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Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters | L’archipel de Vanuatu a perdu des années de développement économique, a déploré lundi 16 mars Baldwin Lonsdale, le président de cet archipel du Pacifique sud, dévasté par le passage du cyclone tropical Pam dans la nuit de vendredi 13 à samedi 14 mars. Pour M. Lonsdale, qui qualifie Pam de « monstre », les destructions sont telles que le pays va devoir « recommencer à zéro ».

« Dans l’immédiat, il nous faut un soutien humanitaire ; à plus long terme nous avons besoin d’une aide financière et d’assistance pour commencer à reconstruire nos infrastructures. Nous avons tout à reconstruire », a déclaré le dirigeant, sur le point de quitter Sendai, dans le nord-est du Japon, où il participait à une conférence des Nations unies sur la prévention des catastrophes naturelles.

Les dégâts matériels sont considérables. Il est encore difficile d’avoir une idée précise du nombre de victimes : la présidence n’a pu confirmer que la mort de six personnes dans la capitale, Port-Vila ; l’Organisation des Nations unies (ONU) a pour sa part évoqué, lundi, la mort probable d’au moins 24 personnes.

La France a dépêché dimanche un avion militaire chargé de matériel de secours et une équipe d’évaluation, première action d’une opération de secours plus vaste, qui pourrait être complétée dans la semaine par l’envoi de la frégate française Vendémiaire, basée à Nouméa, avec un hélicoptère et d’autres rotations aériennes.

L’avion acheminera des bâches pour abriter une centaine de familles, et du matériel pour ouvrir des itinéraires, comme des tronçonneuses. L’envoi comprend aussi une unité satellitaire, une unité de soutien logistique, ainsi qu’un officier et six secouristes issus de deux associations polynésiennes de sécurité civile.

Ce déploiement d’aide se fait dans le cadre des accords Franz (FR pour France, A pour Australie et NZ pour Nouvelle-Zélande), signés en 1992, permettant de venir rapidement en aide aux pays du Pacifique victimes de catastrophes naturelles. Les trois pays mettent alors en commun leurs moyens civils et militaires.

L’une des « pires catastrophes »

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Les autorités peinaient toujours lundi à établir le contact avec les îles reculées de l’archipel, où elles craignent que tout ait été dévasté. Les 29 000 habitants de l’île de Tanna, à environ 200 kilomètres au sud de la capitale, Port-Vila, ont notamment subi de plein fouet le passage de Pam.

Les opérations de nettoyage ont en revanche déjà débuté dans la capitale, où au moins trois quarts des habitations ont été détruites ou gravement endommagées, alors que l’ouragan a soulevé des vagues de 8 mètres, selon certains témoins. « Les choses s’améliorent à Port-Vila, les gens retournent sur les marchés et s’attaquent au nettoyage, mais l’élément important, c’est que nous n’avons toujours aucun contact avec les autres provinces », a dit Tom Perry, de la branche australienne de l’ONG Care.

Des vents jusqu’à 320 km/h ont été enregistrés dans l’archipel, où l’état d’urgence a été décrété dimanche. « Cela sera vraisemblablement l’une des pires catastrophes jamais vues dans le Pacifique », ont souligné plusieurs organisations, dont le directeur d’Oxfam pour l’archipel de Vanuatu.

Le changement climatique montré du doigt

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Selon Baldwin Lonsdale, le changement climatique a « contribué » à la puissance dévastatrice du cyclone Pam. L’archipel figure en effet en première position d’un indice mondial d’exposition humaine face au risque de changement climatique établi par l’ONU.

Sur ce point, James Michel, le président des Seychelles a exprimé lundi sa solidarité. « Le cyclone qui vient de frapper le Vanuatu — petit Etat insulaire frère — avec des conséquences catastrophiques et des pertes tragiques en vies humaines, est une manifestation claire du changement climatique, que certains continuent de nier, a estimé M. Michel dans un communiqué. Aujourd’hui c’est le Pacifique Sud, demain ce pourrait être nous. »

Le président a par ailleurs salué la réponse rapide de la communauté internationale, après l’appel lancé samedi à la tribune de la conférence de l’ONU sur la prévention des catastrophes naturelles, devant les représentants de 190 pays. IL a souligné combien il était « miraculeux » qu’il ait été présent à Sendai quand le drame est survenu, car il a eu ainsi l’occasion de s’adresser au monde, d’accéder aux médias et aux donateurs.

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) estime qu’environ la moitié des 260 000 habitants de l’archipel a souffert du passage du cyclone, de même que des milliers d’autres à Tuvalu, Kiribati et sur les îles Salomon.