DOZO

Dimanche 14 juin 2015, après 19 h, alors que les populations de plusieurs localités de la Côte d’Ivoire cherchaient un moyen pour s’éclairer pendant la coupure générale d’électricité, des Dozos organisaient une danse traditionnelle au quartier Zone de Bouaké. Sans tenir compte de la situation précaire que traverse le pays, ils se sont mis à tirer, dans le noir, des coups de feu en l’air comme à leur habitude. Cette situation a, évidemment, effrayé plus d’un habitant dudit quartier et ses environs. Certains, selon nos sources, ont même préféré se terrer chez eux jusqu’au petit matin. Joint par téléphone, lundi 15 juin 2015, Barro Bassory dit Chocho, Directeur de la société de sécurité Sbb (Sécurité Barro Bassory, société située dans ledit quartier), a raconté les faits. « Quand j’ai entendu les coups de feu, je me suis rendu personnellement sur les lieux pour voir ce qui se passait. J’ai été surpris de voir des dozos qui dansaient. Je leur ai expliqué que ce n’était pas du tout bien ce qu’ils faisaient. Vu que la stabilité du pays n’est pas encore totale, ils ne devraient pas tirer de la sorte surtout qu’il n’y avait pas d’électricité. Cela pouvait créer une psychose au sein de la population. Ils n’ont pas voulu entendre raison. Je me suis rendu à la Police, au commissariat du 3ème arrondissement pour exposer les faits. Je crois que la police a fait son travail », a expliqué Chocho. « Il faut qu’ils comprennent qu’ils ne peuvent plus se permettre certaines choses sans autorisation de l’autorité au préalable. C’est pour tous ces faits que l’on m’a aussi confié la sécurité du marché de gros. Ce qu’ils ont fait n’est pas bien du tout », a-t-il condamné. Joint également par téléphone, le capitaine de Police, Adou Gnapi, dont la compé- tence s’étend sur cette zone, a rassuré les populations. « Ils (les dozos, Ndlr) ont perdu l’un des leurs. C’est pourquoi, ils ont organisé cette céré- monie en sa mémoire. Malheureusement, cela a coïncidé avec la coupure d’électricité dans plusieurs localités du pays, Bouaké y compris. A la vérité, il n’y avait pas grand-chose à redouter. Nous avons vite fait de rétablir l’ordre », a rassuré le capitaine Adou Gnapi. Si le capitaine de Police rassure par ses propos, Minata Ouattara, ménagère dans le quartier, avoue qu’elle a eu une peur bleue. « Dans le noir, quand on a entendu les coups de feu, j’avoue que j’ai eu vraiment peur. Cela m’a rappelé une certaine époque. Je ne veux plus vivre ça. De grâce, que les Dozos arrêtent de nous effrayer. Vous vous rendez compte, n’eut été l’intervention de la police, je parie que ces tirs allaient continuer jusqu’au petit matin. Nous sommes fatigués et ne voulons plus entendre de coups de feu », a-t-elle dit. Si pour les habitants de la zone et ses environs, il y a eu quelques moments de frayeur, il est bon de noter que les habitants des quartiers éloignés tels que Belle ville, Air France 1, 2 et 3, Ahougnassou, N’Gattakro, Houphouëville… n’ont point été ébranlés par ces coups de feu, vu qu’elles n’ont rien entendu.

Ladji Abou SANOGO (Correspondant régional)

Source : Soir Info 6209 du mardi 16 juin 2015