi 22 juillet 2015