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Quelles sont réellement les intentions et le rôle de Guillaume Soro dans la crise qui secoue le FPI? Ceux qui doutaient de l’intérêt du prince sanguinaire de la rébellion criminelle à voir ce parti divisé et affaibli, viennent d’être bien situés. Voulant répondre aux récentes accusations du président Affi, Guillaume SORO s’est pratiquement lâché pour dire ceci: « (…) quel crédit accorder à Affi qui a signé les accords de Marcoussis et qui est venu se laisser giffler à Abidjan par une femme? (..) Aujourd’hui, ce même pleurniche qu’une Femme (Nady Bamba, ndlr) veut lui arracher le Parti. Regardez-moi ça! ». Très curieusement, voilà les frondeurs qui applaudissent ces propos de l’un de ceux qui ont ébranlé la République, fait arrêter, torturer et envoyer Laurent Gbagbo à la CPI. A la recherche de soutiens pour continuer leur défiance interne contre Affi, les contestataires sont donc prêts à se jeter dans les bras du Diable. Mais quelle crédibilité peut-on accorder à un jeune étudiant comme Soro sorti sans diplôme de l’Université et qui a choisi de gravir l’échelle sociale au moyen du crime et de la violence?

Le problème n’est cependant pas où veut le situer l’ex-chef rebelle. Que Soro s’inspire donc des histoires à dormir debout que les frondeurs ont construites autour de l’épisode de Marcoussis et de Kléber, le président Affi, qu’il ait effectivement signé, sait pourquoi il l’aura fait. Soro sait parfaitement l’ambiance infernale qui a prévalu à ces rencontres de Paris et qui a permis à la rébellion et à la France d’imposer leur volonté à la Côte D’Ivoire. Toute stratégie était donc bonne pour sortir de ce piège et regagner Abidjan afin d’aviser. Certains participants à ces rencontres ont même encore en mémoire comment Dominique de Villepin avait gravement insulté et humilié Laurent Gbagbo, menaçant de le faire arrêter et de le retenir en France s’il ne cédait pas. D’ailleurs, est-il réellement possible que Affi signe sans que Gbagbo lui dise de le faire? Il n’y a non plus aucune honte à signer ceci ou cela pour préserver l’honneur et la dignité de Laurent Gbagbo, même si en retour l’on doit s’attendre à des réactions de courroux de la part de certains extrémistes.

Parlant ensuite de Nady Bamba, Guillaume Soro dévoile clairement les intentions de celle-ci qui sont de s’emparer du FPI. On comprend donc pourquoi ses journaux, particulièrement Le Temps et LG Infos soutiennent et pilotent la fronde. Nady Bamba et les frondeurs mènent en réalité le même combat, évincer Affi de la tête du FPI. Cependant, si au niveau des frondeurs les choses semblent encore confuses et que le consensus reste toujours loin d’être trouvé autour d’un leader déterminé, au niveau de Nady les choses restent très claires car le deal entre elle et Soro est désormais évident.

Le souhait de Guillaume Soro est de voir Nady Bamba à la tête du FPI ou en principale inspiratrice des actions dans l’espoir de bénéficier de son soutien dans sa guerre de positionnement au RDR face à Hamed Bakayoko. Les 46% de voix attribuées à Laurent Gbagbo aux élections présidentielles de 2010 éveillent en effet toutes les convoitises. Soro est conscient qu’avec les candidatures multiples du PDCI, les choses s’annoncent très difficiles pour Ouattara aux prochaines élections. Il pense donc qu’avec une responsable souple et facile à influencer ou à corrompre comme Nady Bamba, il pourrait attirer les voix des frontistes vers son mentor et le faire gagner, se disant que s’il le réussit, il prendrait une bonne longueur d’avance sur son rival Hamed Bakayoko dans la course à la succession de Alassane Ouattara. Nous voyons donc pourquoi le président Affi doit être soutenu car dans cette mare aux crocodiles, il reste le seul qui défend un FPI véritablement libre, autonome et conscient de ses devoirs.

Océane Yacé, Politologue, Monte-Carlo, Monaco