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L’ancien directeur général de l’Insaac, auteur d’un livre à charge contre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, répond au ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandama. M. Bandama s’expliquant sur le limogeage de Tiburce Koffi a paraphrasé, dans une récente tribune, l’ancien ministre français Jean-Pierre Chevènement : «un haut fonctionnaire, ça ferme sa gueule ou ça dégage». 

1 – Chevènement a dit exactement ceci : “Un ministre, ça ferme la gueule ou ça démissionne”. Je ne suis pas ministre. Et comme lui-même, Bandaman parle un peu trop en ce moment – et d’une affaire qui, dans le fond, ne concerne qu’Henri Konan Bédié et moi-, il ferait mieux de la fermer ou de… démissionner;

2 – Au sein de ce même gouvernement, Jean-Louis Billon s’est ouvertement opposé à une décision du Conseil des ministres, relative à l’attribution de l’exploitation du Port d’Abidjan à Bolloré. Pourquoi Bandaman n’a-t-il pas dit à Billon de ”la fermer ou de démissionner” ?

3 – Les seigneurs de guerre de la rébellion, ses amis donc, ont siégé pendant 8 ans au sein des gouvernements successifs, sous Laurent Gbagbo. Ils ont passé tout leur temps à contester le régime de Laurent Gbagbo et à l’empêcher de travailler. Pourquoi Bandaman, qui sait comment on doit “la fermer ou démissionner” quand on est un haut fonctionnaire, n’a-t-il pas demandé à ses camarades ministres de la rébellion de ”la fermer ou de démissionner” ?

4 – En 1999, j’ai reçu les vives félicitations de Bandaman, ainsi que de nombre de militants et hauts responsables du Rdr et du Fpi, suite à la publication de ma “Lettre ouverte à Henri Konan Bédié” dans laquelle j’avais (vraiment) flagellé le régime, sans concession aucune. En ce temps-là, j’étais Directeur régional de la Culture-Sud (Abidjan et ses régions), et le ministre de la Culture s’appelait pourtant Bernard Zadi Zaourou, mon Maître, notre Maître. Pourquoi Maurice Bandman, qui savait très bien qu’un haut fonctionnaire (et j’en étais un – puisque je fus aussi membre du cabinet ministériel de Bernard Zadi) ne m’a-t-il dit que j’aurais dû ”la fermer ou démissionner” ?

5 – Bandaman a publié, sous le régime de Laurent Gbagbo, un livre au titre vraiment antirépublicain ; “Chronique d’une guerre annoncée”. Il y prédisait la guerre en Côte d’Ivoire ; il l’appelait d’ailleurs, cette guerre que sa plume de militant enragé du Rdr brandissait. Ne savait-il pas qu’un haut fonctionnaire comme lui, qui occupa un poste de responsabilité au ministère de la Culture, devait ”la fermer ou démissionner”?

6 – En 2004, quand je menais guerre dure contre le régime de Laurent Gbagbo (alors que je travaillais au Palais présidentiel comme Conseiller technique du PR), Bandaman, fier de compter au nombre de mes amis (parce que j’étais devenu le héros de l’opposition pour le courage que j’affichais en contestant Laurent Gbagbo) me présenta à Cissé Bacongo, à l’Hôtel Tiama. Ils m’encouragèrent pour les articles que j’écrivais alors contre Laurent Gbagbo. Pourquoi mon ami Bandaman, qui savait très bien que je devais me taire, ne m’a-t-il dit de ne plus écrire de tels textes contre les refondateurs ?

7 – Je pourrais vous citer des cas comme ça, à n’en plus finir. Enfin, je répondrai sous peu à Monsieur Maurice Bandaman, quand je n’aurais plus grand-chose à faire. Ce sera une réponse à la fois politique et intellectuelle dans le ton et le style qu’il me connait. Pour le moment, je suis entrain de jouir des sons de la nouvelle guitare que mes enfants viennent de m’offrir : une Epiphone acoustique aux sons cristallins à faire le plaisir de Dez Gad-ma-guitare brisée. Je viens de découvrir Condouant, un superbe guitariste de jazz qu’il me faut ”bosser” d’abord. Après cela, seulement après cela, je m’occuperai de Maurice Bandaman. Que les Ivoiriens s’apprêtent à suivre un débat passionnant entre deux hommes de Lettres formés presque à la même école !!!

Tiburce KOFFI

N.B. : Les titres et le chapeau sont de la Rédaction

Source : L’inter N°4981 du Samedi 17 au 18 Jan. 2015