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C’est à une véritable passe d’armes qu’a donné lieu, vendredi dernier, la rencontre du Comité de contrôle conduit par Hubert Oulaï avec la direction du Front populaire ivoirien (FPI). Cette énième rencontre qui s’est terminée en queue de poisson a été visiblement une véritable foire d’injures et de grands déballages pour humilier des adversaires-ennemis de la même famille politique. A cette rencontre, à en croire une source proche de la direction du FPI, la bataille idéologique a fait place aux coups bas, traduisant la laideur du malaise et de la fracture politique, face visible de l’iceberg de la haine tribale qui ronge le parti fondé par le natif de Mama. Cette réunion, on peut donc le dire, a été un cadre pour les détracteurs de l’actuel président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, de lui dire à haute voix ce qui se murmurait, c’est-à-dire ses origines burkinabé. En réplique, à en croire toujours la même source, le camp Affi a rendu public la lettre secrète écrite par Sangaré Abou Dramane, ex-inspecteur général d’Etat, aux autorités ivoiriennes pour rétablir sa rente viagère. A la guerre comme à la guerre. Plus de retenus, tous les arguments sont bons pour combattre le clan d’en face. La crise qui déchire le pseudo parti socialiste ivoirien a atteint, on le peut dire, son paroxysme. Une foire d’injures et de grands déballages pour humilier l’adversaire. La culture de la haine et le tribalisme qui caractérisent le fonctionnement du parti frontiste a repris de fort belle manière. Aujourd’hui les anti-Affi trouvent des origines burkinabé à l’ancien maire de Bongouanou.

Le malaise qui a conduit à la démission, en juillet 2011, de Mamadou Koulibaly, alors président intérimaire du parti socialiste ivoirien, a repris du poil de la bête à l’occasion de la ligne de fracture ouverte, opposant deux visions au sein du parti frontiste: d’un côté la tendance «Gbagbo et nous» qui se dit pragmatique et réaliste conduite par PascalAffi N’Guessan. Et de l’autre, celle baptisée «Gbagbo ou rien» qui dit incarner la résistance. Elle s’aligne derrière Sangaré Abou Drahamane, premier vice-président chargé de la Stratégie et de la Politique générale du parti et appelé aussi «le gardien du temple». Ces deux tendances, faut-il le rappeler, sont opposées sur l’attitude à observer face au pouvoir : faire allégeance ou défier le pouvoir. Les premiers ont opté pour le dialogue avec le pouvoir Ouattara, sans préalable, selon le slogan cher à Laurent Gbagbo: «Asseyons-nous et discutons». Leurs adversaires les accusent de traîtrise et les affublent du titre de collabo. Ceux qui se présentent comme les souverainistes, se recrutent dans le cercle des invétérés caudataires formant le groupe BAD): bété Akyé, Dida. Qui pensent même détenir le titre foncier du FPI. Ils ont visiblement du mal à accepter qu’en l’absence de Laurent Gbagbo, le FPI soit dans les mains d’un Akan, le fils d’Ettien Affi. La tête de file de cette mouvance, conduite par Moïse Lida Kouassi, 7è vice-président chargé des Recherches et de la Veille stratégique, et Assoa Adou, ex-président de la Coordination du FPI rentré d’exil le 24 novembre 2014, sont aujourd!hui aux arrêts car impliqués dans des actes de déstabilisation du pays.

MOUSSA KEITA

In Le Patriote, lundi 26 janvier 2015